Mohamed Fitouri

L’ancien ministre tunisien des Affaires étrangères est décédé le 10 avril 2006.

Publié le 18 avril 2006 Lecture : 2 minutes.

Treize années de dialyses éprouvantes ont fini par avoir raison de sa résistance. Mohamed Fitouri, ancien ministre tunisien des Affaires étrangères, est décédé, le 10 avril 2006, des conséquences d’un diabète. Il était âgé de 81 ans.

Depuis qu’il avait quitté la scène politique, en avril 1980, Fitouri était revenu à ses premières amours : le barreau de Tunis. Il était avocat depuis le début des années 1960. D’abord stagiaire dans le cabinet de Me Tahar Lakhdar, ses compétences en avaient fait un véritable ténor, et il était membre du Conseil de l’ordre.
La politique l’a happé presque par hasard. En septembre 1969, son vieil ami, feu Hédi Nouira, devient Premier ministre après la chute du ministre de la Planification et des Finances, Ahmed Ben Salah, et la fin de la doctrine socialiste en Tunisie. Nouira impose Fitouri au président Habib Bourguiba comme candidat du Parti socialiste destourien (PSD) à la Chambre des députés, avant de le nommer ministre de la Justice dans son premier gouvernement, en novembre 1970. Aux côtés de Mohamed Ghenima, Mustapha Zaânouni et Abderrazak Rassâa, il est l’un des « jeunes Turcs » qui entourent le Premier ministre pour faire oublier aux Tunisiens les désillusions du « socialisme destourien ». Quand il passe au ministère des Finances, c’est avec la mission de gérer au mieux les deniers de l’État, selon les nouvelles normes du libéralisme économique. Le climat lui viendra fort opportunément en aide en se faisant très pluvieux au début des années 1970.
Francophone, chic et fin plaisantin, Fitouri noue d’excellentes relations avec les grands argentiers du Golfe, notamment Al Hamad du Koweït et Aba Al Khaïl d’Arabie saoudite, ce qui facilite grandement les investissements arabes dans les secteurs bancaire et touristique en Tunisie.
Tout semble parfaitement fonctionner, jusqu’à la surprenante démission collective, en 1978, de cinq ministres, dont celui des Affaires étrangères, Habib Chatti. Nouira remplace ce dernier par Fitouri. Un avocat à la tête de la diplomatie tunisienne, cela semble, de prime abord, très incongru. Mais le nouveau titulaire ne tarde pas à faire ses preuves, notamment avec le transfert provisoire du siège de la Ligue arabe du Caire à Tunis et la nomination d’un Tunisien, Chedli Klibi, au poste de secrétaire général. Une grande victoire diplomatique, au point que les nostalgiques parlent aujourd’hui d’âge d’or de la Tunisie. Bien que peu féru de voyages, Mohamed Fitouri va de New York à Paris et de Rabat à Libreville, sautant d’un avion à l’autre pour faire entendre la voix de son pays et la sagesse du « Combattant suprême ».

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Tout va pour le mieux jusqu’à l’accident vasculaire cérébral qui frappe Hédi Nouira au début de 1980, le clouant au lit pour toujours. Ainsi s’achève, en même temps, la carrière politique de Fitouri, ce fils de Kairouan, mélomane à ses heures, ami des artistes et fan de l’Étoile sportive du Sahel, l’un des grands clubs du football tunisien. Il consacrera le reste de sa vie à ses enfants, deux filles et un garçon, à son cabinet d’avocat et à sa ferme verdoyante de Bir Drassen, près du Cap Bon.

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