Aurélien Mali : « Le Botswana a pris des décisions courageuses »

Selon Aurélien Mali, analyste chez Moody’s, le Mozambique, pays producteur de diamants, a su se tirer habilement de la crise financière de 2008. Un exemple à suivre.

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Publié le 28 mai 2014 Lecture : 2 minutes.

Avec un excédent budgétaire de 0,2 % en 2012 et 2013, le Botswana fait partie des exemples vertueux du continent. En 2009 pourtant, le pays d’Afrique australe producteur de diamants plongeait dans la récession et affichait un solde des comptes publics largement négatif, à – 13,7 % du PIB. Blocage des salaires, relance économique : Gaborone a su manier les meilleurs instruments pour revenir en force.

Propos recueillis par Frédéric Maury

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Jeune afrique : En matière de gestion budgétaire, le Botswana a-t-il toujours été un cas un peu à part ?

Aurélien Mali : Le Botswana a fait passer son PIB par habitant de 600 dollars à 15 000 dollars [10 900 euros] depuis l’indépendance. Il y est parvenu grâce à une croissance forte, mais aussi en menant des politiques prudentes et de long terme. Grâce à ses excédents budgétaires réguliers, il a mis de l’argent de côté chaque année, au point de disposer avant la crise de 2008 de réserves de 70 milliards de pulas [6,4 milliards d’euros] équivalant à 90 % de son PIB. Sa dette ne représentait alors que 5 % de la richesse nationale.

En 2008 et pendant trois ans, le pays bat pourtant tous les records de déficit budgétaire. Est-ce étonnant pour un pays prudent ?

Le Botswana a connu en 2008 le pire marasme qui soit. Dans la foulée de la crise financière internationale, les prix des biens de luxe, dont les diamants, ont chuté, et le commerce international s’est quasiment arrêté.

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Les diamants représentant 60 % des exportations et 40 % du budget, des mines ont fermé et le PIB s’est contracté de 23 % au premier trimestre. Le solde budgétaire a plongé dans le rouge. Mais grâce aux excédents accumulés, ils ont pu s’en tirer.

Comment ?

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Le Botswana s’est engagé à ramener les dépenses publiques de 50 % du PIB à 30 % en cinq ans, puis à 25 % entre 2016 et 2021. Il est parvenu à freiner les demandes sociales en limitant à 3 % la hausse des salaires des fonctionnaires, qui demandaient 20 %.

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Dans le même temps, les autorités ont efficacement stimulé l’économie. Elles ont refusé de geler les grands travaux d’infrastructures en cours et ont lancé le projet Cut 8, représentant 3,5 milliards de dollars d’investissements, pour allonger la durée de vie de l’exploitation des diamants jusqu’en 2030.

Au même moment, l’État a renégocié le contrat avec De Beers, obtenant début 2011 la relocalisation de l’activité négoce et taille de Londres à Gaborone.

Peu de pays auraient résisté à un tel choc…

En effet, et le Botswana l’a fait sans céder d’actifs, sans emprunter massivement. Depuis mars 2012, les comptes publics sont à nouveau en excédent léger, ce qui va permettre d’investir dans la diversification économique. Et la croissance est repartie. Le pays a subi un choc très important mais il a pris des décisions courageuses sur tous les plans : dépenses, recettes et investissements d’avenir.

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