Washington accusée de bloquer (encore) la nomination d’un émissaire de l’ONU en Libye

Paris et Berlin s’agacent de lenteurs dans la désignation d’une diplomate ghanéenne, Hanna Serwaa Tetteh, pour remplacer Ghassan Salamé au poste d’envoyé spécial des Nations-Unies pour la Libye. Et pointent du doigt les États-Unis, sans les nommer.

Hanna Serwaa Tetteh, ex-ministre des Affaires étrangères du Ghana et diplomate, au siège de l’ONU le 20 avril 2016. © Bebeto Matthews/AP Photo/SIPA

Hanna Serwaa Tetteh, ex-ministre des Affaires étrangères du Ghana et diplomate, au siège de l’ONU le 20 avril 2016. © Bebeto Matthews/AP Photo/SIPA

Publié le 2 juin 2020 Lecture : 2 minutes.

Le poste est vacant depuis le 2 mars et la démission, officiellement pour « raisons de santé », du Libanais Ghassan Salamé de son poste d’émissaire des Nations-Unies pour la Libye. Pour le remplacer, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait jeté son dévolu sur Ramtane Lamamra, l’ancien ministre algérien des Affaires étrangères. Las : Washington avait mis son veto à sa nomination, sans en expliciter le motif.

Depuis, selon des diplomates, Antonio Guterres a soumis un autre nom au Conseil de sécurité de l’ONU, celui de l’ex-ministre ghanéenne, Hanna Serwaa Tetteh, 53 ans, qui est depuis 2018 représentante des Nations unies auprès de l’Union africaine. Son profil ne convainc pas davantage côté américain. Résultat, le dossier est à l’arrêt. De quoi agacer la France et l’Allemagne, qui ont dénoncé de concert, ce lundi 2 juin, les États-Unis, sans les nommer.

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Cessez-le-feu

« Nous n’avons fait aucun progrès », a indiqué l’ambassadeur français à l’ONU, Nicolas de Rivière, lors d’une visioconférence de presse conjointe avec son homologue allemand. « Le premier (nom) a été rejeté et il n’y a toujours pas d’accord sur le second. C’est vraiment douloureux », alors qu’il y a « urgence maintenant » avec une « situation en Libye très mauvaise. »

Depuis 2015, deux autorités rivales se disputent le pouvoir sur le terrain : le Gouvernement d’union nationale (GNA), reconnu par l’ONU et basé à Tripoli, et un pouvoir incarné par le maréchal Khalifa Haftar dans l’Est. Depuis avril 2019, ce dernier a mis dans l’impasse toute tentative de règlement politique en voulant s’emparer militairement de Tripoli.

Ceux qui bloquent un accord sur la proposition du secrétaire général portent une très lourde responsabilité

Alors que son offensive s’est enlisée, l’Armée nationale libyenne (ANL) a accepté lundi 2 juin de reprendre les négociations avec le GNA en vue d’un cessez-le-feu. Sur le terrain, les soutiens internationaux de chaque camp se tiennent prêt à intervenir plus directement encore dans le conflit.

« C’est vraiment dommage qu’à ce stade la nomination d’un successeur à Ghassan Salamé soit bloquée », a regretté de son côté Christoph Heusgen, ambassadeur allemand à l’ONU. En Libye, « il n’y a pas de solution militaire, il ne peut y avoir qu’une solution politique. En bloquant un accord sur la proposition du secrétaire général, ceux qui en sont les auteurs portent une très lourde responsabilité », a dénoncé Heusgen.

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Scinder le poste

Selon un diplomate s’exprimant sous couvert d’anonymat, « les États-Unis ont conditionné une nomination » de Hanna Serwaa Tetteh à « une proposition de scinder en deux » la fonction d’émissaire, avec à la place un médiateur politique et un chef de mission — dualité qui existe depuis longtemps pour Chypre et le Sahara occidental.

La même source diplomatique assure à l’AFP que « tout le monde est d’accord » pour que l’ex-ministre ghanéenne assume les deux rôles. Aucun commentaire n’a pu être obtenu dans l’immédiat auprès de la mission diplomatique américaine aux Nations unies.

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Le rôle d’émissaire en Libye n’est pas le seul poste non pourvu à ce jour. Dans le dossier du Sahara, l’ONU s’est avérée incapable depuis plus d’un an de trouver un successeur à l’ancien président allemand Horst Kohler, qui a démissionné le 23 mai 2019.

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