Mort de George Floyd : quand l’Afrique fait entendre sa voix

Depuis le décès de l’Afro-Américain George Floyd, le 25 mai, les manifestations contre le racisme et les violences policières se multiplient dans le monde. En Afrique, de nombreuses personnalités expriment leur solidarité et leur colère.

Manifestation « Black Lives Matter » devant l’ambassade américaine à Pretoria, le 5 juin 2020. © Kim Ludbrook/EPA/MAXP

Manifestation « Black Lives Matter » devant l’ambassade américaine à Pretoria, le 5 juin 2020. © Kim Ludbrook/EPA/MAXP

Publié le 6 juin 2020 Lecture : 5 minutes.

Le décès de George Floyd a suscité une vague d’indignation aux États-Unis. Depuis plus d’une semaine, le pays est le théâtre de manifestations et d’émeutes où est scandé le slogan « I can’t breathe » (« Je ne peux pas respirer »). Une phrase prononcée par cet Afro-Américain de 46 ans dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, où l’on assiste à l’effroyable scène de ses derniers instants. Plaqué au sol par un policier blanc qui appuie son genou sur son cou, il est empêché de respirer.

La vague de protestation s’est exportée outre-Atlantique, et nombreuses sont les personnalités politiques et les célébrités à apporter leur soutien et à exprimer leur indignation face aux violences subies par les Afro-Américains.

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Alors qu’en 2017 la diaspora africaine représentait ‎45 millions de personnes aux États-Unis, les réactions se sont aussi multipliées sur le continent. Sportifs, ambassadeurs, présidents… Ils ont été nombreux à apporter leur soutien aux manifestants et à s’exprimer sur le sujet.

Hommage et colère des politiques

L’un des premiers à avoir réagi au décès de George Floyd est Moussa Faki Mahamat. Dans un communiqué publié à la fin de la semaine dernière, le président de la Commission de l’Union africaine (UA) s’est exprimé au nom de l’organisation, condamnant avec fermeté la bavure policière et présentant « ses condoléances à sa famille et à ses proches ».

Dans ce texte, l’ancien Premier ministre tchadien fait référence à la toute première conférence de l’Organisation de l’Unité africaine, en juillet 1964, au Caire, à laquelle avait participé en tant qu’observateur le leader emblématique de la lutte pour les droits des Afro-Américains, Malcolm X.

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Au Sénégal, l’ancienne ministre de la Justice, Aminata Touré, s’est exprimée sur sa page Facebook. « Nous sommes solidaires de nos frères afro-américains qui se battent encore et toujours pour l’égalité des droits et le respect de leur dignité aux États-Unis », a t-elle écrit.

https://www.facebook.com/aminatatouremimi/posts/3218754284835048

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Le Forum des anciens chefs d’État et de gouvernement africains a, par le biais de son vice-président, l’ex-chef de l’État béninois Nicéphore Soglo, appelé les pays africains à « protester vigoureusement » contre le meurtre de George Floyd et à exiger que « les auteurs de ce crime et de tous les autres crimes de ce genre soient punis sévèrement ».

Le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, a quant à lui posté un message sur différents réseaux sociaux : « Les Noirs, du monde entier, sont choqués et désemparés par le meurtre d’un Noir non armé […]. Nous espérons que le tragique décès de George Floyd va déclencher un changement drastique sur comment l’Amérique gère les problèmes de racisme et de haine. »

La fondation Nelson Mandela estime que les manifestations dans le monde contre la mort de George Floyd traduisent « une colère croissante contre une suprématie blanche qui perdure ». « Lorsque des communautés sont confrontées à la fois à une violence structurelle soutenue et à des attaques physiques contre leur propre corps, des réactions violentes se produisent […]. Le recours à la violence peut être rationnel et soigneusement ciblé », a-t-elle déclaré.

Dans un communiqué, l’ancien ministre sénégalais Cheikh Tidiane Gadio a regretté ouvertement le manque d’implication des pays africains dans cette affaire. « Quand les États africains, dans un élan panafricaniste sans précédent, vont-ils soumettre dans l’unité absolue (sans aucun défaillant) une motion spéciale à l’Assemblée générale des Nations unies contre le traitement inhumain, dégradant et les brutalités policières […] régulièrement infligés aux Africains-Américains ! […] Quand l’humanité tout entière va-t-elle se lever pour mettre fin au massacre à huis clos des Noirs américains ? »

Des stars un genou à terre

Les sportifs et les artistes sont également nombreux à rendre hommage à George Floyd. Quelques jours après son décès, le footballeur Kylian Mbappé a témoigné sa solidarité en postant un premier tweet avec le hashtag #JusticeforGeorge.

Le joueur de l’équipe de France a par la suite apporté son soutien au mouvement contre les violences policières en postant un dessin illustrant le slogan « La police avec nous, pas contre nous ! »

Une partie de l’équipe nationale des Aigles du Mali s’est également manifestée. Moussa Marega, victime d’insultes racistes lancées par des supporters il y a quelques mois, Diadié Samassékou ou encore Moussa Djenepo ont tous publié des posts pour soutenir la cause.

Du côté de la Bundesliga, le championnat d’Allemagne, plusieurs joueurs se sont mobilisés, à l’image de Marcus Thuram, Jadon Sancho et Achraf Hakimi, qui a arboré un maillot sur lequel était écrit « Justice pour George Floyd ».

Quant aux joueurs de Liverpool, ils ont le 1er juin mis un genou à terre à l’entraînement. Un geste devenu le symbole aux États-Unis de la protestation contre les violences policières et qu’ont reproduit, avant leurs matchs, le joueur nigérian Anthony Ujah, le Sénégalais Sadio Mané et l’Égyptien Mohamed Salah.

Le Sénégalais Youssou Ndour a également joint le geste à la parole. Avec une photo et un message posté sur les réseaux sociaux, l’artiste planétaire, qui a participé dernièrement à un concert pour lutter contre le coronavirus, a appelé à mettre fin au racisme.

https://www.facebook.com/youssoundourofficiel/posts/3077322075660034

Les ambassadeurs américains dans la tourmente

Le mouvement prenant de plus en plus d’ampleur, les ambassades américaines du continent se retrouvent au cœur des protestations. À Nairobi, des manifestants se sont réunis devant l’ambassade américaine en brandissant des pancartes « Black Lives Matter ». L’organisatrice de ce rassemblement, Nafula Wafula, y a déclaré que la violence contre les Noirs est internationale et a pointé la responsabilité de la police kényane dans les violences survenues dernièrement dans le pays durant l’application des mesures anti-Covid-19.

Le Zimbabwe a quant à lui convoqué le 1er juin l’ambassadeur américain à Harare pour dénoncer des commentaires de la Maison Blanche accusant le pays de tirer profit des manifestations contre les violences policières et le racisme aux États-Unis. La veille, Robert O’Brien, le conseiller de Donald Trump pour la Sécurité nationale, avait qualifié la Chine, la Russie, l’Iran et le Zimbabwe « d’adversaires étrangers » après leurs critiques sur la mort de George Floyd.

Au Ghana, une pétition a été déposée à l’ambassade des États-Unis, à Accra, par une organisation défendant les droits des diasporas africaines afin de demander à la justice américaine de se montrer exemplaire.

Au Nigeria, quelques dizaines de personnes ont également manifesté avec des pancartes « Black Lives Matter » en soutien aux Afro-Américains.

« Le racisme est inacceptable, nous devons faire mieux », a écrit, le 3 juin, l’ambassadeur des États-Unis en RDC, Mike Hammer, dans une déclaration où il cite Martin Luther King. « Le système a échoué à protéger un de nos citoyens comme il l’a trop souvent fait à l’égard de tant d’Afro-Américains », a-t-il ajouté.

« Je partage votre peine, je partage votre colère, je partage votre indignation concernant cette mort et je partage votre désir de justice », a-t-il répondu aux nombreux internautes congolais l’ayant interpellé sur les réseaux sociaux. « Une injustice, où qu’elle soit, menace la justice partout », a poursuivi le diplomate.

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