Polémique Senelec/Akilee au Sénégal : que s’est-il vraiment passé ?
Accusations de « délit d’initié » par l’opposition, démissions en série au Club des investisseurs… Depuis quelques semaines, la société de services énergétiques est au cœur d’une vive polémique au Sénégal. Décryptage.
![Les compteurs à prépaiement Wolofal. © Film promotionnel Senelec](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2020/06/08/wolofal.jpg)
Les compteurs à prépaiement Wolofal. © Film promotionnel Senelec
Le contrat décennal signé en février 2019 entre la Société nationale d’électricité du Sénégal (Senelec) et son partenaire Akilee pour l’installation de compteurs intelligents a fait couler beaucoup d’encre ces deux derniers mois dans le pays.
Le 14 avril dernier, Pape Demba Bitéye, ancien cadre de la Senelec qui en été nommé directeur général un an plus tôt, a rendu publique l’existence de ce contrat, dont il demande la renégociation des termes avec Akilee. Bitéye était pourtant déjà membre du conseil d’administration qui a unanimement validé la signature de ce contrat.
Parmi les points qui cristallisent la grogne du pôle d’opposition CRD (Convergence républicaine démocratique) regroupant les partis de l’ex-Premier ministre Abdoul Mbaye, de l’ancien ministre de l’Énergie Thierno Alassane Sall et du député Mamadou Lamine Diallo, le fait que ce contrat ait été attribué sans appel d’offres, alors même que la Senelec est actionnaire à 34 % d’Akilee, ce qui constitue selon les opposants un « délit d’initié ». D’autre part, ces derniers dénoncent un « conflit d’intérêt », car Amadou Ly, directeur général d’Akilee, a été le consultant qui a préconisé à la Senelec la mise en place de compteurs intelligents.
Autre reproche mis en avant « la distinction opérée entre la propriété des compteurs et la plateforme de leur gestion, qui empêche la Senelec de changer de fournisseur et de prestataire au terme des dix années de contrat, sauf à devoir changer tous ses compteurs et à acquérir une autre plateforme » – « Léonin et inadmissible », pour les pourfendeurs du contrat .
Dernier point de clivage, le montant du contrat 187 milliards de F CFA (285 millions d’euros) jugé trop important par ses détracteurs, là où Akilee rétorque que le juste prix « aurait dû être 300 milliards de FCFA, si le ratio réel était rapporté à la taille du parc de compteurs à changer (…) et en prenant en compte les 500 milliards de F CFA supplémentaires que les nouveaux compteurs permettront à la Senelec d’engranger ».
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