La grande transhumance estivale des « MRE », les Marocains de l’extérieur

« On a traversé la France, l’Espagne et maintenant on est chez nous! » Comme les autres automobilistes marocains descendus du ferry d’Algesiras (sud de l’Espagne), Ahmed Boumakasse est heureux de rentrer au « bled » (pays) et arbore un large sourire.

Publié le 13 juillet 2009 Lecture : 2 minutes.

Ces jours-ci, Tanger est une ruche: les ferries se succèdent à un rythme accéléré dans le port marocain, en provenance d’Espagne, de France ou d’Italie, déversant des flots de voitures chargées à ras bord de « MRE » et de cargaisons parfois surréalistes.

Les MRE, ce sont les Marocains résidant à l’étranger. Ils représentent 12% de la population totale du Maroc, soit environ 4 millions de personnes.

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Chaque année à la même époque, la grande transhumance des vacances les ramène au pays. Cet été, les autorités estiment que plus de 2,7 millions de MRE devraient transiter dans les ports et aéroports marocains.

La grande majorité d’entre eux (70%) prennent le bateau, les autres l’avion.

Au total, ce sont quelque 700. 000 véhicules qui devraient transiter d’ici à la fin septembre par les ports marocains, surtout Tanger, qui absorbe l’essentiel du trafic.

Sur l’autoroute reliant Tanger au sud du pays, les plaques étrangères sont de plus en plus nombreuses. Et l’écrasante majorité des véhicules immatriculés en France, en Espagne, en Belgique ou aux Pays-Bas appartiennent à des MRE.

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A Tanger, une vingtaine de ferries assurent la liaison avec les ports d’Algesiras, Tarifa, Barcelone (Espagne), Sète (France) et Gènes (Italie), à raison de 24 à 26 rotations par jour.

A cause de la crise économique, nombre de MRE ont dû raccourcir leur séjour au pays ou faire appel à la solidarité familiale.

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« On a dû se serrer la ceinture et mettre de l’argent de côté pour les vacances », confirme Soumaya, rentrée au Maroc avec son ami Ismaël.

Même son de cloche de la part de Zohra Belehri, venue avec sa fille: « nous habitons la France depuis 10 ans mais on n’a pas de travail. Ce sont mes parents qui prennent en charge nos vacances à Rabat ».

Les MRE constituent le deuxième poste de recettes (transferts de fonds) de l’économie marocaine (53 milliards de dirhams/5 milliards d’euros, en 2008) juste derrière le tourisme (55,4 milliards de dirhams/5,1 milliards d’euros).

Depuis plusieurs mois, les transferts de fonds accusent cependant une baisse significative (-15% depuis août 2008, selon des chiffres officiels): la crise est là.

Cette année, le gouvernement marocain a multiplié les initiatives pour faciliter l’accueil et le périple de ses expatriés, dans le cadre de l’opération Marhaba (Bienvenue) 2009.

Parmi ces mesures, explique à l’AFP le ministre chargé des MRE Mohammed Ameur, il y a « la réduction des frais liés aux transferts » de fonds (dès lors qu’ils sont effectués par des banques marocaines), « l’installation de guichets uniques dans les différentes provinces pour faciliter les démarches administratives », « l’ouverture de ‘Maisons des MRE’ dans les grandes régions du royaume, ouvertes aux associations ».

Comme dans le passé, des haltes spécialement destinées aux MRE ont aussi été aménagées sur les autoroutes ou routes nationales, avec antenne médicale, douches, restauration rapide et même mosquée de campagne.

Et pour la première fois, ajoute M. Ameur, des « universités d’été » destinées aux jeunes de 18-25 ans ont été ouvertes à Rabat, Agadir (sud) et Oujda (est).

« L’objectif, explique-t-il, est de permettre aux jeunes Marocains nés dans leur pays d’accueil d’approfondir leurs connaissances du Maroc ». « Cela profitera d’ailleurs aux pays d’accueil, souligne-t-il, car comme le dit un proverbe africain: ‘celui qui sait d’où il vient, sait où il va’ ».

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