Quand l’Afrique innove, du chargeur solaire pour portable au charbon de roseau

Un roseau envahissant transformé en charbon de cuisine, l’énergie solaire pour charger téléphone portable, appareil auditif ou encore une bourse agricole en ligne: l’Afrique innovante était en vedette jeudi à Paris dans le cadre d’un forum réunissant inventeurs, industriels et financiers.

Quand l’Afrique innove, du chargeur solaire pour portable au charbon de roseau © AFP

Quand l’Afrique innove, du chargeur solaire pour portable au charbon de roseau © AFP

Publié le 5 décembre 2013 Lecture : 3 minutes.

Au total, 100 projets venus de 33 pays africains ont été sélectionnés par un comité d’experts internationaux sur quelque 800 dossiers reçus après un appel lancé en septembre par le ministère français du Développement et l’Agence française du développement (AFD).

Jeudi, 21 d’entre eux étaient présentés à un parterre d’hommes politiques, ONG, industriels et organismes de financement à Paris, à la veille de l’ouverture d’un sommet « Pour la paix et la sécurité en Afrique ».

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Parmi eux, Bena Ould Mouhamed Lemine, venu de Rosso dans le sud de la Mauritanie. Ce jeune ingénieur a développé un processus de fabrication de charbon de cuisine à partir du typha, un roseau qui prolifère depuis plusieurs années sur le fleuve Sénégal, envahissant parcelles agricoles, zones de pêche et canaux d’irrigation.

Trois unités de production artisanale ont déjà été installées autour de Rosso, mais « on pourrait alimenter toute la Mauritanie en charbon de typha et préserver ainsi nos faibles ressources en bois », s’exclame, enthousiaste, M. Lemine, qui cherche des partenaires pour exporter son projet au Mali et au Sénégal, deux pays également touchés par l’invasion de typha.

« Ces entrepreneurs proposent des solutions simples qui vont changer le quotidien de beaucoup d’Africains », souligne Malamine Koné, PDG de l’équipementier sportif Airness et membre du comité de sélection des « 100 innovations pour un développement durable ».

« Aujourd’hui, on parle beaucoup du Mali, de la Centrafrique, de l’Afrique et de ses difficultés mais il est temps de montrer que ce continent regorge de talents et a beaucoup à offrir aux autres », ajoute-t-il.

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Utopie réaliste

Le Rwandais Henry Nakarundi vivait aux Etats-Unis quand il est rentré pour des vacances voir ses parents. « Partout où j’allais, j’avais mon chargeur de téléphone sur moi et dès que je voyais une prise électrique, dans une boutique, un bureau, je branchais mon portable ».

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« En rentrant aux Etats-Unis, j’ai cherché une solution, il n’y en avait pas ». Aujourd’hui, Henry Nakarundi, 36 ans, vit à Kigali et a conçu avec l’aide d’un ingénieur polonais un kiosque mobile qui permet de charger 16 téléphones mobiles en même temps grâce à l’énergie solaire, mais aussi en pédalant.

A ce jour, cinq kiosques ont été mis en service au Rwanda et au Burundi. « Ce que je cherche ici à Paris, ce sont des investisseurs et des partenaires dans les télécoms », confie-t-il, car « en zone rurale, les gens ne peuvent utiliser le portable parce qu’ils n’ont pas accès à l’électricité ».

Bourse agricole en ligne au Sénégal, permettant aux producteurs d’oignons d’accéder directement aux grossistes et donc d’améliorer leurs marges; monnaie alternative en papier permettant aux commerçants d’un bidonville de Mombasa (Kénya) d’échanger leurs biens entre eux; laboratoire pharmaceutique valorisant la pharmacopée traditionnelle au Togo: « Ce qui les motive, c’est de résoudre les problèmes », constate le ministre français du Développement Pascal Canfin.

« On n’est pas dans la lamentation mais dans l’innovation, la recherche de solution, dans une utopie réaliste », se félicite-t-il. « Nous devons valoriser cette énergie-là », estime le ministre, jugeant « incroyable que ce type d’innovation dont l’intérêt saute aux yeux ne trouve pas de financement ».

« Ici nous voyons ici une Afrique qui prend son destin en maison. Notre responsabilité c’est de l’accompagner. Si on ne le fait pas d’autres le feront », insiste-t-il.

En Tunisie, Bellachheb Chahbani a mis au point un système d’irrigation enterré qui utilise 60% d’eau en moins que le goutte-à-goutte traditionnel. Son « diffuseur enterré », qui permet aussi de stocker l’eau pendant la saison des pluies, a déjà trouvé preneur au sultanat d’Oman comme aux Etats-Unis. « Ce que je veux maintenant, dit M. Chahbani, c’est transférer cette technologie aux plus démunis d’Afrique ».

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