Les diamants mis au défi de faire bon ménage avec les droits de l’homme

Pays producteurs et industriels du diamant ont été mis mardi au défi d’aller plus loin dans la transparence et la protection des droits de l’homme, à l’ouverture de la réunion annuelle du Processus de Kimberley.

Les diamants mis au défi de faire bon ménage avec les droits de l’homme © AFP

Les diamants mis au défi de faire bon ménage avec les droits de l’homme © AFP

Publié le 19 novembre 2013 Lecture : 3 minutes.

Ce mécanisme de certification censé éviter que les consommateurs n’achètent des diamants ayant servi à financer des conflits, fête ses dix ans, avec des succès mais aussi des lacunes qui ont conduit l’ONG britannique pionnière de l’initiative, Global Witness, à claquer la porte en 2011.

« Les autres sont restées, guidées par l’espoir prudent que les choses changent », a lancé mardi au nom de la société civile le militant zimbabwéen Shamiso Mtisi.

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S’il doit éviter que les diamants soient tachés de sang, le Processus de Kimberley n’empêche pas la contrebande, et le Venezuela est ainsi accusé d’exporter en fraude ses diamants via trois pays, Brésil, Ghana et Panama.

Les ONG veulent aussi plus de vigilance sur la filière de polissage dont on sait qu’elle occasionne des lésions incurables aux ouvriers à cause de la silicose.

Elles réclament « une définition élargie de +diamant du conflit+ pour répondre adéquatement aux cas de violences et d’atteintes aux droits de l’homme dans la chaîne d’approvisionnement du diamant » et « une plus grande transparence », a rappelé M. Mtisi.

« Le Processus de Kimberley a été créé dans un but précis, mais pas pour mettre fin aux conflits ou aux atteintes aux droits de l’homme », leur a répondu l’ambassadeur sud-africain Welile Nhlapo, en renvoyant aux instances de l’ONU existant pour ça.

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L’Afrique du Sud, qui assure la présidence tournante cette année, passera la main en 2014 à la Chine, un pays surtout consommateur de diamants.

Débats sur l’Angola et la Centrafrique

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L’Angola, grand producteur, est candidat à la vice-présidence, ce que les ONG voient d’un oeil mitigé.

Cette candidature devrait alimenter les débats d’ici à vendredi, parallèlement à des discussions sur la Centrafrique, où le diamant fait vivre un quart de la population mais qui risque de voir maintenue la suspension prononcée en juin selon toutes les sources.

Deux autres pays feront l’objet d’une évaluation cette semaine. Le Venezuela, auto-suspendu depuis plusieurs années et contre lequel les ONG demandent de hausser le ton, et la Côte d’Ivoire, sous embargo de l’ONU depuis 2005.

A ce propos, « le Processus de Kimberley est en position de recommander que l’ONU le lève », estime Alan Martin, chercheur au sein de l’ONG Partnership Canada. Une évolution soutenue par l’association ivoirienne GRPIE (Groupe de recherches et de plaidoyer sur les industries extractives). « Ne serait-ce que pour qu’on voie si le système de contrôles internes proposé fonctionne », a jugé Michel Yoboué, son représentant.

Interrogé sur les chances de l’Angola, Pauli Mvika, administrateur d’Endiama, l’entreprise diamantifère publique nationale, a dit « ne pas être pessimiste ».

« Tous les grands producteurs se sont succédé à la tête du Processus. Nous avons une stabilité économique et sociale, ce sont des atouts », a-t-il dit à l’AFP.

Quant aux réformes, « il faut que personne ne se sente piégé, les choses ici sont analysées dans le consensus », a-t-il ajouté.

Si les efforts de l’Angola pour faire cesser les brutalités contre les immigrants congolais travaillant dans ses mines ont été salués publiquement par M. Mtisi, ce dernier a en revanche estimé que les attaques visant le militant angolais anti-corruption Rafael Marques « posaient problème pour un pays aspirant à diriger le Processus de Kimberley ».

« Pour nous, la question n’est pas seulement Rafael mais les défis réels qu’il soulève », a-t-il ajouté, estimant que « les atteintes aux droits de l’homme en Angola exposent le changement de nature de la violence et des conflits dans l’industrie du diamant ».

Fin 2011, l’association Global Witness, qui avait pour la première fois exposé le problème des « diamants du sang » en 1998, a quitté le Processus après l’autorisation accordée au Zimbabwe de vendre des diamants extraits de mines où l’armée était accusée d’exactions.

Les diamants du Zimbabwe doivent faire leur grand retour sur la place belge d’Anvers en décembre, après la levée de sanctions européennes, a-t-on appris mardi auprès de la délégation zimbabwéenne.

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