Dopage : le Kenya craint d’être mis au ban de l’athlétisme mondial

Une « génération d’athlètes » privée des JO-2016 ? Dans le collimateur de l’Agence mondiale antidopage (AMA), le Kenya, l’une des nations majeures de l’athlétisme où les fondeurs représentent une fierté nationale, craint d’être, comme la Russie, mis au ban de l’athlétisme mondial.

Stanley Biwott et Mary Keitani, vainqueurs du marathon de New York 2015, tous deux kényans. © Seth Wenig/AP/SIPA

Stanley Biwott et Mary Keitani, vainqueurs du marathon de New York 2015, tous deux kényans. © Seth Wenig/AP/SIPA

Publié le 10 novembre 2015 Lecture : 3 minutes.

« Il semble plutôt clair, à partir du reportage de l’ARD (télévision allemande à l’origine de l’enquête de l’AMA, NDLR) et d’autres développements, que le Kenya a un vrai problème. Et cela a pris beaucoup de temps pour reconnaître qu’il y en avait un », a ainsi déclaré lundi Dick Pound, qui a présidé le rapport de la commission d’enquête indépendante diligentée par l’AMA.

Celle-ci a rendu lundi un rapport explosif qui préconise la suspension de la Russie de toute compétition en athlétisme, dont les JO-2016 de Rio, en raison de cas de dopage qui n’auraient « pas pu exister » sans l’assentiment du gouvernement.

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Le rapport ne cible lui pas le Kenya, puisqu’il se limite à la Russie. Mais le pays africain se sait dans le collimateur: s’il a obtenu onze médailles dont deux titres en athlétisme aux derniers Jeux de Londres, il a aussi vu depuis 2012 une trentaine de ses athlètes suspendus pour dopage.

Quinze sont toujours interdits de compétition, dont la star du marathon Rita Jeptoo, suspendue en janvier pour deux ans après un contrôle positif à l’EPO.

Kip Keino au créneau

Sont également toujours suspendues les sprinteuses Koki Manunga (400 m haies) et Joyce Zakary (400 m), contrôlées positives pendant les derniers Mondiaux de Pékin, où le Kenya a fini pour la première fois en tête du tableau des médailles (sept médailles d’or, six d’argent et trois de bronze).

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« S’ils ne travaillent pas sérieusement (contre le dopage), je pense que quelqu’un le fera pour eux », a martelé Dick Pound.

De quoi aviver les inquiétudes de Nairobi, où les succès en athlétisme rejaillissent sur tout le pays. « Une génération d’athlètes (kényans), dans toutes les disciplines, pourrait être suspendue », a écrit dans son éditorial de mardi The Star.

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The Daily Nation appelle de son côté sportifs, entraîneurs et le gouvernement à « étudier le rapport » de l’AMA, et « les responsables » du sport kényan à s’en servir comme « d’une expérience » pour mettre en place des actions afin de « détecter, prévenir et punir le dopage ».

Les médias sont aussi revenus sur les récents propos de la légende Kip Keino, qui a glané cinq médailles olympiques, dont deux titres aux JO-1968 (1.500 m) et 1972 (3.000 m steeple). Il soulignait que l’AMA pourrait « demander la suspension du Kenya de toute compétition pour quatre ans, dont les JO-2016 ».

L’AMA « pense que le Kenya met le problème du dopage sous le tapis », avait ajouté celui qui est aussi président du comité national olympique et qui a récemment rencontré des responsables de l’agence aux Etats-Unis.

La Fédération muette

The Star ne dit pas autre chose lorsqu’il écrit que les autorités ont « trop souvent mis de côté la lutte antidopage et ont échoué à combattre le problème », citant comme exemple le refus des autorités de construire un laboratoire antidopage financé en partie par la Chine.

« Il est temps pour le pays de se confronter à ses obligations, et que ce soit su et vu » à l’étranger, poursuit le quotidien.

Le président de la Fédération kényane Jackson Tuwei, sollicité par l’AFP, s’est refusé à tout commentaire, arguant que « le Kenya n’était pas mentionné dans le rapport ».

Côté politique, le vice-président de l’Assemblée nationale William Ruto avait indiqué en septembre qu’un projet de loi serait élaboré pour punir pénalement le dopage après les deux contrôles positifs à Pékin.

Une question de fierté nationale qui dépasse les seuls sportifs donc, souligne encore The Nation, pour qui « les athlètes et leurs entraîneurs sont responsables de la façon dont le pays est perçu ».

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