Ebola : traitements, vaccin, le monde devrait être mieux armé à l’avenir

Le monde devrait être mieux armé pour combattre la prochaine flambée d’Ebola grâce aux recherches sur le vaccin et les traitements, mais elles sont loin d’être achevées, soulignent les spécialistes, alors que l’OMS doit annoncer jeudi la fin de l’épidémie.

Un homme célébrant la fin d’Ebola au Liberia en mai 2015. © Abbas Dulleh / AP / SIPA

Un homme célébrant la fin d’Ebola au Liberia en mai 2015. © Abbas Dulleh / AP / SIPA

Publié le 13 janvier 2016 Lecture : 3 minutes.

Durant cette épidémie sans précédent qui a frappé l’Afrique de l’Ouest « on a beaucoup appris et ce qu’on proposera dans l’avenir sera assez différent », déclare à l’AFP Michel Van Herp, de MSF. « La prochaine épidémie devrait être moins dramatique », prédit-il. Celle qui s’est déclarée en décembre 2013 en Guinée avant de toucher le Liberia puis le Sierra Leone a fait plus de 11 300 morts.

« Pour les gens en contact avec un malade à la maison, il faudra proposer soit un vaccin, soit une pilule, car un certain nombre refuseront la vaccination », ajoute cet épidémiologiste, spécialiste d’Ebola, basé en Belgique. Et « ce sera une grande avancée si le vaccin est disponible » pour les personnels de santé qui ont payé un lourd tribu à Ebola (plus de 500 morts).

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Vaccin

L’un des vaccins, celui de Merck est bien avancé (le VSV-EBOV canadien développé par le laboratoire américain), estime le professeur Jean-François Delfraissy, coordinateur de la lutte contre Ebola pour la France.

Toutefois il n’a été testé que sur des sujets en contact avec des personnes infectées, et pas encore dans la population générale.

Pour sa part, le Dr Stephen Kennedy, principal responsable d’un essai au Liberia sur deux vaccins, celui de Merck et celui de GSK (GlaxoSmithKline), estime qu’ils ont « des effets prometteurs ».

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La plupart des essais de produits ou vaccins n’ont pu être conduits à leur terme, faute d’être prêts à temps alors que l’épidémie battait son plein.

Meilleure prise en charge

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La prise en charge des malades a été améliorée. La mortalité a été réduite de 70% à 40%, dit le Pr Delfraissy en évoquant notamment l’absence, au début, de perfusion systématique des patients.

La mise sous perfusion intraveineuse, pour assurer une bonne réhydratation et éviter la défaillance rénale, augmente les chances de survie.

Traitements prometteurs 

La prochaine fois, des traitements prometteurs pourront être à nouveau proposés, comme l’antiviral japonais, le favipiravir (l’avigan de Fujifilm) sous forme de comprimés, qui a été le plus utilisé et le Zmapp (cocktail d’anticorps).

La molécule expérimentale de Gilead GS-5734, injectable et dotée d’une durée de vie longue (dans l’organisme) est aussi une piste à creuser.

L’infirmière écossaise, qui a fait une rechute grave avec une encéphalite fin 2015, après avoir été déclaré guérie, qui l’avait reçue, a survécu.

Le favipiravir, très bien toléré, sera probablement dans l’avenir, associé à un autre traitement. Il a déjà été testé avec du Zmapp mais sur un nombre restreint de patients.

Suivi des survivants

Par ailleurs, MSF a constaté qu’un médicament contre le paludisme contenant de l’amodiaquine a réduit la mortalité de 31% dans un de ses centres au Liberia.

Pour le docteur Iza Ciglenecki, co-signataire de l’étude sur ce médicament, « il est urgent de mener des essais » pour confirmer son efficacité contre Ebola.

Enfin, la piste de la transfusion de sérum ou de sang de convalescents, en dépit de récents résultats décevants, n’est pas abandonnée.

Le suivi des survivants est par ailleurs crucial, qu’il s’agisse des séquelles (atteinte des yeux…) ou de la persistance du virus dans leur corps, en particulier le sperme, en raison de la possibilité avérée d’une transmission sexuelle.

L’épidémie a en effet permis de découvrir que l’Homme pouvait être un réservoir de virus.

Pour le sperme, le risque n’apparaît pas massif, mais reste à préciser, selon M. Van Herp.

En Guinée, où il y a près de 1 300 survivants, un groupe, qui sera suivi pendant deux ans, est en cours de constitution et pourrait atteindre 800 participants fin mars.

« En gros, plus d’un tiers ont des séquences de virus dans le sperme trois mois après avoir été considérés comme guéris, ensuite cela baisse, mais chez quelques patients on a retrouvé du virus neuf mois après », explique le Pr Delfraissy, envisageant un essai de traitement dans ce domaine.

Des réseaux de surveillance et d’alerte en Afrique de l’Ouest pour casser la chaîne de transmission du virus doivent également être mis en place.

« Poursuivre les recherches dans le domaine du vaccin, de la thérapeutique et du réservoir viral animal et humain reste indispensable », résume ce spécialiste.

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