En Afrique de l’Ouest, l’instabilité politique favorise le trafic de drogue

L’instabilité politique en Afrique de l’Ouest a favorisé le trafic de drogue dans une région devenue au fil des années une zone de transit de stupéfiants, particulièrement la cocaïne, entre l’Amérique du Sud et les pays occidentaux.

En Afrique de l’Ouest, l’instabilité politique favorise le trafic de drogue © AFP

En Afrique de l’Ouest, l’instabilité politique favorise le trafic de drogue © AFP

Publié le 14 avril 2013 Lecture : 3 minutes.

« Peu de flux transnationaux de contrebande ont suscité autant d’inquiétudes que les flux de cocaïne transitant par l’Afrique de l’Ouest », constate l’Office des Nations unies contre le trafic de drogue et la criminalité (ONUDC), dans son dernier rapport mondial sur les drogues, publié en février.

Vers « 2005, il devint évident que d’énormes volumes de drogue, représentant des milliards de dollars, étaient expédiés via » cette région, ajoute l’ONUDC.

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Les trafiquants, mieux équipés, profitent de la pauvreté des Etats, de la faiblesse de leurs institutions et de leurs services de sécurité, de la porosité des frontières. Ils corrompent les structures officielles, dont des responsables les couvrent ou ferment les yeux sur leurs activités, selon des experts onusiens.

La Guinée-Bissau, ex-colonie portugaise abonnée à la violence politique et militaire qui ne compte plus les coups d’Etat depuis son indépendance en 1974, est régulièrement citée comme une des plate-formes clés du narco-trafic.

Dès juillet 2012, l’ONU s’était alarmée « d’une hausse du trafic de drogue » depuis le dernier putsch du 12 avril 2012 dans ce pays formé d’une partie continentale et d’un chapelet d’îles et d’îlots difficilement contrôlables pour ses services de sécurité et de défense aux faibles moyens.

La police bissau-guinéenne « ne dispose pas de vedettes, d’hélicoptère ni même d’un personnel suffisant » pour tout le pays, et depuis le putsch d’avril, « nous ne faisons plus d’opérations sur le terrain », a révèlé à l’AFP le directeur de la police judiciare, Joao Biaguê.

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De hauts responsables bissau-guinéens sont notoirement impliqués dans le narco-trafic.

Fiché comme « baron de la drogue » par les Etats-Unis, l’ex-chef de la Marine bissau-guinéenne, José Américo Bubo Na Tchuto, et plusieurs complices présumés ont été arrêtés début avril dans les eaux internationales ouest-africaines.

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Ils ont été piégés par des agents américains anti-drogue travaillant sous couverture. Deux Colombiens suspectés d’avoir traité avec eux ont également été appréhendés peu après dans leur pays, à la demande des Américains.

Le Mali, autre maillon faible

Le Mali est aussi considéré depuis des années comme un autre maillon faible de la lutte anti-drogue.

Dès janvier 2012, ce vaste pays sahélien a d’abord enregistré une offensive rebelle contre l’armée dans le Nord, suivi en mars d’un putsch qui a précipité la chute de la région aux mains de groupes armés liés à Al-Qaïda et de trafiquants notoires, traqués depuis le 11 janvier par les armées française et africaines.

Cette semaine, un élu malien du Nord, Baba Ould Cheikh, recherché par Bamako pour trafic de drogue, a été arrêté.

Il est soupçonné d’être impliqué dans une spectaculaire affaire dite de « l’avion de la drogue »: en novembre 2009, un Boeing 727 venant du Venezuela et transportant de la cocaïne et d’autres drogues, selon l’ONUDC, avait atterri dans la région de Gao, plus grande ville du nord du Mali. Après avoir déchargé son contenu, les trafiquants avaient incendié l’appareil.

A Bissau, « Francisco », alias « Chico cap-verdien », réputé intermédiaire de narco-trafiquants, a assuré à l’AFP que « les routes du désert sont bouchées depuis le déclenchement du conflit au Mali ».

Des experts reconnaissent que l’intervention militaire franco-africaine en cours perturbe l’une des grandes voies d’acheminement de la cocaïne des Andes au Sahel, mais soutiennent que les trafiquants se sont déjà adaptés en modifiant leurs trajets.

Jeudi à Dakar, la Commission ouest-africaine des drogues (WACD), créée en 2013 par l’ex-secrétaire général de l’ONU Kofi Annan, a estimé que seuls des « Etats forts et crédibles » en Afrique et la coopération internationale pouvaient ralentir le trafic.

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