Gambie : l’ex-président Yahya Jammeh s’exile en Guinée équatoriale

L’ex-président gambien Yahya Jammeh a quitté son pays samedi soir pour s’exiler en Guinée équatoriale via la Guinée, après avoir cédé le pouvoir à Adama Barrow, mettant fin à six semaines de crise politique et déclenchant des manifestations de joie à Banjul.

L’ex-président gambien Yaya Jammeh acclamé par ses partisans lors de son embarquement à l’aéroport de Banjul pour quitter le pays, le 21 janvier 2017. © AFP

L’ex-président gambien Yaya Jammeh acclamé par ses partisans lors de son embarquement à l’aéroport de Banjul pour quitter le pays, le 21 janvier 2017. © AFP

Publié le 21 janvier 2017 Lecture : 3 minutes.

M. Jammeh, 51 ans dont plus de 22 à la tête du pays, en boubou blanc comme à son habitude, a pris place à bord d’un jet privé qui a décollé peu avant 21h20 locales (et GMT) avec à bord le président guinéen Alpha Condé. Il a été salué par une fanfare militaire et acclamé par des partisans regroupés sur le tarmac.

Dans une déclaration lue en son nom samedi soir sur la télévision d’Etat GRTS, l’ex-président a souhaité bon vent à son successeur, élu le 1er décembre mais dont il avait contesté la victoire après l’avoir félicité dans un premier temps.

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A la demande de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), Adama Barrow est accueilli depuis le 15 janvier à Dakar, au Sénégal voisin, où il a prêté serment jeudi dans l’ambassade gambienne.

Dans sa déclaration, M. Jammeh a invité « le président Barrow à rentrer immédiatement » pour exercer ses fonctions « de président, chef de l’Etat, chef de l’armée ».

Des proches et collaborateurs de M. Jammeh ont aussi quitté Banjul samedi soir, mais dans un avion mauritanien. Cet appareil et le jet privé ont atterri à Conakry vers 22h00 locales (et GMT), selon un journaliste de l’AFP présent à l’aéroport et un responsable de la police aéroportuaire.

« Nous sommes libres »

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Mais il n’a fait qu’une « escale à Conakry avant de rejoindre la Guinée équatoriale », a indiqué la présidence guinéenne dans un communiqué diffusé dans la nuit de samedi à dimanche. Cette destination a été confirmée par le président de la Commission de la Cédéao, Marcel Alain de Souza, devant la presse.

M. Jammeh a ensuite embarqué dans un avion spécial dépêché samedi après-midi à Conakry par la présidence équato-guinéenne. Il a décollé de la capitale guinéenne samedi à 23h50, selon un journaliste de l’AFP.

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Tout avait été préparé pour accueillir temporairement M. Jammeh et sa suite en Guinée, « mais il a changé d’avis », sans explication, a-t-on dit.

En apprenant que Yahya Jammeh avait effectivement quitté la Gambie, des habitants de Banjul sont sortis dans les rues, manifestant leur joie, notamment à Grand Banjul (banlieue), selon un correspondant de l’AFP.

« Nous sommes libres maintenant! », a lancé Fatou Cham, 28 ans. Pour Modou Lamin Dumbuya, 25 ans, « Jammeh saura maintenant ce que cela veut dire, d’être réfugié à l’étranger ».

Ses partisans, eux, louaient son sens du sacrifice. « Il est parti par amour pour la Gambie, pour le bien de l’Afrique », a dit Basainay Badjie, 42 ans.

« Un bain de sang » évité

Ce départ a été obtenu à l’issue d’une médiation conduite par les présidents mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz et guinéen Alpha Condé, mandatés par la Cédéao (15 pays dont la Guinée mais pas la Mauritanie).

Dans un communiqué, M. Condé « s’est félicité de l’issue heureuse de la crise en Gambie, qui a permis par le dialogue d’éviter un bain de sang ».

Dans une déclaration commune publiée peu après le départ de l’ex-président, la Cédéao, l’Union africaine et l’ONU ont annoncé garantir les droits de Yahya Jammeh, y compris à revenir dans son pays, saluant sa « bonne volonté » pour parvenir à un dénouement pacifique de la crise.

Les trois organisations veilleront à le soustraire, avec les siens, aux tentatives de « harcèlement » et de « chasse aux sorcières ». Elles se portent également garantes des propriétés de l’ex-président, de sa famille, des membres de son régime ou de son parti, selon le texte.

Depuis l’éclatement, le 9 décembre, de la crise née du refus de Yahya Jammeh de céder la place à Adama Barrow, de multiples initiatives ont été prises pour le faire changer d’avis, notamment par la Cédéao, sans succès jusqu’à la médiation de vendredi.

Peu après la prestation de serment d’Adama Barrow, jeudi après-midi, la Cédéao avait fait entrer des troupes de plusieurs de ses pays en territoire gambien. Ce déploiement avait ensuite été suspendu pour donner des chances à la nouvelle médiation.

Selon la déclaration commune Cédéao-UA-ONU, il sera mis fin aux opérations militaires et la Cédéao « poursuivra la résolution pacifique et politique de la crise ».

Devant la presse à Dakar, Marcel Alain de Souza, cité par l’Agence de presse sénégalaise (APS, officielle), a cependant indiqué que les forces de la Cédéao resteraient en Gambie « le temps nécessaire » pour sécuriser le retour de M. Barrow. Ce dernier pourrait quitter Dakar dimanche, a indiqué à l’AFP une source à la présidence sénégalaise.

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