Sénégal: surchauffe politique autour d’une réforme électorale controversée

La tension est brusquement montée mercredi au Sénégal à la veille de l’examen par l’Assemblée nationale d’un projet de loi visant à élire simultanément à compter de 2012 un président et un vice-président au Sénégal, un texte dénoncé par opposition et société civile.

Sénégal: surchauffe politique autour d’une réforme électorale controversée © AFP

Sénégal: surchauffe politique autour d’une réforme électorale controversée © AFP

Publié le 22 juin 2011 Lecture : 2 minutes.

La police sénégalaise a violemment réprimé mercredi à Dakar une manifestation spontanée de jeunes qui protestaient contre ce projet de loi, a constaté un journaliste de l’AFP.

Des éléments de la police anti-émeutes, avec casques et boucliers, ont dispersé à coups de grenades lacrymogènes un rassemblement de quelques dizaines de personnes sur la Place de l’Indépendance, dans le centre-ville de Dakar.

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Plusieurs jeunes ont été arrêtés, battus et embarqués dans un car de police vers une destination inconnue.

Ces jeunes s’étaient auparavant attaqués avec des pierres aux cars de la police stationnés sur cette place centrale de la capitale alors que les policiers tentaient de les repousser avec des grenades lacrymogènes.

Une conférence de l’opposition et de la société civile qui était organisée à Dakar a dégénéré quand des jeunes ont demandé aux organisateurs de « cesser les paroles et les bavardages pour des actions », a déclaré à la presse Dialo Diop, un responsable de la principale coalition de l’opposition.

Plusieurs de ces jeunes étaient des membres du mouvement « Y en a marre », un cadre « citoyen, pacifique et apolitique » créé par de jeunes rappeurs en janvier pour dénoncer « les injustices sociales, la cherté de la vie, le chômage et la gabegie » du régime du président Abdoulaye Wade, selon ses promoteurs.

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Plusieurs manifestations de l’opposition ont été organisées jeudi dans le pays, à Dakar et sa banlieue, et à Kaolack pour dénoncer ce projet de loi, selon des sources concordantes.

Les forces de l’ordre ont procédé à des interpellations, selon les mêmes sources, qui n’ont pas précisé leur nombre.

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Le gouvernement sénégalais a réaffirmé mardi qu’il ne renoncerait pas à ce texte qui est décrié par l’opposition et la société civile.

Selon l’opposition et la société civile, ce nouveau texte est une manoeuvre du président Wade, au pouvoir depuis 2000 et réélu en 2007 pour cinq ans, de supprimer le second tour en permettant à un candidat d’être élu s’il arrive en tête au premier tour du scrutin avec le quart des suffrages exprimés.

Le texte envisage par ailleurs qu’en cas de vacance de la présidence, le président est remplacé par le vice-président qui, en tant que nouveau président, pourra nommer ou révoquer le nouveau vice-président.

Ces dispositions sont parmi les plus décriées par l’opposition et la société civile, mais aussi par des membres de la majorité présidentielle. Beaucoup soupçonnent le président Wade, 85 ans et candidat à sa propre succession, de vouloir se faire réélire, avec un minimum de voix, pour ensuite céder le fauteuil à son fils, Karim Wade, actuellement un de ses ministres.

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