Soudan : Ban Ki-moon et le président nigérian déplorent la crise à Abyei

Les deux hommes, qui ont aussi évoqué la Libye et la Côte d’Ivoire au cours de leur rencontre lundi à Abuja, ont « discuté de la détérioration de la situation sécuritaire au Sud-Soudan », a indiqué le service de presse de M. Ban dans un communiqué.

La ville soudanaise d’Abyei était lundi la proie des flammes et des pillages, deux jours après sa prise par l’armée nordiste, que les autorités du Sud-Soudan dénoncent comme une « invasion », faisant craindre une nouvelle guerre civile.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a condamné l’opération militaire et appelé au « retrait immédiat » des troupes de Khartoum de cette région disputée, à la lisière du Nord et du Sud du Soudan.

Ban Ki-moon et M. Jonathan sont par ailleurs tombés d’accord sur le « besoin de trouver un consensus en Libye », selon le communiqué.

M. Ban, arrivé au Nigeria dimanche, a rencontré plus tôt lundi le ministre nigérian des Affaires étrangères Odein Ajumogobia avec qui il a également évoqué la situation en Libye.

Le secrétaire général de l’ONU a en outre félicité M. Jonathan pour son rôle dans la crise ivoirienne.

Le Nigeria qui préside actuellement la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) avait fermement appelé le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo a céder le pouvoir à Alassane Ouattara, internationalement reconnu comme vainqueur de la présidentielle fin 2010.

Goodluck Jonathan a souligné lundi dans un communiqué qu’il fallait continuer à soutenir la Côte d’Ivoire.

« Il est important que la communauté internationale reste engagée en Côte d’Ivoire, notamment en ce qui concerne le travail urgent de reconstruction, le défi du désarmement, de la démobilisation et de la réhabilitation », a-t-il estimé.

Le chef de l’Etat nigérian et M. Ban ont de plus évoqué la lutte contre le terrorisme international. Un jeune Nigérian avait tenté de faire sauter en vol un avion de ligne américain le 25 décembre 2009, un acte attribué à Al-Qaïda.

Le secrétaire général de l’ONU a souligné la « généreuse contribution » du Nigeria en matière de troupes déployées au sein des missions onusiennes de maintien de la paix.

Enfin, les deux hommes ont parlé de la question d’un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, que revendique le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique (150 millions d’habitants).

« Le fait que l’Afrique soit totalement exclue des membres permanents du Conseil est injuste et intenable », a fait savoir M. Jonathan dans des remarques adressées à M. Ban.

Le secrétaire général avait auparavant jugé « très encourageant » que les Etats membres de l’ONU aient commencé à discuter d’une réforme du Conseil de sécurité « sur une base plus démocratique et plus représentative ».

La visite du secrétaire général de l’ONU était axée sur la lutte contre la mortalité infantile et des femmes enceintes, particulièrement élevée au Nigeria.

M. Ban a enfin affirmé s’être rendu au Nigeria afin de « féliciter » les Nigérians et leur président pour les récentes élections « très réussies », selon un communiqué.

Des élections législatives, régionales et présidentielle ont eu lieu en avril. Des violences post-électorales ont fait environ 800 morts d’après l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch. Mais ces scrutins ont été largement salués comme étant les plus transparents et les plus libres jamais organisés au Nigeria.

Ban Ki-moon doit se rendre mardi en Ethiopie. Il est arrivé au Nigeria en provenance de Côte d’Ivoire où il a assisté à la cérémonie d’investiture d’Alassane Ouattara.