Tunisie: la rue reste mobilisée malgré le changement de Premier ministre

Deux ministres du gouvernement tunisien, issus de la dernière l’équipe du président déchu Ben Ali, ont démissionné lundi mais leur départ, après celui du Premier ministre la veille, est resté sans effet immédiat sur les protestataires qui campent dans le centre de Tunis.

Tunisie: la rue reste mobilisée malgré le changement de Premier ministre © AFP

Tunisie: la rue reste mobilisée malgré le changement de Premier ministre © AFP

Publié le 28 février 2011 Lecture : 3 minutes.

Les manifestants ont poursuivi leur sit-in observé depuis dix jours place de la Kasbah, au départ pour réclamer le départ du Premier ministre Mohammed Ghannouchi, qui avait été installé à la tête du gouvernement de transition après la chute du président Zine El Abidine Ben Ali le mois dernier.

« Nous maintenons notre sit-in jusqu’à la formation d’une Assemblée constituante et la reconnaissance du Conseil de protection de la révolution », a déclaré à l’AFP le coordinateur du sit-in, Mohamed Fadhe, en référence à un collectif de l’opposition en cours de formation.

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Le ministre de la Planification et de la Coopération internationale, Mohamed Nouri Jouini, a présenté sa démission, quelques heures après celle du ministre de l’Industrie et de la Technologie Mohamed Afif Chelbi, a rapporté l’agence officielle TAP.

Tous deux avaient été membres du dernier cabinet du dirigeant renversé le 14 février.

Cette double démission survient au lendemain de celle du Premier ministre Mohammed Ghannouchi, après un weekend de violences.

Celui-ci a été aussitôt remplacé par Béji Caïd Essebsi, 84 ans, un ancien ministre de Habib Bourguiba, père de l’indépendance et président tunisien de 1957 à 1987.

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Mais place de la Kasbah, une pancarte résume l’état d’esprit des protestataires: « Nous ne rentrerons chez nous qu’une fois nous aurons nettoyé le paysage politique des adversaires du pouvoir du peuple ».

Sur l’avenue centrale Habib Bourguiba, épicentre de la contestation, la situation demeurait tendue après deux jours de violents affrontements entre manifestants et forces de l’ordre qui ont fait cinq morts, selon un bilan officiel. Une sixième personne a été tuée ce weekend dans la région de Ben Arous, à une dizaine de kilomètres au sud de Tunis.

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Lundi matin, la circulation était limitée sur la principale avenue de Tunis et les boutiques et les cafés-trottoir ont gardé leurs rideaux baissés.

Des renforts militaires ont été déployés près du ministère de l’Intérieur, principale cible des protestataires ces derniers jours.

Durant le week-end, des boutiques d’un grand centre commercial ont été mises à sac et un supermarché a été incendié, selon des témoins.

« Le gouvernement de Ben Ali est parti, celui du peuple doit le remplacer », a déclaré Rached Ghannouchi, président de l’influent mouvement islamiste Ennahdha, ajoutant que « le prochain gouvernement doit recueillir l’adhésion du Conseil de protection de la révolution ».

La nomination « rapide et sans consultation » de Béji Caïd Essebsi « a été une surprise », a déclaré à l’AFP le secrétaire général adjoint de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), Ali Ben Romdhane.

« Comment peut-on s’assurer de l’entente souhaitée pour sortir la Tunisie de la situation difficile lorsque le président ne se donne pas au moins 24 heures pour des consultations sur la désignation d’un Premier ministre, quel qu’il soit ? », s’est interrogé le responsable de l’UGTT, une organisation très influente grâce à sa représentativité à travers le pays.

L’arrivée de M. Caïd Essebsi « donnera un second souffle au processus qui doit amener les Tunisiens vers des élections libres et loyales », a cependant jugé Maya Jeribi, la secrétaire générale du Parti démocratique progressiste, représenté dans le gouvernement Ghannouchi).

Le journal indépendant Tunis-hebdo a averti lundi qu’ »au train où vont les choses, le risque est grand de voir la transition compromise, mise en péril par la lenteur et la maladresse flagrantes d’un gouvernement ancré dans de vieux réflexes et par une cabale de politiciens véreux qui ont enfourché le dada révolutionnaire moins pour servir que pour se servir ».

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