Redevenu la « cible » de Khartoum, l’ex-rebelle Minnawi prêt à se « défendre »

« Nous allons nous défendre contre toute attaque », assure le chef du seul mouvement rebelle du Darfour ayant signé la paix avec le gouvernement soudanais, Minni Minnawi, redevenu au cours des derniers jours la « cible » du pouvoir à Khartoum.

Redevenu la « cible » de Khartoum, l’ex-rebelle Minnawi prêt à se « défendre » © AFP

Redevenu la « cible » de Khartoum, l’ex-rebelle Minnawi prêt à se « défendre » © AFP

Publié le 12 décembre 2010 Lecture : 2 minutes.

« Notre relation avec le gouvernement de Khartoum était le DPA (l’accord de paix du Darfour). Maintenant, le gouvernement annule le DPA, et dit que nos forces sont une cible. . . Nous allons nous défendre contre toute attaque », affirme Minni Minnawi lors d’un entretien avec l’AFP dans la cour d’un hôtel de Juba, au Sud-Soudan.

« Lorsque nous avons signé l’accord de paix, nous pensions que cet accord allait changé le Darfour à tous les points de vue: politique, économique, social et sécuritaire. Mais le gouvernement n’a pas mis en oeuvre l’accord », regrette-t-il.

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Minni Minnawi a été en mai 2006 le seul ténor de la rébellion à signer l’accord de paix du Darfour (DPA) après de fastidieuses négociations à Abuja, au Nigeria.

Abdelwahid Nour, allié de Minnawi au début de l’Armée de libération du Soudan (SLA) jusqu’à la scission du mouvement en 2005, et Khalil Ibrahim, leader du Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM), avaient alors refusé de faire la paix avec Khartoum.

La signature de l’accord avait propulsé Minni Minnawi dans les hautes sphères du pouvoir, devenu du jour au lendemain « assistant senior » du président Omar el-Béchir, soit le « numéro quatre » (sur le papier) du pouvoir à Khartoum.

Mais depuis quelques semaines, les autorités soudanaises, excédées par la présence de Minni Minnawi à Juba, ont fermé son bureau dans la capitale soudanaise, l’ont éliminé de différents postes et ont même attaqué ce week-end ses positions au Darfour.

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« Le groupe de Minnawi qui avait commencé la rébellion est maintenant une cible des forces armées soudanaises. Nous n’avons plus d’accord qui tienne avec eux. L’accord d’Abuja se termine en avril prochain et il tire déjà vers sa fin », a expliqué à l’AFP Sawarmi Khaled Saad, porte-parole de l’armée.

Les casques bleus de la mission de paix ONU-Union africaine au Darfour (Minuad) ont fait état vendredi et samedi d’attaques par les forces gouvernementales contre les hommes de Minni Minnawi à Khor Abeche, un village du Darfour-Sud.

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« On a dénombré un mort et quatre blessés civils dans les combats vendredi. . . Et on dénombre le nombre de blessés à la suite des affrontements de samedi », a dit à l’AFP Kemal Saïki, porte-parole de la Minuad. Des maisons ont été incendiées et environ 500 civils ont trouvé refuge sur la base locale des casques bleus.

Redevenu une cible, Minni Minnawi ne mâche plus ses mots contre le pouvoir à Khartoum. « La donne a changé. Le Sud-Soudan va se séparer et le sentiment généralisé est que le gouvernement a complètement échoué à unifier le Soudan », dit-il.

Le Sud-Soudan, vaste région limitrophe du Darfour (ouest), doit se prononcer le 9 janvier sur le maintien de l’unité avec le reste du pays ou la sécession. Et les commentateurs anticipent un triomphe de l’option sécessionniste.

« La politique du gouvernement a poussé dix millions de personnes hors du Soudan. Après l’indépendance du Sud-Soudan, le Nord-Soudan deviendra un Etat faible. Or le Darfour fait partie du Nord-Soudan, il y aura donc un besoin de réorganiser cet Etat faible depuis ses fondements », estime M. Minnawi.

Le chef historique de l’Armée de libération du Soudan (SLA) Abdelwahid Nour, ancien compagnon de combats de Minni Minnawi, a proposé la tenue d’une grande conférence de son mouvement à Paris afin de réfléchir sur l’avenir du Soudan et du Darfour.

Le SLA songe-t-il à une réunification? « Oui, nous en parlons et nous l’espérons », répond Minnawi. « Si on nous invite (à Paris) nous viendrons ».

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