Sénégal : cinquantenaire de l’indépendance sous le signe de la « Renaissance »

Le Sénégal célèbre ce week-end le cinquantenaire de son indépendance obtenue de la France le 4 avril 1960 avec des festivités marquées par l’inauguration d’un monument controversé de la « Renaissance africaine ».

Sénégal : cinquantenaire de l’indépendance sous le signe de la « Renaissance » © AFP

Sénégal : cinquantenaire de l’indépendance sous le signe de la « Renaissance » © AFP

Publié le 2 avril 2010 Lecture : 2 minutes.

Une trentaine de chefs d’Etat sont attendus, selon un communiqué officiel, et des défilés militaire et civil sont prévus dimanche à Dakar. La France devrait être représentée pour l’inauguration de la statue samedi par son ambassadeur Jean-Christophe Rufin et dimanche par son ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux.

Mais, malgré son importance, on ne voyait aucune banderole ou pancarte annonçant l’événement, jeudi soir dans la capitale.

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« La célébration de l’accession à l’indépendance devrait être un temps fort de mobilisation et de prise de conscience », a déclaré à l’AFP l’historien sénégalais Cheikh Faty Faye.

« Mais aujourd’hui, est-ce que notre peuple en a fait une prise de conscience (de l’indépendance)? Je n’en suis pas sûr », a-t-il ajouté.

Le territoire du Sénégal a été la porte d’entrée de la colonisation française en Afrique subsaharienne avec un comptoir créé en 1659 sur l’île de Saint-Louis dans le nord.

Ce pays ouest-africain, réputé pour sa stabilité politique, est également connu pour la cohabitation harmonieuse entre ses communautés et ethnies (wolofs, peuls, toucouleurs, sérères, diolas, mandingues, lébous, bassaris. . . ).

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La majorité de la population vit cependant sous le seuil de pauvreté et le chômage des jeunes y est très important. Par ailleurs, la région la plus au sud du pays, la Casamance, est en proie depuis 28 ans à une rébellion indépendantiste.

Abdoulaye Wade, 84 ans et au pouvoir depuis 2000, est le troisième dirigeant du Sénégal, qui a auparavant été dirigé par Léopold Sédar Senghor, un catholique, de 1960 jusqu’à sa démission, fin 1980, au profit de son Premier ministre, Abdou Diouf.

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Ce dernier, un musulman, présida ensuite le Sénégal jusqu’en 2000, avant d’être battu par le président Wade lors d’une alternance politique historique. Il dirige depuis 2002 l’Organisation internationale de la Francophonie.

Le chef de l’Etat entend faire de l’inauguration samedi du monument de la « Renaissance africaine », le point d’orgue des festivités de l’indépendance. Cette énorme sculpture de style soviétique, construite par les Nord-Coréens sur une colline de Dakar en bord de mer, est présentée comme plus haute que la statue de la Liberté à New York.

Sur le site du monument, à Ouakam, des ouvriers s’affairent aux derniers préparatifs. Des bulldozers et des agents de nettoiement déblaient les lieux dont l’accès est bouclé. Quelques badauds, du haut d’une colline voisine, regardent le spectacle.

« Le monument est joli mais je me demande si après (l’inauguration), des gens du petit peuple comme moi pourront le visiter », déclare Ousseynou Bâ, un commerçant d’une trentaine d’années.

Le coût estimé à plus de 15 millions d?euros mais surtout l’idée qu’un tiers des recettes puisse revenir à Abdoulaye Wade au titre de droits d’auteur comme concepteur de la statue, ont été vivement critiqués par l’opposition et la presse privée.

Des chefs musulmans sénégalais y ont même vu un symbole d’idôlatrie, dans un pays majoritairement musulman.

La principale coalition de l’opposition a appelé samedi matin à une marche à Dakar pour protester « contre toutes les dérives et tous les manquements du régime des Wade dont la moindre n’est pas cette horrible statue dite de la Renaissance africaine ».

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