Pékin signe un protocole avec 20 pays pour établir une banque régionale en Asie

La Chine et vingt autres pays ont signé vendredi un protocole d’accord visant à établir en Asie une banque régionale pour financer des infrastructures –et conçue comme un contrepoids à la Banque mondiale ou à la Banque asiatique de développement.

Pékin signe un protocole avec 20 pays pour établir une banque régionale en Asie © AFP

Pékin signe un protocole avec 20 pays pour établir une banque régionale en Asie © AFP

Publié le 24 octobre 2014 Lecture : 3 minutes.

Les 21 Etats –qui comprennent notamment l’Inde, Singapour, le Kazakhstan et le Qatar, mais pas le Japon– ont signé à Pékin un cadre d’accord pour la mise sur pied d’une « Banque asiatique d’investissements dans les infrastructures » (AIIB), a constaté l’AFP.

L’institution, dont le développement est surtout porté par la Chine –qui pourrait en être le principal bailleur de fonds–, sera dotée d’un capital initial de 50 milliards de dollars, et son siège sera situé à Pékin, selon les médias officiels chinois.

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Son objectif sera de répondre aux besoins croissants d’infrastructures, s’agissant de transports, barrages, ports, et autres, dans la région asiatique, ont indiqué des responsables en marge de la cérémonie de signature.

« En chinois, nous avons un vieux proverbe qui dit: si vous voulez devenir riche, construisez d’abord des routes ; je crois que cela décrit de façon concrète l’importance des infrastructures pour le développement économique », a déclaré à cette occasion le président chinois Xi Jinping.

Forte de trois décennies d’insolente croissance qui en ont fait la deuxième économie mondiale, la Chine se montre soucieuse d’accroître son rôle dans le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale (BM) et la Banque asiatique de développement (BAD) –encore dominés par l’Europe, les Etats-Unis et le Japon.

Les puissances émergentes des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) avaient créé en juillet leur propre banque et un fonds de réserves, affichant ouvertement leur désir d’élaborer une architecture financière distincte d’organisations jugées aux mains des pays occidentaux.

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Mais, hormis la Chine, seules deux des dix premières économies asiatiques figuraient parmi les pays signataires, vendredi, du protocole d’accord pour l’AIIB (l’Inde et Singapour).

Des géants économiques comme le Japon, la Corée du sud et l’Indonésie manquaient à l’appel.

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En revanche, on y trouvait –outre les Etats déjà mentionnés– la Birmanie, la Mongolie, la Malaisie, le Laos, le Koweït, le Cambodge, Brunei, le Bangladesh, le Népal, Oman, le Pakistan, les Philippines, le Sri Lanka, l’Ouzbékistan et le Vietnam.

Les pays signataires négocieront les détails du fonctionnement de la banque dans les prochains mois, et essaieront d’achever ces discussions d’ici fin 2015, a assuré le ministère des Finances singapourien.

-« Bonnes pratiques »-

Le Japonais Takehiko Nakao, président de la BDA (basée à Manille), a fait part de ses réserves.

« C’est un projet compréhensible, étant donné les besoins de financements dans la région (. . . ) mais nous attendons des détails » sur les membres et contributions respectives, avait-il déclaré jeudi devant des journalistes.

« Il est de la plus haute importance que la AIIB adhère aux meilleures pratiques internationales en termes d’appels d’offre et de standards environnementaux et sociaux pour les projets et programmes (qu’elle financent) », a-t-il averti vendredi dans un communiqué.

De son côté, le Japon a officiellement exprimé ses inquiétudes sur la nouvelle organisation, tandis que les Etats-Unis –selon des informations de presse– y seraient farouchement opposés.

Pékin s’est employé vendredi à déminer quelque peu les critiques, précisant être « en contact » avec Washington, Tokyo et Jakarta à ce sujet.

Xi Jinping lui-même s’est voulu rassurant: « Les opérations de l’AIIB devront suivre des règles et procédures multilatérales. Nous étudierons les bonnes pratiques des autres institutions multilatérales de développement », a-t-il insisté, plaidant pour « des échanges très interactifs ».

De son côté, Jim Yong Kim, président de la Banque mondiale, s’était montré plus accommodant.

Il avait évalué en juillet à « au moins » 1. 000 milliards de dollars par an les besoins d’infrastructures dans les pays en développement –bien davantage que ce que peuvent financer organisations existantes et investisseurs privés.

« Nous pouvons donc tout à fait travailler de bonne entente et de façon coopérative avec chacune de ces nouvelles banques, une fois qu’elles seront établies », avait-il expliqué, de passage à Pékin.

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