Enquête

Ramadan : quand la culture d’entreprise influence l’organisation du travail

Aménagement, tolérance ou absence totale de dispositions. Chaque entreprise a une conception bien différente de l’organisation du travail pendant le ramadan.

Par - à Afrique
Mis à jour le 30 mai 2018
Le marché central de la médina de Rabat, mai 2018. © Mosa’ab Elshamy/AP/SIPA

Mosa’ab Elshamy/AP/SIPA

Aménagement, tolérance ou absence totale de dispositions. Chaque entreprise a une conception bien différente de l’organisation du travail pendant le ramadan.

Le mois sacré du ramadan qui a débuté mi-mai, est une période qui peut être difficile pour les salariés musulmans. Entre la fatigue, les journées écourtées et une charge de travail qui reste identique, la productivité est susceptible de baisser. En 2015, une étude publiée par le Haut commissariat au plan marocain avait d’ailleurs conclu que les salariés consacrent 46 minutes de moins par jour au travail pendant le mois de jeûne. Le ramadan est donc un challenge pour les services de ressources humaines chargés à la fois de veiller au bien-être des équipes tout en garantissant la productivité. Mais selon la culture d’entreprise, l’organisation peut être très différente.

Compenser les obligations religieuses

Au Sénégal, Sémou Diouf, directeur des ressources humaines du groupe Patisen, spécialisé dans les bouillons et pâtes à tartiner, revoit totalement l’organisation du travail pendant le ramadan : « Nous réduisons les heures de pause pour pouvoir fonctionner par quarts sur l’ensemble de nos usines. Plusieurs équipes se relaient de 7h à 15h, de 15h à 23h et de 23h à 7h », explique-t-il. Et pour les équipes de nuit, les repas sont fournis, de la rupture du jeûne à 19h30, jusqu’au levé du soleil.

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Culture d’entreprise laïque

De manière générale pour le groupe sénégalais, les obligations religieuses sont prises en compte : « C’est un principe général, quand les chrétiens fêtent Noël, les musulmans travaillent plus et inversement pour les chrétiens lors du ramadan », souligne le DRH.

Mais toutes les entreprises ne fonctionnent pas sur le même principe. Au sein de la banque de détail Ecobank qui emploie près de 16 000 personnes, la culture d’entreprise se veut officiellement laïque et apolitique. Lors du ramadan, aucune disposition particulière n’est donc prise pour arranger les jeûneurs. Une source au sein de la filiale ivoirienne confie néanmoins ne pas être regardante sur les horaires des salariés musulmans pendant cette période : « Il n’y a rien d’officiel mais nous tolérons des aménagements ». Entre règlement officiel et arrangements officieux, il n’y a qu’un pas.