Recherche d’emploi

Abdoul Karim Bandé (Salomon Conseil) : « Ce sont les relations qui donnent l’emploi »

À la tête d’un cabinet de recrutement à Ouagadougou, Abdoul Karim Bandé livre son point de vue et quelques conseils aux jeunes diplômés qui cherchent un emploi pour la première fois.

Par - à Afrique
Mis à jour le 19 septembre 2018
Abdoul Karim Bandé, directeur général du cabinet Salomon Conseils © Gaston Sawadogo/Août 2018.

Gaston Sawadogo/Août 2018.

À la tête d’un cabinet de recrutement à Ouagadougou, Abdoul Karim Bandé livre son point de vue et quelques conseils aux jeunes diplômés qui cherchent un emploi pour la première fois.

Décrocher son premier emploi dans une entreprise est une préoccupation des nouveaux diplômés. À quel moment et comment s’y prendre ? Abdoul Karim Bandé, passionné du coaching et du développement personnel, par ailleurs directeur général de Salomon conseils, un cabinet burkinabè de recrutement, de formation et de conseils, livre son point de vue sur le sujet.

Quand on est jeune diplômé, quel est le moment idéal pour commencer à chercher son premier emploi ?

Si on attend d’être diplômé pour chercher, on est déjà en retard. Les jeunes diplômés doivent chercher l’emploi pendant qu’ils sont encore en formation. Cependant, il faut faire une distinction entre chercher l’emploi et commencer à travailler parce qu’il est extrêmement difficile d’étudier et travailler en même temps. La plupart de ceux qui décident de faire les deux abandonnent parce que cela demande beaucoup d’énergie et de temps. Et ce qu’ils abandonnent ce sont les études. Quand on est jeune et que nos parents sont capables de payer nos frais de formation, il vaut mieux aller jusqu’au bout des études avant de commencer à travailler.

Si on attend d’être diplômé pour chercher, on est déjà en retard. »

Comment trouver son premier emploi ?

Beaucoup de recrutement se font uniquement sur la base des relations. Quand on enclenche un processus de recrutement, on fait la sélection sur dossier, un test écrit, un test psychotechnique. Cela reste objectif. Dès qu’on arrive aux entretiens, la subjectivité entre en ligne de compte. Quand vous avez déjà une bonne appréhension de quelqu’un, vous allez lui être favorable. C’est le danger d’être inconnu, de ne pas avoir de relations. Vous pouvez être bon, mais vous êtes le seul à le savoir. Cela ne va pas vous profiter. Mais quand des gens qui sont au tour de vous, qui sont à des postes d’influence, vous font déjà confiance, cela peut vous faire gagner énormément. Donc on a besoin de relations pour chercher de l’emploi.


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De quel type de relation parlez-vous ?

Ce qui donne l’emploi, ce sont les relations d’affaires. Il s’agit d’une personne qui vous connait dans vos compétences, qui vous fait confiance et qui est prête à miser son capital relationnel sur vous. Ces relations d’affaire-là se construisent dans votre famille mais aussi à l’école. Il faut donc travailler à donner une bonne image de vous à vos parents et à vos enseignants.


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Comment se crée-t-on une relation d’affaire ?

Vous créez ce genre de relation si vous avez un certain type de caractère. Il y a trois types d’intelligence. D’abord le QI (le quotient intellectuel). C’est ce qui fait réussir à l’école mais dans la vie pratique il joue peu. Ensuite le QE (le quotient émotionnel). C’est lui qui fait réussir dans la vie pratique. Il compte à 75 ou 80 % dans la réussite des individus. Ce type d’intelligence se résume en réalité à du civisme, c’est-à-dire à la pratique de certaines valeurs morales parmi lesquelles le respect, l’honneur ou la serviabilité. Tous ceux qui l’ont sont naturellement respectueux et humbles. Enfin il y a le quotient financier qui est la capacité à faire fructifier l’entreprise.

Les professeurs sont des sources inépuisables de recommandations. »

Parlons de la recherche concrète d’emploi. Par où faut-il commencer ?

Il faut attirer l’attention sur soi. C’est la première chose à faire. Prenez un étudiant qui, à partir du premier ou du deuxième trimestre, va déposer un dossier de demande de stage pour débuter dans six mois ou un an. On va se dire : voilà un jeune homme ou une jeune femme sérieuse qui planifie, qui a de la diligence, qui est structuré, qui est stratégique. L’autre étape, ce sont les recommandations. Et les professeurs sont des sources inépuisables de recommandations. Malheureusement beaucoup d’étudiants n’entretiennent pas de relations avec leurs enseignants.


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Faut-il nécessairement avoir de l’expérience pour décrocher son premier emploi ?

Si vous n’avez aucune expérience, soit vous avez été recommandé soit vous avez peut-être été major de promotion. Quand vous êtes major vous bénéficiez de certaines faveurs parce que certaines entreprises veulent du sang neuf et des gens qui n’ont jamais travaillé pour pouvoir les formater. En dehors de cela, le cycle habituel exige une certaine expérience. On la demande parce que le diplôme n’est qu’une présomption de connaissance. Et c’est l’expérience confirme votre connaissance. Elle vous donne un peu de crédibilité et cette expérience, on la paie avec son temps, son énergie, son engagement.

Faut-il démarcher les grandes entreprises ou commencer par les start-up ?

Il faut aller dans les start-up, les petites et moyennes entreprises. Dans une grande entreprise, vous n’allez jouer aucun rôle. Tout est déjà structuré. On va vous donner des tâches à exécuter alors qu’il existe des start-up qui veulent des gens brillants, capables de leur apporter des solutions, pour leur donner la possibilité de travailler et de s’entraîner.