Universités

Étudier en France : ces universités qui n’augmenteront pas leurs tarifs

Après la décision du gouvernement français d’augmenter les frais de scolarité pour les étudiants extra-européens, une quinzaine d’établissements a décidé de maintenir leurs tarifs actuels pour la rentrée 2019.

Par - à France
Mis à jour le 1 février 2019
Huit universités françaises ont fait savoir qu’elles auraient recours à un décret de 2013 si le projet de réforme était mis en œuvre. © Robin Benzrihem/Unsplash

Robin Benzrihem/Unsplash

Après la décision du gouvernement français d’augmenter les frais de scolarité pour les étudiants extra-européens, une quinzaine d’établissements a décidé de maintenir leurs tarifs actuels pour la rentrée 2019.

Augmenter les frais de scolarité pour les étudiants non-européens dès la rentrée 2019. L’annonce du Premier ministre français Édouard Philippe avait fait bondir plusieurs représentants d’universités françaises le 19 novembre 2018. Aujourd’hui, elles sont près d’une quinzaine à formuler une « opposition de principe » à la hausse des frais d’inscription, qui devraient passer de 170 euros à 2 770 euros en licence, et de 243 euros à 3 770 euros en master et doctorat. Huit d’entre elles (Rennes 2, Lyon 2, Toulouse Jean-Jaurès, Nanterre, Angers, Aix-Marseille, Clermont-Auvergne, Rouen-Normandie) ont fait savoir qu’elles auraient recours à un décret de 2013 si le projet de réforme était mis en œuvre. Ce texte réglementaire permet d’exonérer 10 % des inscrits (hors étudiants boursiers et pupilles de la nation) de frais de scolarité quel que soit le pays d’origine.


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 Exclusion des plus modestes

Une décision motivée par la volonté de défendre un principe d’universalité ancré dans l’enseignement en France. « Cette mesure vient heurter une conception presque philosophique d’un égal accès à l’enseignement supérieur quelle que soit l’origine des étudiants et leur provenance », résume Jim Walker, vice-président en charge des relations internationales de l’université Lumière Lyon 2.

Des effets d’exclusion sont déjà palpables. « Ceux qui souhaitaient venir en France ont revu leur projet de mobilité. Cela touche surtout ceux qui ont peu de moyens », témoigne-t-il. L’université Paris 8 le constate déjà. Au sein de l’établissement qui détient le record de l’hospitalité en France avec 30 % d’étudiants étrangers en moyenne, les inscriptions venues de l’étranger ont chuté de 87 % par rapport à mi-janvier 2018.

Ces étudiants seront aussi nos futurs ambassadeurs à travers le monde. »

Vers une perte de doctorants étrangers

Philippe Augé, président de l’université de Montpellier, redoute ce scénario. Son université compte plus de 17 % d’étudiants internationaux. Sur l’année universitaire 2017-2018, elle a ainsi accueilli 8 380 étudiants internationaux dont 6 600 qui pourraient être concernés par la réforme. « Il est de notre responsabilité de développer l’accueil de ces étudiants dans le cadre de la défense de la francophonie et de l’aide au développement », précise-t-il.


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« Ces étudiants seront aussi nos futurs ambassadeurs à travers le monde. 50% de nos doctorants sont étrangers. Ce point est primordial dans un contexte international de plus en plus concurrentiel », ajoute le président de l’université de Montpellier.

Cruel manque de concertation

De manière globale, les représentants d’université estiment que la réforme est précipitée et inapplicable. Ils regrettent également le manque de concertation pour trouver des réponses adaptées. De nombreux points demeurent flous, notamment sur les exonérations prévues, les modalités de déploiement et la mise en place des bourses dont le nombre doit tripler. Les universités comptent sur le ministère pour amorcer une négociation avec l’ensemble des parties prenantes avant la divulgation de l’arrêté fin mars.

Reste à savoir si le dialogue est ouvert. La ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal avait rappelé les frondeurs à leur « devoir d’obéissance et de loyauté » au Sénat le 16 janvier dernier.