Chiffres

Maroc : 72 % des cadres salariés sont démotivés au travail

Une étude menée au Maroc auprès de 1 900 cadres conclut que ces derniers se désengagent de plus en plus de leur travail par manque de perspectives d’évolution salariale et professionnelle.

Par - à Maroc
Mis à jour le 25 avril 2019
Un salarié au siège du groupe Holmarcom à Casablanca. © Hassan Ouazzani/Jeune Afrique/2014.

Hassan Ouazzani/Jeune Afrique/2014.

Une étude menée au Maroc auprès de 1 900 cadres conclut que ces derniers se désengagent de plus en plus de leur travail par manque de perspectives d’évolution salariale et professionnelle.

Globalement stressés et découragés, les cadres marocains semblent être entrés depuis deux ans dans une insoluble torpeur. C’est du moins ce qu’il ressort de la seconde édition de l’enquête menée par le site d’offre d’emploi marocain Rekrute, sur le moral des cadres au royaume chérifien. Elle a interrogé par mail 1 926 cadres diplômés au minimum d’un Bac+4 et travaillant depuis au moins deux ans, dont 30 % de femmes.


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Insatisfaction salariale

D’après l’étude, en 2019, la part des cadres démotivés a augmenté de 12 points, passant à 72 % contre 60 % en 2017. Une baisse de moral qui s’explique notamment par des ambitions non satisfaites sur le salaire et l’évolution de carrière. Alors que la rémunération est perçue par les sondés comme le premier facteur de motivation, 66 % d’entre eux estiment qu’ils sont insuffisamment payés.

63 % des sondés estiment que les moyens mis en place pour atteindre leurs objectifs ne sont pas satisfaisant.

Concernant les plans de carrière, 63 % des sondés estiment que les moyens mis en place pour atteindre leurs objectifs ne sont pas satisfaisant. Résultat, le manque d’évolution professionnelle prend la première place des causes de la démotivation des cadres marocains cette année, devant les rémunérations insuffisantes.


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De ces deux revendications non assouvies, découle un manque de reconnaissance qui concerne 66 % des cadres sondés cette année, contre 54 % en 2017. Pour trois-quarts des répondants, ce sentiment est alimenté par le fait que les entreprises ne prennent pas de mesures en faveur du bien-être au travail.

Une frustration qui augmente

Rongés par ces frustrations, les cadres tournent le dos à leur entreprise : près de la moitié des sondés disent ressentir de l’indifférence vis-à-vis de leur entreprise et 13 % nourrissent un sentiment de rejet.


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Les dangers du désengagement des salariés

S’il se généralise, le désengagement peut s’exprimer par du présentéisme, c’est-à-dire une situation où les salariés viennent au bureau mais ne travaillent pas. Ce phénomène est une menace bien réelle pour les entreprises. Plusieurs études sur le sujet, notamment celle de Gary Johns de l’université Concordia de Montréal, ont montré qu’il pouvait coûter deux fois plus cher que l’absentéisme car il est difficilement identifiable et aboutit sur une baisse de la productivité pour une masse salariale identique. Dans ses formes les plus extrêmes, le désengagement amène également à des comportements de sabotage de l’entreprise.