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Au Sénégal, les formations dans l’hôtellerie de luxe rayonnent au-delà des frontières

Depuis quelques années, l’offre sénégalaise de formations dans l’hôtellerie et la restauration monte en gamme pour fournir les groupes internationaux en managers spécialisés dans l’hospitality management.

Par - à Panafricain
Mis à jour le 13 mai 2019
Vue du Radisson Blu de Dakar. © Youri Lenquette/2014.

Youri Lenquette/2014.

Depuis quelques années, l’offre sénégalaise de formations dans l’hôtellerie et la restauration monte en gamme pour fournir les groupes internationaux en managers spécialisés dans l’hospitality management.

Face au boom de l’hôtellerie en Afrique et la nette volonté des géants du secteur tels que Marriott, Accor, Hilton ou encore Radisson d’accélérer leur développement sur le continent, les besoins en compétences sont criants. Au Sénégal, il existe déjà plus d’une vingtaine d’écoles hôtelières formant aux métiers techniques de la cuisine, de la restauration, de la réception ou de l’hébergement. La pionnière est l’École nationale de formation hôtelière et touristique de Dakar, une institution vieille d’un demi-siècle. En revanche, rares sont les écoles qui forment des professionnels de l’hospitality management c’est-à-dire des cadres intermédiaires, futurs responsables commerciaux, marketing et événementiel spécialisés dans les hôtels de marque.

Hospitality management

À l’image d’un secteur extrêmement mondialisé, leur titre de poste sont anglicisés : ils sont revenue managers, guest relation managers ou encore food and beverage managers. « À ce niveau de compétences, les hôteliers ne font pas appel à des expatriés. C’est là qu’ils sont le plus démunis », souligne Magatte Diop, directrice générale de l’Institut Thelma. Créée en 2015, à l’initiative de l’école de commerce sénégalaise BEM Dakar et avec le soutien de l’École supérieure internationale de Savignac, près de Bordeaux (France), l’école est l’une des premières à s’être saisi de la question.


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À la rentrée prochaine, l’Institut Thelma ouvrira un nouveau bachelor en quatre ans en partenariat avec l’université américaine Fort Hays State University (FHSU). Les trois premières années de formation spécialisée dans l’hospitality management se feront à Dakar, la quatrième aux États-Unis.

Les étudiants auront également la possibilité d’effectuer un stage d’un an outre-Atlantique. Pour couvrir une partie de leurs frais de scolarité, qui s’élèvent à 4 millions de franc CFA par an à la FHSU (environ 6 100 euros), contre 2,5 millions de francs CFA à l’Institut Thelma. Une négociation est cours afin que l’université américaine offre des bourses d’études.

Au Sénégal, un manager junior gagne entre 300 000 et 500 000 francs CFA par mois.

À son lancement, en 2015, l’Institut Thelma avait déjà bénéficié de la notoriété et de l’expérience de l’École supérieure internationale de Savignac. Ses étudiants ressortent diplômés des deux institutions et peuvent étudier durant un semestre en France.

Parmi la douzaine de lauréats de 2018, la moitié a été embauchée en stage de longue durée au sein du groupe Accor dans l’Hexagone. « Nous essayons de les convaincre qu’ils avanceront plus rapidement dans leur carrière ici qu’en France mais les salaires passent du simple au double, voire au triple », regrette Magatte Diop. Au Sénégal, un manager junior gagne entre 300 000 et 500 000 francs CFA par mois (entre 457 et 762 euros). L’Institut Thelma a noué divers partenariats avec les hôtels de la capitale sénégalaise : outre le groupe Accor, qui a embauché deux alumnis, le Terrou-Bi, le King Fahd Palace ou encore la Villa Racine accueillent aussi des étudiants.


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Formation continue

D’année en année, les promotions grandissent. En 2019, l’Institut Thelma qui forme aussi des étudiants venus du Cameroun, de RD Congo, du Gabon, du Maroc, de Côte d’Ivoire, du Tchad ou encore du Togo, comptera seize nouveaux diplômés. En 2020 ils seront 28.

Ces derniers peuvent poursuivre leurs études en master. Depuis deux ans, l’école est en effet partenaire de l’IAE de la Rochelle, en France. Ce cursus accueille près de 30 % de professionnels, qui ont plus de dix ans d’expérience et souhaitent réorienter leurs carrières vers ces métiers porteurs. « Il y a aussi de gros besoins dans le secteur de la restauration », insiste Magatte Diop, actuellement en discussion avec de nouveaux partenaires.

Un manager doit savoir recruter et encadrer ses salariés, il doit donc connaître les services opérationnels. »

Un enseignement complet

À Dakar, l’institut Thelma s’est créé en même temps que l’Institut Vatel, un concurrent de taille. Créée à Lyon en 1981, l’institution française est partenaire depuis 2006, sous contrat de franchise, de l’Université Privée de Marrakech (UPM). Celle-ci a ouvert un campus à Dakar il y a quatre ans, qui propose une formation aux métiers de management dans l’hôtellerie internationale.

« Nous offrons une formation polyvalente, qui repose sur le système d’alternance », résume Dr Mohamed Sabri, directeur de Vatel Marrakech. Quinze jours par mois, tous les étudiants de bachelor travaillent au sein des hôtels partenaires de la ville. Ils passent d’abord par les métiers techniques avant de s’attaquer aux métiers support. « Un manager doit savoir recruter et encadrer ses salariés, il doit donc connaître les services opérationnels », renchérit Dr Sabri. À leur sortie, les diplômés ont acquis aussi bien des connaissances en ressources humaines, en économie touristique, en contrôle de gestion ou en marketing pour prendre des postes de responsables de département ou de directeur d’établissement, qu’ils maîtrisent les bases du métier.


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Grâce à cette formation pratique, chaque étudiant a la possibilité de découvrir plus d’une dizaine d’hôtels, à raison d’un par semestre en alternance et à chaque stage de fin d’année. Comme à Marrakech où l’Institut Vatel travaille de concert avec le groupe Accor et Golden Tulip, les chaînes marocaines Kenzi et Mogador ou encore le Club Med, les hôteliers de Dakar jouent le jeu. Parmi eux, figurent le Radisson Blu, le Yaas ou encore le Terrou-Bi.

Ambitions panafricaines

Les promotions de Vatel – une dizaine d’élèves par années – y sont nettement plus réduites qu’à Marrakech où les 480 étudiants peuvent également s’exercer au sein de l’hôtel d’application de l’école, composé d’une quarantaine de chambres. Ce diplôme internationalement reconnu a toutefois son prix : compter 6 500 euros environ, par année de formation au Maroc.

À l’inverse de l’Institut Thelma dont le spectre ne s’étend qu’au Sénégal, le réseau Vatel nourrit des ambitions panafricaines. Il devrait bientôt s’implanter à Abidjan et à Brazzaville.