Cedeao : comment en finir avec la schizophrénie du Nigeria

Le géant nigérian devrait être la locomotive de la Cedeao. Mais il se révèle au contraire un frein à l’intégration régionale.

Le président nigérian, Muhammadu Buhari, le 29 octobre 2015. © Manish Swarup/AP/Sipa

Le président nigérian, Muhammadu Buhari, le 29 octobre 2015. © Manish Swarup/AP/Sipa

ProfilAuteur_AlainFaujas

Publié le 29 juillet 2020 Lecture : 6 minutes.

Sommet extraordinaire du 14 septembre 2019, à Ouagadougou, consacré à la lutte contre le terrorisme et à l’avenir du G5 Sahel. © ISSOUF SANOGO/AFP
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Cedeao, il était une fois dans l’Ouest

Quinze États membres, 375 millions d’habitants, des institutions qui embrassent tous les sujets économiques et s’attellent à résoudre les crises… Quarante-cinq ans après sa création et malgré les turbulences actuelles, l’organisation régionale maintient le cap.

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Les Nigérians souffrent d’une sorte de schizophrénie par rapport à la Cedeao. Pères fondateurs de la Communauté, ils ralentissent aujourd’hui l’intégration régionale. Alors qu’ils pourraient être les grands bénéficiaires de ce marché commun, ils se barricadent derrière leurs frontières pour un oui ou pour un non.

Bien qu’il dispose d’un patronat très dynamique, qui rêve de développer ses activités dans la sous-région, le pays a peur de la concurrence de ses voisins, qu’il considère comme déloyaux. Le géant nigérian se pose en gendarme de l’Afrique de l’Ouest sans assumer les responsabilités que cela implique.

Les causes de cette attitude paradoxale sont nombreuses. Avec près de 200 millions d’habitants, le Nigeria est le pays le plus peuplé d’Afrique. Ce qui lui confère un poids économique considérable, puisqu’il contribue à hauteur de 67 % au produit intérieur brut (PIB) de la Cedeao. Le boom pétrolier des années 1990-2000 et son avalanche de milliards de dollars ont conforté les dirigeants nigérians dans leur nationalisme, voire parfois dans une arrogance critiquée en Afrique de l’Ouest.

« Vision passéiste »

L’histoire explique aussi ce comportement. « Je suis toujours frappé du mépris dont les Nigérians font preuve à l’égard de leurs voisins francophones, qu’ils considèrent comme des valets de l’impérialisme français », explique Marc-Antoine Pérouse de Montclos, directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD). La position de Paris et d’Abidjan en faveur des sécessionnistes sudistes du Biafra et la guerre qui a ensanglanté le pays (1967-1970) n’y sont sans doute pas pour rien dans cette sourde hostilité.

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