Cotonou se réinvente (4/5) : le très haut débit enfin au rendez-vous ?

Alors qu’Isocel, seul acteur privé du secteur, achève la première phase de couverture du Grand Cotonou, le public SBIN (ex- Bénin Télécoms et Libercom) fourbit ses armes.

Enfouissement de câbles électriques et de fibre optique près du port autonome, en septembre. © Vincent Fournier pour JA

Enfouissement de câbles électriques et de fibre optique près du port autonome, en septembre. © Vincent Fournier pour JA

Julien_Clemencot

Publié le 12 novembre 2020 Lecture : 3 minutes.

Asphaltage du boulevard de la Marina, à Cotonou,  en septembre 2020. © Vincent Fournier pour JA
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Cotonou se réinvente : cinq projets qui changent la ville

Nouveaux quartiers, modernisation des équipements et des services, sécurisation du front de mer… Nombre de chantiers ont profondément transformé Cotonou.

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À Cotonou, ceux qui peuvent se connecter au web grâce à la fibre optique sont encore rares. L’agglomération accuse en ce domaine un peu de retard sur les autres métropoles côtières de la région, comme Abidjan, Lomé, Lagos, Accra ou Dakar.

Seuls 3 500 foyers, entreprises et administrations du centre-ville et des quartiers du front de mer profitent du très haut débit. Mais, d’ici à quatre ou cinq ans, plus de 60 000 abonnés pourraient y avoir accès.

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Achevé en 2018, le Projet gouvernemental de développement des infrastructures des télécommunications et des TIC (PDI2T) a doté le pays d’un réseau de transport en fibre optique de 2 000 km qui permet d’acheminer la capacité internet apportée par l’intermédiaire de câbles sous-marins SAT-3 et ACE sur tout le territoire.

Isocel, seul acteur privé dans la fibre

Dans l’agglomération cotonoise, ce maillage a été complété par des boucles de distribution sur lesquelles les fournisseurs d’accès à internet (FAI) peuvent brancher leur réseau pour amener le très haut débit jusque dans les bureaux et les habitations.

Sur le boulevard de la Marina et dans le quartier résidentiel Cen-Sad, une vingtaine d’employés d’Isocel, reconnaissables à leurs tenues bleues et à leurs chasubles vertes, posent actuellement une centaine de mètres de fibre optique chaque semaine. Ils achèvent la première phase de couverture du Grand Cotonou.

L’entreprise, qui a déjà posé 90 km de fibre dans le cadre de ce projet, veut étendre son réseau sur 500 km. Elle est le seul acteur privé à avoir investi ce créneau après l’adoption du nouveau code des télécommunications, il y a deux ans.

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Prêt attractif

Pour passer à la vitesse supérieure et engranger au moins 10 000 clients dans les cinq ans, son PDG, Robert Aouad, a négocié un financement de 6 millions d’euros avec la Banque publique d’investissement (BPI) française. Principale contrepartie : utiliser des fournisseurs français, pour un montant égal à au moins 50 % de celui du projet.

La fibre sera fournie par l’usine Acome, de Normandie (nord de la France), posée par Sagecom, partenaire d’Isocel sur la première phase du projet, et l’ensemble des travaux se fera sous la surveillance d’un cabinet français.

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« Le prêt consenti par la BPI était très attractif. Assurance incluse, le taux d’intérêt n’est que de 4 %, alors qu’il faut compter au moins 10 % pour un crédit de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) et encore plus avec les banques commerciales locales », explique Robert Aouad.

Pour pouvoir proposer une offre de départ de 25 euros pour un débit de 10 mégabits/sec, Isocel pose sa fibre en hauteur, l’accrochant aux poteaux électriques, ce qui, en évitant de creuser des tranchées pour l’enterrer, divise le coût d’installation par deux ou trois et réduit le coût du raccordement à moins de 5 000 F CFA.

« Le développement du secteur numérique repose sur la complémentarité d’investissements publics et privés, c’est essentiel », se félicite Serge Adjovi, directeur général de l’Agence pour le développement du numérique.

Saine concurrence

Car Isocel devra compter avec la concurrence de la Société béninoise d’infrastructures numériques (Sbin), qui réunit les actifs des ex-filiales de Bénin Télécoms et de l’opérateur mobile Libercom. L’opérateur public, qui gère aussi les infrastructures de transport et les boucles métropolitaines, sert déjà 3 000 abonnés et espère en conquérir 50 000 en moins de quatre ans.

« Nous avons des offres depuis le début de l’année, mais nous attendions que la Sbin soit opérationnelle pour en faire la promotion », explique son directeur général, Marc-André Akinolu Loko.

Pour le moment privés de licences fixes, les opérateurs mobiles Moov et MTN regardent ce marché leur échapper, mais cela ne durera pas, anticipe Serge Adjovi. De bon augure pour les Cotonois, professionnels et particuliers, pressés de goûter au très haut débit.

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