À Kigali, une fabrique de businessmen nommée ALU

L’African Leadership University accueille des étudiants de tout le continent sur son campus rwandais. Un seul objectif : développer l’autonomisation et l’innovation.

Quartier d’affaires de Kigali (Rwanda), en mai 2017. © Vincent Fournier/Jeune Afrique-REA

Quartier d’affaires de Kigali (Rwanda), en mai 2017. © Vincent Fournier/Jeune Afrique-REA

Publié le 18 décembre 2020 Lecture : 3 minutes.

« Si vous apprenez quelque chose, partagez-le. » Le professeur rwandais Daniel Namanya assène son message à une trentaine d’étudiants fraîchement arrivés sur le campus de l’African Leadership University (ALU), à Kigali. La rentrée a été reportée à janvier en raison de la pandémie, mais une poignée d’élèves vient pour une mise à niveau en anglais.

Ils viennent d’Angola, du Sénégal, du Rwanda, du Congo… Dans deux mois, ils suivront, aux côtés de 400 camarades, le programme sur le leadership commun à tous en première année.

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« L’Afrique a besoin de solutionneurs de problèmes, explique Gaidi Faraj, le doyen. Nous préparons nos élèves à un futur incertain. On ne veut pas qu’ils soient conformistes. On les pousse à se connaître, à identifier leurs passions. »

Une approche différente

Trônant au sommet d’une colline, au cœur de la Kigali Innovation City, le hub technologique de la capitale rwandaise, l’université panafricaine mise sur une approche pédagogique alternative fondée sur l’apprentissage des « métacompétences ». Des aptitudes telles que savoir diriger les autres, gérer des tâches complexes, développer son esprit critique ou encore savoir communiquer pour avoir un impact.

Après l’île Maurice, qui a reçu le premier campus en 2015, le choix du Rwanda pour abriter le deuxième établissement en 2017 n’est pas un hasard. « Le pays reflète une Afrique qui marche et il a une vision similaire à la nôtre, futuriste. L’entrepreneuriat est au cœur de son système », détaille Gaidi Faraj, ancien élève de l’Université de Californie, à Berkeley, maintenant à la tête du campus rwandais.

Kigali s’est métamorphosée en ville ruche où fourmillent start-up, incubateurs et jeunes talents de la high-tech.

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À l’intérieur du bâtiment en briques rouges d’allure moderne, les citations de leaders africains ornent les murs, accolées à des fresques futuristes aux couleurs vives. Les paroles de Nelson Mandela, Patrice Lumumba, Thomas Sankara, semblent résonner dans les allées désertées, Covid-19 oblige.

Ici les salles de classe s’appellent des « laboratoires d’apprentissages », un immense fab-lab occupe le rez-de-chaussée, et un centre de bien-être permet de se reposer et de réfléchir. La formation s’élève à 4 000 dollars l’année. Elle peut être financée par des bourses ou un système de prêts sans intérêts.

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Des solutions entre Africains pour le continent

Nghombombong Minuifuong, étudiant camerounais inscrit en dernière année du programme de commerce international, a choisi ALU pour cette approche pratique de l’éducation.

« On nous demande de développer des stratégies, de résoudre des problèmes pour des entreprises », précise l’élève de 29 ans qui devrait être diplômé en février prochain. Il a ainsi dû développer en classe une stratégie d’expansion en Afrique de l’Est pour un fabricant kényan de trampolines.

Une marque à laquelle les décideurs font confiance

Et il a effectué un stage obligatoire dans une entreprise camerounaise, dont il retient les techniques de marketing, les clés pour pénétrer un nouveau marché… Autant d’outils qu’il met désormais à profit dans Bongalo, la start-up spécialisée dans la réservation de logements à l’étranger qu’il a lancée il y a deux ans.

« ALU, c’est aussi une marque à laquelle les décideurs font confiance. C’est un grand réseau où l’on trouve des solutions entre Africains, et pour le continent. »

À cette approche pragmatique s’ajoutent les qualités humaines valorisées par l’université. « Cette année, j’ai appris à être davantage empathique », raconte Hannah Christa, élève rwandaise de 20 ans qui suit le programme « défis mondiaux ».

Une capacité qu’elle a immédiatement mise en œuvre dans son travail de bénévole au sein de la Fondation Imbuto de la première dame, Jeannette Kagame, qui intervient dans l’éducation.

« On apprend à suivre ses passions, remarque la jeune femme à l’allure de basketteuse. Les miennes sont le sport et l’éducation. Mes professeurs m’épaulent pour affiner un projet de carrière qui allierait les deux. » L’étudiante rêve d’intégrer le comité olympique. « Et ici on me répète chaque jour que c’est à portée de main ! »

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