Qui sont les nouveaux leaders catholiques d’Afrique ?

Si aucun évêque ou cardinal africain ne semble aujourd’hui exercer une influence prépondérante au niveau mondial, quatre noms commencent à s’imposer sur le continent.

L’archevêque de Kinshasa, Fridolin Ambongo. © Andrew Medichini/AP/SIPA

L’archevêque de Kinshasa, Fridolin Ambongo. © Andrew Medichini/AP/SIPA

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Publié le 3 décembre 2020 Lecture : 2 minutes.

 © Nicolas Ortega pour JA
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Quel leadership pour l’Afrique ?

Si certaines figures politiques, économiques, scientifiques ou religieuses africaines allient charisme et efficacité, peu sont aussi populaires, galvanisantes et respectées que Bourguiba, Sankara ou Mandela. Les temps ont changé, les attentes des citoyens aussi. Enquête sur ces leaders qui pourraient aujourd’hui et demain, inspirer et conduire le changement.

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« Jadis, quand le cardinal congolais Laurent Monsengwo Pasinya ou celui camerounais Christian Tumi s’exprimaient sur un sujet, tout le monde écoutait ! », se souvient un religieux originaire de RDC en poste au Vatican.

« Aujourd’hui, force est de constater qu’aucun évêque ou cardinal africain n’a une telle influence, ni à Rome ni sur le continent », regrette le jésuite camerounais Ludovic Lado, spécialiste des questions de gouvernance, et notamment de l’Église catholique. Installé à N’Djamena, ce religieux en délicatesse avec les autorités de son pays, qu’il n’hésite pas à critiquer sévèrement, note une forme de « dépersonnalisation » de l’influence catholique dans la politique en Afrique, qui pèse moins qu’avant, et désormais surtout par le biais de certaines conférences épiscopales ou organisations de fidèles, essentiellement en RDC et au Burundi. « On n’entend plus guère les évêques du Congo Brazzaville et du Cameroun critiquer les autorités politiques comme il y a quelques années », relève-t-il.

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Un Ghanéen et un Congolais en tête

Néanmoins, les deux mêmes noms reviennent quand on interroge les connaisseurs de l’Église catholique sur les pasteurs catholiques africains actuellement les plus influents : le Ghanéen Peter Turkson et le Congolais Fridolin Ambongo.

« Mgr Turkson est une figure-clé à Rome. Malgré quelques maladresses de communication – notamment sur les relations avec l’islam en 2012 –, il a gagné la confiance du pape François, qui l’a nommé à la tête du nouveau dicastère pour le service du développement humain intégral, sorte de super-ministère du Vatican créé par ses soins en 2016. À 72 ans, il est chargé à la fois des questions de justice et de paix, mais aussi d’écologie et d’action caritative, clés pour le souverain pontife » fait valoir notre religieux congolais installé à Rome.

Quant à Mgr Ambongo, créé cardinal en 2019, il a succédé au cardinal Monsengwo à la fois comme archevêque de Kinshasa, mais aussi et surtout comme membre représentant le continent au Conseil des cardinaux du pape, où il a été nommé en octobre dernier. « Tout le monde pensait qu’après Monsengwo, le pape François choisirait pour son conseil un évêque ou un cardinal du continent originaire d’un autre pays que la RDC, plutôt anglophone ou lusophone, en suivant une logique d’alternance géographique ou linguistique. Mais il a fait le choix d’une personnalité qu’il apprécie, qui fait preuve comme lui d’un franc-parler qui fait sans doute défaut à nombre d’ecclésiastiques africains », analyse notre religieux congolais.

Un Guinéen et un Centrafricain à suivre

Plusieurs fidèles catholiques interrogés par JA évoquent aussi le cardinal guinéen Robert Sarah, qui bénéficie de l’estime d’une bonne partie du clergé subsaharien, plutôt conservateur sur les questions liturgiques. Mais son radicalisme doctrinal et ses critiques récurrentes des positions d’ouverture du pape François lui valent aussi quelques inimitiés. Certains lui reprochent également de s’être éloigné du continent en s’installant à Rome en 2001. Mais aussi d’être appuyé par des associations catholiques ultra-conservatrices européennes et américaines, qui auraient fait de lui leur champion contre le pape François.

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S’il est encore trop jeune – 53  ans – et pas assez connu à Rome pour être reconnu comme un leader catholique de premier plan, il faudra néanmoins suivre l’archevêque de Bangui Dieudonné Nzapalainga, apprécié par le pape François pour son implication pour la paix en Centrafrique. Créé cardinal en novembre 2016 par le souverain pontife, il est considéré par beaucoup comme une figure montante du catholicisme.

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