Le traitement du cancer fait leurs affaires

Le suédois Elekta et l’américain Varian en tête, les spécialistes de la radiothérapie veulent équiper l’Afrique en technologies de pointe.

En mai, Elekta a signé des contrats avec une douzaine 
de pays du continent. © ELEKTA

En mai, Elekta a signé des contrats avec une douzaine de pays du continent. © ELEKTA

Publié le 24 septembre 2015 Lecture : 3 minutes.

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Bien que leurs hôpitaux soient rarement équipés d’appareils permettant des diagnostics précis, la plupart des pays africains sont aujourd’hui capables de diagnostiquer les cancers. Mais très peu disposent des moyens pour les traiter. « Seuls le Maroc, l’Égypte et l’Afrique du Sud peuvent actuellement s’équiper en matériel de radiothérapie de pointe », estime Van Phuc Le, directeur commercial pour l’Afrique subsaharienne du fabricant suédois Elekta, leader sur le continent.

Pourtant, depuis deux ans, les fabricants mondiaux d’appareils de radiothérapie et de radiochirurgie (comme Elekta ou les américains Varian et Accuray) s’intéressent aux marchés africains. Leur discours est simple : le cancer tue en Afrique plus de personnes que le sida, le paludisme et la tuberculose, et le nombre de nouveaux cas détectés atteindra 1,6 million par an à l’horizon 2020, d’après l’OMS.

Elekta a ainsi annoncé s’être engagé à livrer des appareils à une douzaine de pays

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Or peu de pays sont en mesure d’utiliser la radiothérapie parmi les différents traitements contre le cancer. Sur le continent, on a plus souvent recours à la chirurgie et à la chimiothérapie. Certains continuent même d’utiliser le cobalt, un procédé ancien jugé dangereux mais parfois considéré comme un moindre mal.

Pour les fabricants, les pays africains doivent directement passer à l’utilisation de matériel de pointe. En mai, Elekta a ainsi annoncé s’être engagé à livrer des appareils à une douzaine de pays, en lien avec leurs ministères de la Santé. Parmi ceux-ci figurent l’Angola, le Kenya, l’Ouganda, le Sénégal et le Bénin, à raison de deux machines en moyenne chacun (soit une capacité de traitement de 1 000 patients par an), dont le prix varie de 700 000 à 3 millions d’euros.

Pour un coût d’environ 5 millions d’euros, et avec la collaboration d’experts français, le Bénin « va passer directement à la VMAT [volumetric modulated arc therapy], une technologie qui protège mieux les organes sains, explique Van Phuc Le. Le président béninois a compris que l’on pourrait soigner près de 1 500 personnes pour un montant équivalent à celui dépensé pour envoyer 600 fonctionnaires se faire soigner à l’étranger ».

L’Algérie, qui malgré ses pétrodollars a longtemps tardé à mettre en œuvre son plan cancer, semble être aussi passée à la vitesse supérieure. Le pays a annoncé des accords aussi bien avec Elekta, qui doit équiper en accélérateurs linéaires sept centres de radiothérapie, qu’avec Varian, le numéro un mondial. Ce dernier, qui s’est installé cette année à Alger dans le cadre d’une coentreprise, a signé en 2014 un contrat de plus de 40 millions d’euros pour équiper six centres de lutte contre le cancer.

Le manque d’argent n’est pas la seule explication du retard pris par le continent, selon le docteur Adama Ly

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Signe de l’intérêt porté aux nouveaux marchés africains, Dow Wilson, le PDG de Varian, a été nommé en novembre 2014, aux côtés de quatorze autres patrons, au sein du conseil présidentiel sur le commerce en Afrique mis en place par l’administration Obama.

Le manque d’argent n’est pas la seule explication du retard pris par le continent, selon le docteur Adama Ly, fondateur du réseau Afrocancer. « Le manque de volonté politique est criant, affirme-t-il. Ce sont des programmes de santé publique que nos gouvernements doivent mettre en place, avec une formation de spécialistes à tous les niveaux. »

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Les fabricants en sont conscients, qui investissent dans ce secteur. Elekta a ainsi mis en place un centre de formation au Cap, en Afrique du Sud, tandis que Varian développe son programme « Access to Care ». « Des initiatives bienvenues si elles concernent la formation sur les équipements des fabricants, estime Adama Ly. Mais il faut veiller à ce que ces entreprises ne rendent pas les États partenaires dépendants de leurs technologies. »

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