Aboubaker Omar Hadi : « Les vrais concurrents de Djibouti sont à Djeddah et à Salalah »

Réputé pour son travail à la tête de l’Autorité des ports et zones franches, le président de l’Autorité des ports et zones franches de Djibouti a une nouvelle mission : créer un gigantesque complexe logistique de 3 500 hectares.

« Nous avons enregistré une croissance de 22 % de nos rotations », affirme le responsable. © VINCENT FOURNIER/J.A.

« Nous avons enregistré une croissance de 22 % de nos rotations », affirme le responsable. © VINCENT FOURNIER/J.A.

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Publié le 27 novembre 2015 Lecture : 2 minutes.

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Djibouti : quel avenir ?

À cinq mois de la présidentielle et dans un environnement chaotique, le pays confirme sa position de plateforme militaire et commerciale. Beaucoup reste cependant à faire en matière de développement et de démocratisation.

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Architecte de la transformation économique de Djibouti bénéficiant de toute la confiance du président, Ismaïl Omar Guelleh, Aboubaker Omar Hadi est l’une des personnalités les plus influentes du pays. Sa gestion de l’Autorité des ports et zones franches (DPFZA) de Djibouti depuis 2011 lui vaut une réputation de travailleur infatigable. Après avoir effectué une partie de sa carrière à Lagos, ce quinquagénaire originaire de Dikhil, « la ville de l’unité », doit aujourd’hui relever un défi colossal : la création d’une zone franche de 3 500 hectares, susceptible de générer 340 000 emplois dans les dix ans à venir.

Jeune Afrique : La zone franche de Djibouti devrait passer de 17 à 3 500 hectares dans un futur proche. Ce projet est-il justifié économiquement, sachant que l’investissement total avoisinera les 3,5 milliards de dollars ?

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Aboubaker Omar Hadi : Notre pays est pionnier dans ce domaine en Afrique, puisque l’ancêtre de la zone franche, le port franc de Djibouti, remonte à 1954. Nous avons des atouts : une stabilité politique et monétaire, une économie libérale et des infrastructures portuaires modernes et très développées. La zone franche portuaire, implantée au début des années 2000, a rencontré un grand succès puisqu’elle affiche complet ! Nous recensons 168 sociétés de 39 nationalités différentes. Nous avons donc décidé d’anticiper et de changer d’échelle, en travaillant sur un projet très ambitieux, un espace de 3 500 hectares qui englobera les trois ports situés à Doraleh.

La livraison d’une centrale thermique à charbon, construite par les Chinois, est attendue d’ici à deux ans.

Les marchandises pourront circuler entre les docks, les hangars et les usines implantées dans la zone franche. Des privés investiront dans la fourniture d’énergie, car les besoins additionnels sont estimés à 3 500 mégawatts. La livraison d’une centrale thermique à charbon, construite par les Chinois, est attendue d’ici à deux ans. Nous voulons aussi que les ports de Tadjourah et du Goubet disposent de leur propre zone franche et d’un site de production électrique.

Pensez-vous que la croissance du trafic va suivre ? Sur quels marchés comptez-vous vous positionner ?

Le ralentissement de l’économie mondiale n’a pas affecté notre activité, puisque nous avons enregistré une croissance de 22 % de nos rotations, à l’import et à l’export. Nos marchés « naturels » sont d’abord l’Éthiopie et le Soudan du Sud, mais d’autres pays sont maintenant ravitaillés à partir de Djibouti, par exemple le Yémen, la Somalie, voire le Kenya. Djibouti est devenu un véritable port de transbordement, avec des installations performantes qui permettent de réduire les coûts et les délais. Nos vrais concurrents se trouvent à Djeddah [Arabie saoudite] et à Salalah [Oman].

L’État doit assurer le relais en s’appuyant sur les financements internationaux disponibles.

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Quel sera l’impact, en matière d’emploi, de cette future « méga-zone franche » ?

Considérable, puisque les estimations parlent de la création de 340 000 emplois dans les dix ans à venir. Un chiffre vertigineux, quand on sait que la population active djiboutienne totale s’élève à 350 000 personnes. Djibouti devrait donc former 34 000 travailleurs chaque année ! C’est là que risque de se trouver le goulot d’étranglement. Nous allons prendre en charge nos cadres, mais l’État doit assurer le relais en s’appuyant sur les financements internationaux disponibles. Et tout cela ne sera sans doute pas suffisant. Il faut donc s’atteler à la tâche dès maintenant.

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