États-Unis : le grand barnum des primaires

La campagne des élections primaires s’ouvre ce 1er février dans l’Iowa. Au terme d’un processus d’une rare complexité, elle s’achèvera en juillet par la désignation des candidats démocrate et républicain pour la présidentielle du mois de novembre.

Image174155.jpg © IAN THOMAS JANSEN-LONNQUIST/THE NEW YORK TIMES-REDUX-REA

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Publié le 2 février 2016 Lecture : 3 minutes.

Le grand show des élections primaires démocrate et républicaine à l’issue desquelles seront désignés les candidats à l’élection présidentielle du mois de novembre a commencé ce 1er février dans l’Iowa. Enfin, pas exactement, puisqu’il s’agit d’un caucus, non d’une primaire, l’une des nombreuses bizarreries d’un système d’une extrême complexité.

Alors que les caucus sont exclusivement réservés aux militants inscrits comme tels sur les listes électorales (ils se rassemblent dans des lieux publics et votent à main levée), les primaires sont en théorie ouvertes à tous, sympathisants et militants, républicains comme démocrates. On vote à bulletin secret, ce qui signifie qu’un électeur républicain peut fort bien voter à la primaire démocrate – et inversement -, sauf si la primaire est dite « fermée », auquel cas on est tenu de voter pour le représentant du parti dont on est membre.

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Mais c’est encore trop simple ! Sachez qu’il existe aussi des primaires dites, dans certains États, « semi-fermées », et dans d’autres, « semi-ouvertes ». Seuls une dizaine d’États ont choisi la formule du caucus, réputée moins transparente. Les « territoires » qui n’ont pas le statut d’État, comme les Samoa américaines ou les îles Vierges, votent également.

Comment fonctionnent les élections américaines ?

Vous croyez avoir tout compris ? Erreur ! Le système électoral américain est d’une sophistication sans limite. Les caucus diffèrent ainsi selon qu’ils sont démocrates ou républicains. Dans l’Iowa, la règle chez les démocrates veut que tout candidat qui obtient moins de 15 % des suffrages soit jugé « non viable ». Ses voix peuvent alors être récupérées par un autre candidat. Celles qui, le 1er février dans les 1 681 sites où se déroule le caucus, se porteront sur Martin O’Malley, un ancien gouverneur du Maryland qui plafonne à 5 % dans les sondages, risquent de valoir très cher. Iront-elles à Bernie Sanders ou à Hillary Clinton, les deux candidats au coude à coude dans les sondages ? C’est peut-être la clé du scrutin.

L’étape suivante aura lieu le 9 février dans le New Hampshire, État très majoritairement blanc, comme l’Iowa, et non moins crucial : à l’exception de Bill Clinton en 1992, aucun candidat ne s’est jamais imposé lors de la convention de son parti après avoir perdu dans l’un et l’autre. À la fin du mois, la compétition se poursuivra dans des États sociologiquement moins homogènes comme la Caroline du Sud ou le Nevada. Le dernier vote aura lieu le 14 juin dans le district de Columbia.

« C'est une battante » : Hillary Clinton en campagne, le 3 janvier. © MARK PETERSON/REDUX-REA

« C'est une battante » : Hillary Clinton en campagne, le 3 janvier. © MARK PETERSON/REDUX-REA

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Le Super Tuesday est l’une des dates les plus importantes de cette odyssée électorale. Ce mardi-là, de nombreux États organisent en effet leur scrutin – ils étaient 21 en 2008, un record. Cette année, où douze candidats sont en lice, le match pourrait se décanter à ce moment-là chez les républicains. De manière générale, le Super Tuesday est souvent décisif dans la course à l’investiture.

Primaires et caucus sont des élections indirectes. Les citoyens élisent des « délégués », dont le nombre est fixé par chaque parti. Dans l’Iowa, par exemple, il y en aura 30 chez les républicains et 52 chez les démocrates. Quelques mois plus tard, les délégués désignent officiellement le candidat à la présidence lors des conventions nationales des deux formations. Celle du Grand Old Party (GOP) républicain se tiendra du 18 au 21 juillet à Cleveland, Ohio. Celle du Parti démocrate du 25 au 28 juillet à Philadelphie, Pennsylvanie.

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Mais, comme décidément rien n’est simple, il existe aussi des « super délégués », qui sont en général des personnalités politiques de premier plan non pas élues par un vote, mais désignées par les conventions de chaque parti. Parce qu’ils ne sont ni tenus de soutenir officiellement tel ou tel candidat ni de suivre le vote des citoyens, ces super délégués, qui représentent environ un quart de l’ensemble de leurs collègues, font souvent basculer le vote pour l’investiture.

Les critères du candidat

Au vrai, les primaires ne sont pas moins byzantines que la Constitution américaine elle-même, qui dispose que, pour être candidat à la présidentielle, il faut avoir plus de 35 ans et être un natural born citizen des États-Unis. Cela veut-il dire qu’il faut être né sur le sol américain ? Cette ambiguïté n’a pas manqué d’être exploitée par Donald Trump, qui soutient que le sénateur Ted Cruz, son rival le plus sérieux dans l’Iowa, ne peut se présenter puisqu’il est né au Canada d’une mère américaine et d’un père cubain.

S’il venait à être choisi par le GOP, sa nomination serait aussitôt attaquée pour inconstitutionnalité, soutient le milliardaire. C’est d’ailleurs ce que vient déjà de faire un avocat texan de 85 ans. Dans ce pays, il faut décidément s’attendre à tout !

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