Coopératives : pourquoi les agriculteurs africains choisissent ce modèle

Dans l’une des structures d’Ecookim, à Doala, en Côte d’Ivoire, des agriculteurs suivent une formation. © Ecookim

Dans l’une des structures d’Ecookim, à Doala, en Côte d’Ivoire, des agriculteurs suivent une formation. © Ecookim

Publié le 4 mai 2016 Lecture : 3 minutes.

Des plantations d’huiles de palmes à Irobo, en Côte d’Ivoire, le 12 juin 2013. © Nabil Zorkot pour Jeune Afrique
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Agriculture : les coopératives africaines gagnent leurs galons

L’agriculture africaine n’a pas encore fait sa révolution. Industriels, producteurs et pouvoirs publics vantent l’intérêt des coopératives pour professionnaliser et structurer ce secteur clé, premier créateur d’emplois sur le continent.

Sommaire

Cacao : Mamadou Bamba, DG d’Ecookim « Mieux utiliser les intrants »

Un producteur de cacao isolé ne peut pas à la fois travailler ses plantations et s’occuper de l’export. Ecookim, qui réunit près de 12 000 producteurs, organise la collecte et la vente des fèves sans bénéficier d’aucune subvention de l’État. Nous jouons un rôle important auprès des femmes, très impliquées dans nos produits certifiés par le label du commerce équitable FLO. Notre rôle est aussi d’apporter aux planteurs des formations sur les bonnes pratiques et un encadrement technique pour leur permettre d’utiliser au mieux les produits phytosanitaires et les fertilisants.

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Le fait d’être regroupés nous permet d’avoir de meilleurs prix sur les intrants. Mais il faut convaincre les planteurs que les choix de la coopérative les concernent car ils en sont les sociétaires. Et puis nous avons du mal à trouver les bons profils pour gérer la coopérative, car les jeunes diplômés préfèrent souvent proposer leurs services aux grandes entreprises.

Café – Sidiki Camara, président d’Adecam « Obtenir une certification »

Adecam a permis aux producteurs guinéens de devenir de véritables opérateurs économiques. Même si ses membres n’ont pas toujours le même point de vue. Il peut y avoir des tensions sur les décisions, par exemple lorsque les cours du café augmentent, car les prix payés aux producteurs sont fixés à l’avance pour l’année. C’est une histoire de confiance. C’est aussi à travers la coopérative que nous avons pu mener les démarches pour obtenir une certification IG [Indication géographique], la première de Guinée.

À Ziama, dans la région de Macenta, nous produisons un café robusta unique qui ressemble beaucoup à l’arabica, acidulé et très faible en caféine. Cette année, nous visons une certification équitable. Alors que le cours est à 1 300 dollars la tonne [lors de l’entretien réalisé à la mi-mars], elle nous permettra d’atteindre un prix garanti de 2000 dollars. À terme, nous envisageons de passer en agriculture biologique.

Agrumes – Zaouia – Vendre à la grande distribution

Fondée en 1978, Zaouia est l’une des plus importantes coopératives de producteurs d’agrumes du Maroc. Située à Guerdane (région du Souss), elle compte une trentaine de membres, mais une soixantaine d’agriculteurs bénéficient de ses services. Pour Youssef Jebha, son président, « se regrouper permet de valoriser les produits, d’avoir accès à des intrants, à de nouvelles variétés, mais aussi à une aide technique et financière ».

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Zaouia a créé sa propre société d’exportation, Vita Souss, qui approvisionne l’Europe, l’Amérique du Nord et le Moyen-Orient, et qui répond aux exigences de grandes chaînes comme Asda, Costco, Metro. « Notre point fort, c’est le tonnage. On est passés de 5 000 tonnes à l’export en 2000 à 30 000 aujourd’hui », commente Youssef Jebha. La même quantité est distribuée sur le marché local. En 2016, Zaouia prévoit un chiffre d’affaires de 200 millions de dirhams (environ 18 millions d’euros).

Fruits – TerrEspoir Devenir une coopérative pour grandir

La devanture du siège de TerrEspoir Cameroun, à Douala, ne paie pas de mine. Mais depuis plus de vingt ans, ce groupe d’initiative commune (GIC) encadre 112 petits producteurs de mangues, d’avocats, de papayes, de bananes, d’ananas, répartis dans les régions du Littoral, de l’Ouest et du Sud-Ouest, en les formant à l’agriculture biologique.

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« Nous servons d’intermédiaire entre eux et nos partenaires helvètes, TerrEspoir Suisse, l’ONG Secaar et les magasins Claro. Selon les principes du commerce équitable, le prix est fixé en fonction du coût de production majoré d’une marge. Les commandes sont ensuite passées, et parfois les acheteurs préfinancent », indique Blanche Djou, coordinatrice du bureau exécutif de TerrEspoir Cameroun. Au début, à peine 2 % de la production était acquise par TerrEspoir Suisse.

L’arrivée de Secaar et de Claro permet aujourd’hui d’absorber plus de 40 % des récoltes et de réaliser un revenu annuel moyen de plus 150 millions de F CFA (environ 230 000 euros). Le GIC octroie également des prêts et des subventions à ses membres. Pour bénéficier à son tour de subsides et se conformer à une injonction gouvernementale, il a entamé sa mue en coopérative il y a deux ans. Le processus arrivera à son terme en 2017.

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