Au Burkina, les producteurs de coton veulent discuter d’égal à égal avec les industriels

Au Burkina, l’Union nationale des producteurs de coton (UNPCB), qui regroupe quelque 350 000 exploitants, agit comme un véritable lobby.

Après la récolte, dans le village de Yoyo (sud-est du Burkina). © Xavier Rossi/REA

Après la récolte, dans le village de Yoyo (sud-est du Burkina). © Xavier Rossi/REA

Publié le 4 mai 2016 Lecture : 2 minutes.

Des plantations d’huiles de palmes à Irobo, en Côte d’Ivoire, le 12 juin 2013. © Nabil Zorkot pour Jeune Afrique
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Agriculture : les coopératives africaines gagnent leurs galons

L’agriculture africaine n’a pas encore fait sa révolution. Industriels, producteurs et pouvoirs publics vantent l’intérêt des coopératives pour professionnaliser et structurer ce secteur clé, premier créateur d’emplois sur le continent.

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Cette coopérative, dont le budget annuel dépasse 3 milliards de F CFA (près de 20 millions d’euros), réunit 9 217 groupements de producteurs de coton et 177 unions départementales de producteurs de coton. Ces dernières désignent les dirigeants des 28 unions provinciales, qui eux-mêmes choisissent les membres du bureau de l’UNPCB.

Son siège est à Bobo-Dioulasso, et elle emploie 188 agents techniques qui l’aident à concevoir ses stratégies et à former les paysans aux bonnes pratiques agricoles. Son plan quinquennal (2014-2018), soutenu par des bailleurs comme l’Union européenne et la Banque mondiale, vise à améliorer la productivité et la commercialisation du coton-graine.

L’Union nous a permis d’être mieux organisés, d’avoir la confiance des institutions financières et de mener des plaidoyers pour la défense de nos intérêts

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Si le Burkina peut s’enorgueillir d’être le leader ouest-africain de la culture de l’or blanc, c’est aussi grâce à cette coopérative, qui a d’abord permis d’assainir la filière. Avant sa création, les producteurs, organisés en groupements villageois, étaient confrontés à des impayés dont les montants ont atteint au milieu des années 1990 plus de 3 milliards de F CFA.

« L’Union nous a permis d’être mieux organisés, d’avoir la confiance des institutions financières et de mener des plaidoyers pour la défense de nos intérêts », explique Yacouba Koura, premier vice-président de l’UNPCB.

Sous l’impulsion de l’Union, des zones cotonnières comme la Boucle du Mouhoun et les Hauts-Bassins sont aussi devenues des régions de grande production céréalière, avec des taux de couverture des besoins dépassant 200 %. L’UNPCB siège aux côtés de l’État et des trois sociétés cotonnières (Sofitex, Socoma, Faso Coton) au sein de l’Association interprofessionnelle du coton du Burkina, l’organe paritaire de gestion de la filière.

Et elle détient 30 % du capital de la Société burkinabè des fibres textiles, la plus importante des trois entreprises chargées de l’achat, du transport, de l’égrenage et de la commercialisation du coton, ainsi que 12 % de Socoma et de Faso Coton.

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« Grâce à l’Union, nous discutons d’égal à égal avec les sociétés cotonnières. Nous participons également à la fixation des prix d’achat ainsi qu’aux appels d’offres pour les intrants », explique Yacouba Koura. Selon l’UNPCB, le revenu moyen d’un cotonculteur atteint 145 000 F CFA par hectare, et la filière fait vivre pas moins de 3,5 millions de personnes.

Enfin, si le pays se détourne du coton transgénique de la firme américaine Monsanto, c’est en partie à cause de la pression des producteurs, qui s’estiment lésés par sa qualité médiocre (l’interprofession réclame au semencier américain près de 50 milliards de F CFA). Pour eux, la perte du label « coton burkinabè » à l’international a causé un manque à gagner de plus de 40 milliards de F CFA au cours des cinq dernières années.

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