Angola : Isabel dos Santos, une femme dans un monde de brut

Nommée en juin à la tête de la Sonangol, Isabel dos Santos, la fille du président angolais, a expliqué sa stratégie au Financial Times.

Isabel dos Santos est la fille de l’ancien président angolais Eduardo dos Santos. Sa fortune est estimée à plus de 3 milliards de dollars par le magazine américain Forbes. © Wikipedia Commons

Isabel dos Santos est la fille de l’ancien président angolais Eduardo dos Santos. Sa fortune est estimée à plus de 3 milliards de dollars par le magazine américain Forbes. © Wikipedia Commons

ProfilAuteur_MichaelPauron

Publié le 29 décembre 2016 Lecture : 2 minutes.

«Je veux faire de la Sonangol une compagnie très rentable » : rare dans les médias, la milliardaire Isabel dos Santos, nommée en juin par son président de père à la tête de la compagnie pétrolière angolaise, a décrit sa stratégie à nos confrères du Financial Times. Depuis six mois, la fille de José Eduardo dos Santos s’attelle à restructurer l’entreprise, dont les bénéfices ont fondu, entre 2013 et 2015, de 3,2 milliards à 400 millions de dollars (de 2,3 milliards à 366 millions d’euros).

La chute des cours du pétrole, la réduction de la production décidée par l’Opep – avec une baisse de 80 000 barils par jour pour l’Angola –, mais aussi une gestion peu rigoureuse de la Sonangol ont conduit à ce résultat. Le brut étant la principale source de revenus du pays, Luanda se retrouve dans une situation financière délicate, conduisant les autorités à solliciter l’aide des bailleurs de fonds internationaux – une première pour le second producteur d’or noir du continent.

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Une occupation indépendante de l’avenir politique de son père

Très critiquée lors de sa nomination, accusée de corruption et de népotisme – une manifestation contre elle a été interdite en novembre –, Isabel dos Santos assure au quotidien britannique devoir son succès à un travail acharné. Elle affirme par ailleurs n’avoir aucune ambition politique. Mais ne prévoit pas de partir une fois que son père aura quitté la présidence, en 2017 (année électorale) ou en 2018 (ce qu’il a lui-même annoncé cette année). « Lorsque mon temps à la tête de la Sonangol sera passé, je reprendrai mes autres activités », affirme-t-elle.

D’aucuns se demandent si le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA, au pouvoir) acceptera que la femme la plus riche du continent demeure à ce poste une fois son père parti. Une chasse aux dos Santos pourrait en effet avoir lieu, son frère José Filomeno étant quant à lui à la tête du fonds souverain angolais.

Remise d’aplomb

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Si Isabel dos Santos peine encore à convaincre complètement, force est de constater que des chantiers ont été lancés. La dette de la compagnie, par exemple, a été réduite, passant de 13,6 milliards de dollars fin 2015 à 9,8 milliards de dollars actuellement. Quelque 8 milliards de dollars d’économies supplémentaires sont prévus l’an prochain.

Sonangol doit par ailleurs être divisée en trois entités : exploration et production, logistique, et une division qui gérera les concessions accordées aux compagnies internationales. Sa patronne s’attaque enfin au marché des importations de carburants, aujourd’hui dominé par le négociant suisse Trafigura et qu’elle souhaite ouvrir à la concurrence, notamment à Vitol.

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« Nous souhaitons accroître la compétition, améliorer la qualité et baisser les prix », dit-elle. Son leitmotiv ? « Mettre en place une culture axée sur le résultat. Chaque dollar que vous engagez, chaque dollar que vous dépensez doit être justifié et fournir des revenus et des profits. »

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