Tunisie : l’UGTT opte pour la continuité avec Noureddine Taboubi

Ce syndicaliste pur jus prend les commandes de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT). Dans la droite ligne de son prédécesseur, il devrait être un interlocuteur incontournable du gouvernement.

Photo d’illustration, prise en 2012. © Amine GHRABI/FLICKR

Photo d’illustration, prise en 2012. © Amine GHRABI/FLICKR

Publié le 2 février 2017 Lecture : 2 minutes.

Connu dans les milieux syndicaliste, patronal et gouvernemental mais beaucoup moins du grand public, Noureddine Taboubi, 65 ans, vient de prendre les commandes de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) pour un mandat de cinq ans. Élu à l’issue de son 23e congrès, l’ex-secrétaire général adjoint chargé du règlement interne succède à Houcine Abassi, qui a fait de la puissante centrale syndicale un chef de file du dialogue national et un interlocuteur incontournable des gouvernements depuis 2011.

À la tête d’une liste dite consensuelle, adoptée par le bureau sortant, ce natif de Mateur avait multiplié les déclarations publiques ces dernières semaines et révélé avoir été un rouage des négociations avec le gouvernement sur les augmentations salariales. Une manière de se démarquer et de rassurer les militants en s’inscrivant dans la continuité stratégique de la centrale ouvrière. « Un secrétaire général n’est qu’un coordinateur entre les départements et sait comment distribuer les tâches entre les membres du bureau exécutif », soutient le principal intéressé, minimisant la portée de ses fonctions pour mieux fédérer ses troupes.

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Syndicaliste dans l’âme

Cet homme affable et pondéré est un vrai faux conservateur. Il est l’héritier des deux écoles de l’UGTT : celle des pères fondateurs, dont Farhat Hached, pour lesquels activités syndicale et politique sont étroitement liées, et celle de Habib Achour, figure clé de la lutte syndicale des années 1970 et 1980, qui donnait la priorité à la lutte ouvrière. « L’UGTT n’est pas une organisation dont le seul rôle est de revendiquer les augmentations salariales. Elle est définie comme une organisation nationale et démocratique », rappelle Taboubi.

Le nouveau secrétaire général se range parmi les indépendants, mais ses détracteurs affirment qu’il aurait des affinités avec le parti islamiste Ennahdha. Rien n’est pourtant moins sûr : celui qui assure qu’« il est hors de question d’utiliser l’UGTT à des fins politiques » voudrait que les femmes, qui représentent 48 % des adhérents, intègrent les structures de la centrale au plus haut niveau. Et déplore la persistance d’une culture syndicale à l’ancienne.

Accompagner le changement 

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Travailleur acharné, Noureddine Taboubi a grimpé avec persévérance les échelons de l’UGTT et a tiré sa popularité auprès des militants de sa grande capacité d’écoute. Érigeant la lutte pour les droits des travailleurs au rang de priorité, s’opposant à ce titre à la privatisation des entreprises publiques, il devra poursuivre la stratégie élaborée par son prédécesseur pour accompagner le changement de modèle de développement amorcé par la Tunisie. « Les décisions politiques ont des répercussions sociales, on ne peut séparer les unes des autres », estime ce syndicaliste pur jus.

Il lui faudra aussi consolider les liens avec le patronat et affirmer la position de l’UGTT en tant que contre-pouvoir influent. N’a-t-elle pas, avec les autres membres du Quartet (Utica, Ordre national des avocats et LTDH), Prix Nobel de la paix 2015, réussi à préserver les équilibres du pays et la transition démocratique lors de la grave crise politique de 2013 ? Pour faire de son mandat un temps fort, Noureddine Taboubi devra obtenir du gouvernement la création d’une caisse d’allocations chômage et accélérer la mue de la centrale.

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