Études supérieures : rêve américain, campus marocain

Sur trente-deux hectares, l’Université privée de Marrakech offre une formation multidisciplinaire et d’imposantes infrastructures. Un modèle qu’elle commence à reproduire au sud du Sahara.

Le campus de l’université Euromediterranée au Maroc, en mai 2009. © Pierre/CC/wikipédia

Le campus de l’université Euromediterranée au Maroc, en mai 2009. © Pierre/CC/wikipédia

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Publié le 3 mai 2017 Lecture : 3 minutes.

Le réseau Enko Education veut propulser ses étudiants vers les meilleures universités du monde. © ENKO EDUCATION
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Enseignement : L’excellence pour tous

De plus en plus nombreuses sur le continent, ces écoles privées se comparent aux meilleures formations internationales. Pour autant, elles refusent de devenir des ghettos scolaires pour familles aisées et misent sur un modèle panafricain.

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À 15 km au sud de la place Jemaa el-Fna, dans une vaste plaine ouvrant sur les montagnes de l’Atlas, l’Université privée de Marrakech (UPM) paraît perdue. Ici, rien ne semble vouloir troubler le calme qui règne, surtout pas les touristes qui arpentent le terrain de golf du luxueux Domaine Royal Palm, de l’autre côté de la route.

Courts de tennis, terrains de football et  courts de squash

En cet après-midi de février, il faut pénétrer sur ce vaste site de 32 hectares pour trouver un début d’animation. Derrière les bâtiments ocre, les palmiers et les étangs artificiels qui marquent l’entrée de l’UPM, la surprise est grande : comme sur le campus d’une université américaine, courts de tennis, terrains de football, gymnase pour le basket, et même courts de squash se succèdent. « Nous allons les reconvertir, car ils n’ont pas beaucoup de succès », explique l’une des dirigeantes de l’UPM.

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La piscine est en travaux, mais, sur les terrains de football, des étudiants originaires d’Afrique subsaharienne s’en donnent à cœur joie. En ce jour de repos, ils sont les seuls à arpenter les allées ou à fréquenter la bibliothèque, entièrement numérique. « Un quart des étudiants sont subsahariens », explique le Marocain Mohamed Kabbaj, fondateur et président de l’UPM.

Infrastructure irréprochable

La plupart séjournent dans les 600 logements adjacents : chacun dispose, sur un peu plus d’une dizaine de mètres carrés, d’un lit, d’une salle de bains, d’un coin cuisine et de la climatisation. Rien à redire : la qualité des infrastructures est irréprochable et elles paraissent parfaitement entretenues, notamment les machines et outils dernier cri des laboratoires des pôles Sciences de la santé et Ingénierie & Innovation.

L’hôtel d’application Vatel, où les étudiants de la célèbre institution suisse se forment avant de commencer à travailler, a beau être vide, tout y est impeccable. Née en 2005, l’UPM accueille à Marrakech 2 200 étudiants qui sont formés ici dans des domaines aussi différents que l’hôtellerie, le management, l’ingénierie agro-industrielle, le biomédical, la gestion du patrimoine culturel ou du sport…

Nous travaillons sur la transversalité des compétences

« Le multidisciplinaire est important car il n’y a plus de compétence sectorielle unique, explique Mohamed Kabbaj. Nous travaillons sur la transversalité des compétences. » Si chaque pôle dispose de ses propres bâtiments, tous sont mitoyens et les salles réservées aux enseignants y sont intégrées. L’objectif est clair : qu’ils restent accessibles aux étudiants.

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En quelques années, à la faveur de la politique de privatisation de domaines royaux, un éventail d’universités privées a vu le jour au Maroc, telles l’Université euro­méditerranéenne de Fès, l’Université Mundiapolis de Casablanca ou l’Université internationale de Rabat.

Plusieurs d’entre elles disposent d’infrastructures impressionnantes. Peu à peu, elles obtiennent la reconnaissance étatique, une équivalence pour les diplômes qu’elles décernent. Ainsi, l’UPM a obtenu ce précieux sésame le 31 mars 2017. « Cela va nous permettre d’ouvrir de nouvelles filières », se réjouit Mohamed Kabbaj.

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De 2500 à 6000 euros par an par étudiant

Les moyens financiers ne manquent pas : outre les recettes tirées des inscriptions (de 2 500 euros par an et par étudiant jusqu’à 6 000 euros pour les formations les plus pointues, comme Vatel) ou de la location des logements, l’UPM a fait entrer à son tour de table des financiers : en 2014, Development Partners International lui a apporté 20 millions de dollars (19 millions d’euros) en fonds propres, suivi en 2016 par Mediterrania Capital Partners (montant non connu).

Mohamed Kabbaj estime avoir investi 50 millions de dollars en trois ans pour le développement de l’Université de Marrakech. L’avenir de l’UPM passe aussi par ses autres sites, comme Casablanca et Dakar, où elle a acquis une école de médecine.

À Oyo, au Nigeria, la première pierre d’un futur campus a été posée début 2017, et les premiers étudiants devraient être accueillis dans quelques mois. À Diamniadio, au Sénégal, elle souhaite développer un vaste campus sur le modèle de son site marrakchi. Et pourquoi pas, par la suite, une université du côté d’Abidjan ?

L’UPM est en construction, c’est encore un chantier

Se définissant comme « un entrepreneur de l’éducation », Mohamed Kabbaj, qui a créé une première école de gestion à Marrakech il y a trente ans, entend accueillir, d’ici à trois ans, 5 000 étudiants – contre 3 000 aujourd’hui – sur l’ensemble de ces sites.

« Cela permettra de mutualiser les coûts », explique-t-il. Le président sait qu’il devra aussi faciliter l’accès aux financements, un point très important à ses yeux et indispensable pour atteindre les objectifs fixés. « L’UPM est en construction, c’est encore un chantier », lance-t-il, avec cette pointe d’espoir panafricaniste : « Ce que je souhaite, c’est que tous nos campus travaillent en synergie et que les étudiants puissent circuler au cours de leur cursus entre les différents lieux pour se former. »

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