Les Algériens veulent des dirigeants plus jeunes

Pour regagner la confiance des citoyens, dans un pays où 70 % de la population a moins de 30 ans, la classe dirigeante doit se renouveler et en finir avec les pratiques opaques.

Dans une rue d’Alger, en Algérie, en mars 2011. © Omar Sefouane pour JA

Dans une rue d’Alger, en Algérie, en mars 2011. © Omar Sefouane pour JA

FARID-ALILAT_2024

Publié le 13 juin 2017 Lecture : 2 minutes.

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Réinventer l’Algérie

Tarissement de la manne pétrolière, crise financière, désenchantement, lourdeurs administratives… La liste des difficultés qui empêchent le pays d’exploiter tout son potentiel est longue. Pourtant, les idées ne manquent pas. Tour d’horizon de ces solutions qui pourraient le faire redécoller.

Sommaire

Le 8 mai 2012, à Sétif, jour de commémoration des massacres de mai 1945, Abdelaziz Bouteflika prononce un discours aux allures de testament : « Je m’adresse aux jeunes, qui doivent prendre le témoin, car ma génération a fait son temps. L’heure de la retraite a sonné pour les anciens, qui ne peuvent plus gérer les affaires du pays. […] Ceux qui ont libéré le pays vous disent : “Nous n’avons plus la force pour continuer. Le pays est entre vos mains, prenez-en soin.” »

On avait alors compris que le chef de l’État allait prendre sa retraite, après plus de cinquante ans de carrière politique riche, passionnante, tumultueuse ou controversée. Et pas seulement lui. On aura aussi compris que l’heure était enfin venue pour la génération de novembre 1954, qui a monopolisé les pouvoirs depuis l’indépendance, de passer la main aux générations nées après 1962. Cinq ans plus tard, la fameuse tirade du président n’a pas été suivie d’effet.

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Des septuagénaires à la tête des institutions

À 80 ans, Bouteflika est toujours aux manettes en dépit d’un état de santé fragile. Les principales institutions du pays sont dirigées par des hommes presque septuagénaires. Ce n’est sans doute pas un mal en soi, mais, dans un pays où 70 % de la population a moins de 30 ans, la légitimité historique ou révolutionnaire au nom de laquelle s’exerce le pouvoir obère la possibilité de réformer en profondeur un système politique opaque et dont on dit, à tort ou à raison, qu’il est formé de clans et de lobbies.

Le fait que l’on continue de parler encore aujourd’hui de « cercle » ou de « clan présidentiel » pour qualifier les hommes qui dirigent la présidence n’est-il pas justement l’illustration que le pouvoir est monopolisé par une coterie aussi mystérieuse que puissante ? C’est peu dire que la transmission du flambeau constitue le nœud gordien de l’Algérie du troisième millénaire.

Un vif intérêt pour l’élection d’Emmanuel Macron

La réforme d’un système dont ses habitants se sentent exclus ou marginalisés passe d’abord par le rajeunissement de l’élite politique. Le vif intérêt qu’ils ont affiché pour l’élection à la présidence française d’Emmanuel Macron, né en décembre 1977, alors que Bouteflika était encore ministre des Affaires étrangères, n’est pas tout à fait étranger à ce désir de changement.

Outre le rajeunissement de la classe dirigeante, cette réforme suppose aussi la fin des pratiques de clientélisme, du népotisme ou de la cooptation, qui minent la confiance des citoyens au point de les désespérer de leurs gouvernants. L’abstention massive aux dernières législatives en est la preuve. Pour réinventer l’Algérie, il faut en confier les clés à sa jeunesse. Comme l’a promis Bouteflika un jour de mai 2012.

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