Gabon : Maggaly Nguema, l’ex-Miss devenue docteur en sapologie
Ex-Miss Gabon et Miss Cemac, Maggaly Nguema est devenue créatrice et femme d’affaires. En 2016, elle a lancé sa marque, Yélé, et les premières collections font fureur.
Gabon : second souffle
Depuis un an, le Gabon traverse une crise à la fois politique et financière. La première est en cours de résolution depuis qu’un dialogue national a été engagé ; la seconde a nécessité l’intervention du FMI, qui vient d’accorder un prêt à Libreville. Reste au pays à surmonter ses contradictions, pour se remettre pleinement au travail.
Son père la voulait docteur d’université, comme lui. Il aurait aimé être un « docteur, père de docteur ». Mais, parfois, si la pomme ne tombe pas forcément loin de l’arbre, elle s’évertue tout de même à rouler loin du tronc. Maggaly Nguema est de celles-là. Bonne élève au collège et au lycée, elle obtient le baccalauréat à 17 ans.
Elle se lance ensuite dans une licence de sciences du langage. Le paternel y croit donc encore. Mais sa fille le sait déjà : elle n’a pas particulièrement le goût des études. Certes, elle ne déteste pas apprendre, mais elle ne collectionne pas les diplômes. Et la jeune fille se laisse surtout convaincre par des amies de se lancer dans d’autres concours, ceux de beauté.
Reine de beauté
Candidate au titre de Miss Gabon 2014, sans véritablement d’ambitions, elle se prend au jeu. Tant et si bien qu’au soir de l’élection, le 30 novembre 2013, elle occupe la première place du podium, décrochant la fameuse écharpe.
« L’un de [ses] plus beaux souvenirs », affirme-t-elle aujourd’hui. La voilà partie pour un an de tournée, d’actions caritatives (elle choisira de sensibiliser à la maladie de la lèpre) en défilés de mode.
En novembre 2014, elle est même élue, en Pologne, deuxième dauphine de Miss Supranational, l’un des nombreux concours de beauté intercontinentaux, avec Miss Univers ou Miss Monde. Difficile, dès lors, d’accepter de revenir à une vie « normale » après avoir côtoyé l’univers des créateurs et des défilés. Maggaly décide donc de poursuivre son rêve.
Black barbie
Depuis qu’elle est adolescente, la jeune fille dessine. D’abord des personnages, puis, plus tard, des accessoires et des vêtements. Elle a même appris quelques rudiments de couture sur la machine de sa grand-mère. Sa voie est donc toute trouvée : elle décide de lancer sa marque et de faire fructifier ses contacts dans le monde de la mode.
Elle la baptise d’abord « Black Barbie », son surnom lorsqu’elle était plus jeune, puis opte pour Yélé, terme qui désigne une jeune femme persévérante et respectée, en langue kota. « Cela correspond à ce que je veux que la marque représente », explique-t-elle. Et d’ajouter : « En plus, Black Barbie n’aurait pas vraiment convenu à des vêtements mixtes. Je ne suis pas sûre que des hommes auraient accepté de la porter ! »
Avec sept couturiers au Gabon et au Cameroun, Maggaly dessine et confectionne sa première collection : chemises, robes ou simples accessoires, mélangeant influences européennes et matières africaines.
Une jeune femme ambitieuse
« Je voulais une marque moderne, pas seulement étiquetée gabonaise ou africaine », détaille l’ancienne Miss. Elle la vend aujourd’hui en ligne sur internet, au rythme de quelques dizaines d’articles par mois, et l’expose dans un magasin partenaire de Libreville, tout en espérant ouvrir prochainement sa propre boutique. « L’idéal serait quelque chose dans le centre commercial Mbolo. Dès que l’on peut avoir un stand et exposer, on multiplie facilement nos ventes », assure-t-elle.
Autre piste : le monde de la musique, puisqu’elle a récemment dessiné un ensemble pour le rappeur Amenem, qui le porte dans l’un de ses derniers clips. L’objectif est désormais d’organiser des défilés, de conquérir les prochaines Miss Gabon, d’ouvrir son magasin et de lancer sa marque à l’international, via les grands hôtels de Libreville ou directement en Europe, avec la diaspora.
Certes, sa famille est encore dubitative, mais la jeune ambitieuse ne manque pas de soutiens. Avec ses six frères et sœurs derrière elle, et l’avenir qui lui tend les bras, l’ex-Black Barbie de l’Estuaire a largement de quoi rêver, encore, tout en gardant les pieds sur les podiums. Mathieu Olivier
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