Présidentielle au Liberia : Brumskine et Cummings faiseurs de roi

Perdants du premier tour de la présidentielle, Charles Brumskine et Alexander Cummings pourraient bien détenir la clé du second en choisissant entre Joseph Boakai et George Weah, qui ont respectivement obtenu 29,1 et 39% des suffrages.

Alexander Cummings et Charles Brumskine ont tout deux obtenu environ 10 % des voix selon les résultats provisoires. © ISSOUF SANOGO/AFP

Alexander Cummings et Charles Brumskine ont tout deux obtenu environ 10 % des voix selon les résultats provisoires. © ISSOUF SANOGO/AFP

Publié le 17 octobre 2017 Lecture : 2 minutes.

Au Liberia, tous leurs mots et gestes sont scrutés. Charles Brumskine et Alexander Cummings, deux Américains-Libériens, sont aujourd’hui considérés comme des faiseurs de roi. Parmi les recalés du premier tour de la présidentielle du 10 octobre, ces deux candidats ont obtenu le nombre le plus important de voix : 9,8% pour le premier, 7,1 pour le second selon les résultats annoncés dimanche 15 octobre par la Commission électorale.

Joseph Boakai, le vice-président libérien, et l’ancienne star du football George Weah ont assuré leur place au second tour du scrutin qui doit se tenir mi-novembre. Mais entre considérations ethniques et préférences politiques, chaque soutien va s’avérer crucial pour l’emporter.

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Possible soutiens au second tour

À 66 ans, Charles Brumskine a déjà connu le goût de la défaite. C’est la troisième fois que cet avocat réputé échoue lors de ce scrutin. Brièvement président du Sénat sous Charles Taylor avant de se brouiller avec l’ancien chef de l’État, il a longtemps été considéré comme l’éternel opposant d’Ellen Johnson-Sirleaf. Mais, cette année, les cartes avaient été rebattues, et beaucoup voyaient désormais en lui le préféré de la présidente sortante. S’il donne une consigne de vote – en 2005, il avait refusé de choisir –, il pourrait se ranger derrière le candidat du Parti de l’unité, actuellement au pouvoir et incarné par Joseph Boakai. Brumskine pourrait alors lui apporter une grande partie des suffrages de son fief de Grand Bassa.

Si cette option se confirmait, Boakai aurait toutes les chances de l’emporter puisqu’il peut aussi s’appuyer, a priori, sur Alexander Cummings. Idéologiquement, ce businessman de 60 ans est en effet beaucoup plus proche du vice-président que de l’ex-international de football. Ancien cadre dans de grands groupes américains, notamment Coca-Cola et Chevron, il n’a cessé de prôner une politique favorable aux entreprises. Son soutien compterait dans certaines circonscriptions tel le Maryland, où son parti, l’Alternative National Congress (ANC), a obtenu environ un tiers des voix.

Weah vs Boakai

Quoi qu’il en soit, la campagne promet d’être animée. Adversaire coriace, George Weah reste populaire auprès des jeunes et est bien implanté à Monrovia, la capitale. Il a cependant fait un choix risqué en s’offrant les services de Jewel Howard-Taylor, l’ancienne femme de l’ex-chef de l’État Charles Taylor. Repoussoir pour certains, cette alliance pourrait néanmoins séduire l’électorat de l’ancien dictateur, désorienté depuis l’incarcération et la condamnation de ce dernier à cinquante ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Boakai a semble-t‑il fait un choix plus consensuel. Son colistier, Emmanuel Nuquay, appartient à l’un des groupes ethniques les plus importants du pays. Un autre atout dans sa manche.

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Africains-américains, Brumskine et Cummings représentent un groupe d’électeurs qui voient le pouvoir leur échapper pour au moins six ans. Alors même qu’ils ne représentent que 5 % de la population, ces descendants d’esclaves affranchis ont presque toujours dirigé le pays, à l’exception d’une parenthèse de près de dix ans quand Samuel Doe avait pris les rênes du pays par les armes en 1980.

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