Génération Bouteflika – Slimane Bourdous : « Je rêve d’un président de moins de 40 ans »

Slimane Bourdous, âgé de 25 ans, est étudiant. Comme les six autres jeunes dont Jeune Afrique vous livre le témoignage, il n’a connu qu’un seul président.

Slimane Bourdous © Romain Laurendeau/JA

Slimane Bourdous © Romain Laurendeau/JA

FARID-ALILAT_2024

Publié le 5 décembre 2017 Lecture : 2 minutes.

Abdelaziz Bouteflika, alors ministre de la Jeunesse, des Sports et du Tourisme, le 27 septembre 1962. © Archives JA
Issu du dossier

Algérie : génération Bouteflika

Ils sont nés dans les années 1990 et n’ont connu qu’un seul président. JA vous livre le témoignage de sept d’entre eux. Leur perception de la vie politique, leurs motifs de satisfaction, leurs déceptions et leurs rêves… Ils se confient sans fard.

Sommaire

« Je suis né à Bab el-Oued en 1992, au début de la guerre civile. Ce quartier d’Alger était l’un des fiefs des terroristes. Il ne se passait pas un jour sans qu’il y ait un attentat, une tuerie, une explosion. Les enterrements étaient quotidiens. J’étais trop jeune pour me souvenir de ce climat de guerre, mais on m’a raconté ses horreurs, ses drames et ses tragédies.

Bouteflika nous a débarrassés du terrorisme et a ramené la paix. Il a aussi construit des logements. Avant lui, avoir un toit, c’était mission impossible. Avec lui, les Algériens pouvaient enfin envisager d’avoir un foyer. C’est une avancée.

la suite après cette publicité

Marionnettes en politique

La politique ne m’intéresse pas. Je n’ai jamais voté. Voter ne sert à rien. Les hommes politiques ne m’inspirent pas confiance. Ils ne pensent qu’à leurs intérêts. D’ailleurs, on ne les voit qu’à l’occasion des élections. Tous les cinq ans. Depuis vingt ans, on me répète que l’Algérie est sur le chemin du développement.

Une Algérie développée, c’est un pays que ses enfants ne rêvent pas de quitter

Mais qu’est-ce que le développement si on doit graisser la patte d’un employé de mairie pour obtenir un extrait de naissance ? Ou courir derrière une baguette ou un sachet de lait ? Une Algérie développée, c’est un pays que ses enfants ne rêvent pas de quitter.

À Bab el-Oued, je connais des titulaires de licence qui vendent des légumes pour survivre. Voilà pourquoi ils veulent partir ! Certes, nos dirigeants ont construit des logements, des autoroutes, des universités, mais ils ont détruit les valeurs de respect, d’entraide et de solidarité.

Il y a ceux qui se bousculent dans les bus, mangent et dorment mal et touchent une bourse de 4 000 dinars [30 euros] par trimestre

Au XXIe siècle, ils nous parlent encore de la révolution de novembre, de la légitimité historique, du FLN… Eux-mêmes ne croient pas à ce discours. C’est juste un fonds de commerce pour rester au pouvoir ou faire des affaires.

la suite après cette publicité

À l’université, nous avons deux catégories d’étudiants. Il y a ceux qui se bousculent dans les bus, mangent et dorment mal et touchent une bourse de 4 000 dinars [30 euros] par trimestre. Une misère, de quoi se payer deux jeans. Et il y a ceux qui arrivent à la faculté dans de grosses cylindrées à 10 millions de dinars. Comment font-ils pour être aussi riches à 20 ans ?

Représenter la jeunesse

Je n’ai pas envie de fuir mon pays. Pourtant, j’y songe chaque matin. J’ai mal, car je me sacrifie pour mes études. La seule chose qui me retient ? Ma mère. Elle souffrirait si je partais. Sinon j’aurais traversé la Méditerranée à la nage.

la suite après cette publicité

L’avenir ? Un gros point d’interrogation. Notre pays est jeune. Il doit être dirigé par des jeunes. Je rêve d’un président de moins de 40 ans. La France l’a fait. Pourquoi pas nous ? »

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image