Prévention du Sida : au Cameroun, des vigies contre la pénurie

Depuis dix ans, l’observatoire Treatment Access Watch traque efficacement les dysfonctionnements du dispositif camerounais d’accès aux soins pour les malades du sida, de la tuberculose et du paludisme.

Une équipe médicale dans un hôpital de Nairobi en 2014. © Sayyid Azim/AP/SIPA

Une équipe médicale dans un hôpital de Nairobi en 2014. © Sayyid Azim/AP/SIPA

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Publié le 15 décembre 2017 Lecture : 2 minutes.

Sur les 59 centres de santé sous surveillance au Cameroun, moins de 2 % sont touchés par une rupture d’antirétroviraux. C’est le constat établi par le Treatment Access Watch (TAW) dans son rapport hebdomadaire du 3 novembre sur l’accès aux soins dans les structures médicales du pays. Le document indique aussi la proportion de tests VIH indisponibles ou celle des surcoûts pratiqués pour certains examens.

Ces dysfonctionnements sont observés par le réseau de sentinelles de TAW, composé d’associations mais aussi d’infirmiers, de médecins ou de personnels administratifs d’organismes sanitaires ainsi que d’observateurs volontaires – quatre patients au moins par centre. Ces vigies sont présentes dans 80 structures réparties sur le territoire camerounais. Ainsi, plus de 78 000 patients sont régulièrement suivis. « Nous jouons à la fois le rôle de thermostat, en relevant les insuffisances sur le terrain, et de thermomètre en mettant l’information à la disposition des décideurs », commente Fogué Foguito, de Positive Generation, l’association de lutte contre le sida à l’origine de l’observatoire.

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Les alertes du Taw

Ces données sont ensuite remontées au TAW pour être analysées par des statisticiens puis publiées dans des rapports périodiques adressés à plus de 2 000 destinataires. Parmi eux, les autorités sanitaires du pays, dont le ministre de la Santé publique, ou encore le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

En une décennie, le TAW est devenu un outil d’aide à la décision pour la gestion de ces infections.

« Cette initiative nous permet de nous améliorer sur le terrain et constitue une alternative à nos évaluations, observe Jean-Louis Abena Foé, le secrétaire permanent du Programme national de lutte contre la tuberculose au Cameroun. Même si nous observons un problème de régularité de ses parutions et des limites dans l’étendue de ses investigations, probablement dus à la modicité de ses moyens. » Cette reconnaissance, qui ne fut pas facile à obtenir, s’assimile à une victoire pour Positive Generation. Ce n’est qu’en 2014 que l’observatoire obtient un premier financement de 700 000 euros de l’agence de coopération Expertise France afin d’essaimer dans tout le pays.

Le succès du concept

C’est en partie grâce aux alertes du TAW que le Cameroun est passé de ruptures fréquentes d’antirétroviraux à l’échelle nationale à de simples pénuries occasionnelles. Selon les données de l’observatoire, 6,4 % des établissements de soin sous observation ont connu, l’année écoulée, des épisodes de rupture de traitement. Un taux qui s’élevait à 20,6 % en 2013, et à 18,8 % en 2014. « La pénurie de médicaments était monnaie courante dans la première moitié de la décennie passée. Il existe désormais un stock de sécurité de six mois de traitement contre le VIH, et le dispositif fait l’objet d’un suivi permanent de notre part », se réjouit Fogué Foguito.

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Le succès du concept a fait des émules dans d’autres pays d’Afrique francophone. À tel point que le Fonds mondial subventionne désormais une ONG américaine, la Coalition internationale pour la préparation au traitement (ITPC), afin qu’elle duplique l’expérience dans une trentaine de pays, dont 11 du continent tels que le Bénin, la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Sénégal ou encore le Togo.

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