Mode : les sculptures tressées de Laetitia Ky

L’Ivoirienne Laetitia Ky fascine des milliers d’internautes grâce à ses créations capillaires postées sur les réseaux sociaux. Un art militant ?

La coiffure de Laeticia Ky inspirée des campagnes #MeToo et #BalanceTonPorc. © Instagram @Laeticiaky

La coiffure de Laeticia Ky inspirée des campagnes #MeToo et #BalanceTonPorc. © Instagram @Laeticiaky

KATIA TOURE_perso

Publié le 15 février 2018 Lecture : 2 minutes.

Laetitia Ky n’aurait pas pu faire l’impasse sur les mouvements #MeToo et #BalanceTonPorc. Dès l’émergence des deux hashtags, à la suite de l’affaire Harvey Weinstein, l’Ivoirienne de 21 ans se confectionne une toute nouvelle coiffure destinée à sa communauté d’abonnés sur les réseaux sociaux. À partir de mèches synthétiques, elle « tresse » sur sa tête deux silhouettes illustrant un cas de harcèlement sexuel : un homme soulève la jupe d’une femme.

Le matériel de la styliste capillaire : aiguilles et fils de fer… Elle saisit ensuite son appareil photo, actionne le retardateur et s’adosse contre un mur de couleur unie. Elle publie ensuite le cliché accompagné d’une légende dénonçant le harcèlement sexuel et le viol, tout en invitant ses followers à réagir. Près de 14 500 likes au compteur sur Instagram, où elle est suivie par près de 63 000 personnes. Sur sa page Facebook aux 35 000 abonnés, on compte 8 000 réactions.

Je suis une artiste polyvalente et une militante féministe, affirme la jeune femme

la suite après cette publicité

Ce type d’appel militant, à travers des coiffures qui défient les lois de la gravité, sert aussi la campagne qu’elle mène autour de l’acceptation de soi. Elle y reprend les histoires d’abonnés aux prises avec des complexes physiques qu’ils ont fini par dépasser et les illustre en… coiffures. « Je suis une artiste polyvalente et une militante féministe », affirme la jeune femme. Ses coiffures se veulent aussi ludiques : des mains géantes en mouvement, un sapin de Noël, des licornes ou encore des tresses réalisées avec du pagne.

Née à Abidjan, où, précoce, elle obtient un bac littéraire à 15 ans avant de suivre des études de commerce qu’elle abandonnera trois ans plus tard, Laetitia Ky s’est fait connaître, fin 2015, grâce à ses créations capillaires. « Je suis profondément attachée aux arts visuels et j’ai toujours été fascinée par la coiffure. À l’âge de 5 ans, j’étais déjà capable de faire des tresses », raconte celle qui est passée au cheveu naturel en 2012.

Ambitieuse et pleine de projets

Dès ses premiers clichés viraux, nombre de médias internationaux se sont intéressés au phénomène Laetitia Ky. Ambitieuse, elle ne s’en est pas étonnée. Après tout, elle est en quête de notoriété et compte bien gagner sa vie grâce à son art. Extrêmement sollicitée, elle vient de signer sa toute première collaboration commerciale avec SugarBearHair, géant américain du complément capillaire. Voilà qui vient conforter son projet. « Ils m’ont proposé de promouvoir leur produit sur Instagram. Cela s’est concrétisé parce qu’ils sont les premiers à avoir accepté mes conditions en matière de rémunération. »

Clause de confidentialité oblige, impossible de connaître le montant de ses bénéfices. Ni même ceux engrangés pour sa participation à la vidéo de promotion d’une nouvelle application Facebook destinée aux créateurs en 2016. Aujourd’hui, outre qu’elle continue à poster ses créations, Laetitia Ky se consacre au lancement prochain de sa toute première collection de vêtements. Passionnée de cinéma, elle travaille aussi à l’écriture de scénarios avec pour personnage principal une héroïne africaine dont les superpouvoirs viendraient de sa chevelure…

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image