Le match de la semaine : Abderrazak Makri vs Bouguerra Soltani en Algérie

Abderrazak Makri, l’actuel patron du MSP, et Bouguerra Soltani, son prédécesseur, se livrent un duel pour la tête du parti. Un affrontement de taille sur l’échiquier politique algérien dans la perspective de la présidentielle de 2019.

 © DR / JA

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Publié le 10 mai 2018 Lecture : 3 minutes.

Officiellement, la bataille pour le contrôle du Mouvement de la société pour la paix (MSP) n’a pas commencé. D’ailleurs, personne ne s’est encore déclaré candidat. Les noms des compétiteurs ne seront révélés que ce 10 mai, jour de l’ouverture du septième congrès national du parti. Mais nul doute que l’élection du président de la première force islamiste du pays (33 députés) tournera au duel. Les bretteurs ? Abderrazak Makri, l’actuel patron du MSP, et Bouguerra Soltani, son prédécesseur.

L’affrontement aura lieu à huis clos, devant les quelque 270 membres du conseil consultatif du parti, qui n’ont finalement pas souhaité que des primaires soient organisées sur l’ensemble du territoire algérien, ainsi que le demandait Soltani. Une telle opération aurait coûté bien trop cher, ont-ils argué.

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Dans les rangs du MSP, on se refuse à parler de rivalité. Les militants préfèrent vanter la « démocratie » interne, qui donne salutairement lieu à de « vifs débats ». Il n’empêche, les deux leaders sont à la tête des deux principaux courants du MSP, lesquels campent sur des positions diamétralement opposées. Leur principal point de désaccord : l’attitude à adopter vis-à-vis du pouvoir.

Retour aux affaires ou opposition, deux tendances inverses

Héritier de Mahfoud Nahnah (le fondateur du parti), Bouguerra Soltani, 64 ans, milite pour un retour aux affaires. Partisan de la stratégie de l’entrisme, l’ancien ministre du Travail considère que la formation politique qu’il a dirigée de 2003 à 2013 doit retrouver les « vertus » de la gouvernance.

Abderrazak Makri, 57 ans, défend la thèse inverse. En mai 2017, au lendemain des élections législatives, Abdelmalek Sellal, alors chef du gouvernement, lui avait proposé un poste de ministre. Il avait décliné. Aujourd’hui, ce natif de M’Sila rêve plutôt de prendre la tête de l’opposition. Comme en 2014, lorsqu’il avait été l’un des principaux artisans de la conférence de Mazafran, qui donna naissance à une coalition de partis réunissant islamistes et démocrates. Mais cette union inédite avait fini par voler en éclats.

L’ex-ministre accuse le chef du MSP d’avoir relégué le parti en ‘deuxième division’

En réalité, les deux hommes s’opposent depuis des années. Soltani, qui n’a jamais vraiment digéré son éviction de la présidence du MSP, ne cesse de blâmer son successeur. Il l’accuse de faire dévier le mouvement de sa ligne fondatrice. Un mois avant la tenue du congrès, il s’est fendu d’une longue tribune, publiée sur son compte Facebook, dans laquelle il dénonce l’absence de « vision » de son rival. « Notre bateau n’a accosté ni la plage du pouvoir ni le golfe de l’opposition. Les voyageurs sont fatigués », écrit-il. Il lui reproche aussi d’avoir relégué le MSP en « deuxième division » et de jouer avec des « partis amateurs ». Autant de critiques qui lui ont valu le surnom d’« indiscipliné ».

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L’avenir du MSP pour les cinq années à venir

L’enjeu du prochain congrès est de taille. Il dessinera l’avenir du MSP pour les cinq années à venir. Surtout, il déterminera sa position dans la perspective de l’élection présidentielle de 2019. S’il sort vainqueur de ce match, Soltani, qui en 2009 avait soutenu la candidature d’Abdelaziz Bouteflika pour un troisième mandat contre l’avis de plusieurs cadres du parti, pourrait de nouveau se prononcer en faveur d’un renouvellement de mandat du chef de l’État. Si, au contraire, Makri parvient à garder les rênes, il est probable que la formation islamiste appellera, comme en 2014, au boycott du scrutin présidentiel. Il a déjà demandé la mise en œuvre d’un « consensus national » pour négocier une « transition démocratique ».

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