Au Congo, la seconde vie des résidus d’hydrocarbures

L’adoption par les pays d’Afrique centrale de normes environnementales exigeantes incite des entreprises à investir le marché de l’assainissement.

La raffinerie de Total E&P Congo, à Pointe-Noire © Antonin Borgeaud pour Jeune Afrique

La raffinerie de Total E&P Congo, à Pointe-Noire © Antonin Borgeaud pour Jeune Afrique

Publié le 24 mai 2018 Lecture : 2 minutes.

A Abidjan, le recyclage est devenu l’un des axes de réinsertion des ex-combattants, formés au recyclage et organisés en coopératives (GIE). © Philippe Guionie/Myop pour J.A.
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Le miniboom pétrolier d’il y a dix ans, couplé à la faiblesse du nombre d’acteurs de la filière, a convaincu quelques industriels de l’assainissement de faire le pari du Congo. Les filiales du groupe français Ortec, Tecor Congo et Loango Environnement, sont devenues leaders sur le marché. Leur portefeuille de clientèle se confond d’ailleurs avec le Who’s Who des opérateurs pétroliers dans le pays : Total E&P Congo, ENI, la SNPC…

Parmi leurs concurrents : Scomi Oiltools Ltd, filiale du groupe malaisien Scomi, le camerounais Bocom International-Congo ou Tank Services, fondé par le Français Pierre Mignot. Le marché est soutenu par l’adoption de normes environnementales de plus en plus contraignantes par les pays d’Afrique centrale. Ceux-ci tendent depuis cinq ans vers le standard pratiqué en mer du Nord : le zero discharge, soit l’interdiction totale de rejet dans l’environnement.

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Donner une seconde vie aux résidus d’hydrocarbures constitue encore un marché de niche. Les hydrocarbures de substitution, ces résidus pétroliers traités afin d’augmenter leur concentration pour qu’ils servent de combustible, sont absents du marché. « L’arrivée de compagnies ayant de gros besoins thermiques, comme la fonderie de la zone industrielle de Nkok, au Gabon, ou le cimentier Dangote, au Congo, pourrait changer la donne », analyse John Youyatte, de Scomi Oiltools Ltd.

Un coût élevé

La société Green Services Congo, créée en 2013, innove en transformant les boues d’hydrocarbures en fertilisants agricoles biologiques. Grâce à la technologie du land farming, des bactéries naturelles décontaminent les sols et produisent du compost suivant un processus complexe.

Une technique au coût élevé, à la capacité de traitement limitée, mais qui n’engendre pas de pollutions secondaires. La société saint-marinaise Biotecnologie per l’Ecologia e l’Agricoltura (BEA) fournit les bactéries à Green Services Congo.

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L’entreprise intervient à la raffinerie de Pointe-Noire de la Congolaise de raffinage (Coraf), filiale de la SNPC, son client unique depuis 2014. Elle a déjà traité avec cette méthode plus de 3 000 tonnes d’eaux huileuses et de boues.

Green Services Congo investit 500 millions de F CFA (700 000 euros) pour construire un centre de traitement à Tandou Mboma, au sud de Pointe-Noire. D’une capacité de 2 000 tonnes de déchets par an, il s’agit du premier centre de ce type en Afrique centrale. Green Services, présent uniquement au Congo, ambitionne d’installer d’autres biocentres dans la sous-région ainsi qu’au Maghreb.

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40 % de rendement agricole supplémentaire

Couplés aux engrais chimiques, les fertilisants agricoles issus des boues d’hydrocarbures restaurent la fertilité des sols et augmentent leur rendement. Une expérimentation menée en Égypte dans des champs de fraises a par exemple permis d’observer une hausse du rendement de 40 %. Au Congo, l’efficacité des engrais a été testée avec succès, en partenariat avec le ministère de la Recherche scientifique, sur les cultures d’arachide et de moringa.

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