Harriett Balwin : « Le Zimbabwe ne réintégrera pas le Commonwealth avant les élections »

RDC, Zimbabwe, Cameroun, aide au développement… La ministre britannique chargée de l’Afrique fait le point pour JA sur les priorités du Royaume-Uni sur le continent.

Harriett Baldwin, ministre britannique en charge de l’Afrique. Dans les jardins de l’ambassade britannique à Paris, le 28 mai 2018 © Vincent Fournier/Jeune Afrique

Harriett Baldwin, ministre britannique en charge de l’Afrique. Dans les jardins de l’ambassade britannique à Paris, le 28 mai 2018 © Vincent Fournier/Jeune Afrique

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 21 juin 2018 Lecture : 2 minutes.

Avant de devenir la ministre britannique chargée de l’Afrique, en janvier, Harriett Baldwin avait déjà visité les deux seuls États africains que Londres finance directement : l’Éthiopie, avec l’ONG Save the Children, et le Rwanda, en compagnie de bénévoles britanniques.

La gestion de la gigantesque enveloppe du Royaume-Uni pour l’aide au développement est d’ailleurs l’une de ses priorités : le pays y consacre 0,7 % de son revenu national brut, un record au sein du G20. JA l’a rencontrée fin mai à Paris, où cette députée conservatrice francophone était de passage.

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Jeune Afrique : De quoi avez-vous parlé avec les autorités françaises ?

Harriett Baldwin : De l’engagement du Royaume-Uni au Sahel, puisque nous allons y envoyer trois hélicoptères Chinook. De la situation au Soudan du Sud, en Somalie, au Cameroun et, bien sûr, en République démocratique du Congo.

Avec la France, nous jugeons primordial que l’accord de la Saint-Sylvestre soit respecté et que les élections congolaises se tiennent le 23 décembre. Pour l’instant, les délais sont tenus.

En février, vous vous êtes rendue au Zimbabwe, avec lequel les relations ont longtemps été tendues. Quel a été votre message ?

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Qu’il est nécessaire d’organiser des élections libres et justes [elles auront lieu le 30 juillet]. Nous allons faire partie des observateurs et nous avons fait don de 5 millions de livres [5,7 millions d’euros] aux organisations de la société civile. Ce scrutin est une excellente occasion pour les Zimbabwéens de revenir dans le concert des nations.

Londres n’a pourtant pas attendu juillet pour accorder 100 millions de dollars de prêts au secteur privé…

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Vous faites référence à une décision prise par le groupe CDC, en partenariat avec Standard Chartered. Cette institution est certes capitalisée par de l’aide britannique, et nous nommons ses dirigeants. Mais comme la BBC, elle prend ses décisions de manière autonome.

Elle a donc mis à disposition des fonds pour des investissements dans le privé. C’est très différent d’un prêt direct, que nous n’aurions pas accordé à ce stade. Le Zimbabwe a d’ailleurs déposé une demande pour réadhérer au Commonwealth et il ne recevra pas de réponse avant les élections.

L’escalade de la violence [au Cameroun] nous inquiète

Vous vous êtes rendue au Cameroun en février. Allez-vous vous impliquer dans la résolution de la crise anglophone ?

J’y suis allée avec des membres du Parlement et d’anciens policiers d’Irlande du Nord. Nous avons tiré certaines leçons de notre histoire et nous voulions les partager. Nous respectons bien sûr l’intégrité territoriale du Cameroun, mais nous pensons que ce genre de problème doit être résolu démocratiquement.

L’escalade de la violence nous inquiète, de même que le sort des 47 personnes rapatriées du Nigeria qui sont détenues au secret, sans doute à Yaoundé. Nous souhaitons qu’une organisation internationale, comme la Croix-Rouge, puisse leur rendre visite.

Quel sera l’impact de votre départ de l’Union européenne (UE) sur vos relations avec l’Afrique ?

Nous représentons environ 10 % de l’aide au développement de l’UE. Nous voulons continuer à verser une partie de notre aide par l’intermédiaire des instruments européens, et cela suppose que nous conservions un certain contrôle sur son utilisation. Cela doit être discuté, mais nous espérons que notre offre sera acceptée.

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