Musique : Beyoncé et Jay-Z revisitent le Louvre

Dans leur nouveau clip, « Apeshit », tourné dans le musée parisien, les deux icônes multiplient les références à l’abolition de l’esclavage.

Le clip d’Apeshit, de Beyoncé & Jay-Z © Capture d’écran YouTube

Le clip d’Apeshit, de Beyoncé & Jay-Z © Capture d’écran YouTube

Publié le 29 juin 2018 Lecture : 3 minutes.

L’image est un peu improbable, un brin surréaliste. Mais c’est bien elle, la diva Beyoncé, qui, au beau milieu des chefs-d’œuvre du musée du Louvre, vêtue de bouts de tissu révélant sa plastique impeccable, se déhanche accompagnée d’une armée de danseurs et chante avec son mari, le rappeur et producteur Jay-Z.

Pour la sortie de son nouvel album, Everything is Love, le 16 juin, le couple de stars interplanétaires a frappé fort avec un premier clip (celui du titre « Apeshit », signifiant « très excité » ou « en colère ») signé Ricky Saiz et tourné au cœur de la vénérable institution parisienne.

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Réalisé de nuit, dans le secret, porté par un marketing redoutable, il donne à voir des œuvres de grands maîtres du XIXe siècle et des icônes de la statuaire antique.

Les œuvres choisies font écho aux luttes menées contre l’esclavage et le racisme, ou sont détournées à la faveur du message politique

Au-delà de la mégalomanie illustrée par les effets déployés – Jay-Z et Beyoncé prenant la pose devant Le Grand Sphinx de Tanis ou Le Sacre de Napoléon, de David, il fallait oser ! – et de la chorégraphie esthétisante de Sidi Larbi Cherkaoui – où des danseurs en tenue de couleur chair évoquent les mensurations parfaites des statues grecques –, le clip se veut aussi un plaidoyer pour la cause noire, dont Beyoncé et Jay-Z se sont faits les porte-paroles.

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Les œuvres choisies font écho aux luttes menées contre l’esclavage et le racisme, ou sont détournées à la faveur du message politique. Le procédé mis en œuvre, s’il n’est pas toujours subtil, atteint son objectif. L’œuvre clé de cette mise en scène grandiloquente est Le Radeau de la Méduse, peint par Géricault en 1818-1819.

I can’t believe we made it !

L’artiste avait fait scandale avec ce grand format inspiré du naufrage d’une frégate partie coloniser le Sénégal. Illustrant l’espoir d’un sauvetage autant que la violence de la condition humaine, le tableau figure en son centre un personnage noir agitant un drapeau de fortune, porteur des aspirations abolitionnistes de l’époque. Queen B peut alors entonner « I can’t believe we made it » !

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Dans un nuage de satin blanc, elle danse au pied de l’antique Victoire de Samothrace, statue ailée juchée à la proue d’un navire. Puis, devant la silhouette sensuelle de la Vénus de Milo, elle semble affirmer de son air insolent que c’est elle, désormais, qui incarne la nouvelle Aphrodite.

« Girl power »

Le choix des Sabines (1796-1799), peintes par David, n’est pas anodin non plus. Cette fois, Beyoncé sort sa carte « girl power », s’emparant de l’épisode légendaire des débuts de Rome pour rappeler l’héroïsme de ces femmes qui surent empêcher la guerre.

Beyoncé et Jay-Z « made it », devenant des icônes du XXIe siècle et volant, au passage, la vedette à la célébrissime Joconde

Plus intéressant encore, l’une des dernières œuvres filmées est le portrait d’une femme noire par une artiste néoclassique et féministe dans l’âme, Marie-Guillemine Benoist (1768-1826).

D’autres visages de personnages noirs, longtemps ignorés par l’histoire de l’art, sont filmés en gros plan, comme ceux des serviteurs perdus au milieu des Noces de Cana, de Véronèse. Beyoncé et Jay-Z « made it », devenant des icônes du XXIe siècle et volant, au passage, la vedette à la célébrissime Joconde.

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