RDC – André-Alain Atundu (MP) : « Les élections ne sont pas la fin du monde »

André-Alain Atundu Liongo, qui fut le patron du renseignement sous Mobutu, estime que la Majorité présidentielle (MP) n’a pas à rougir de son bilan et qu’elle est prête à affronter le verdict des urnes en décembre. Contrairement à l’opposition

Alain Atundu (Congo – RDC), porte parole de la Majorite presidentielle, ancien directeur « du renseignement sous la presidence de Mobutu. A paris, le 26.01.2018. Copyright : Vincent Fournier/JA © V. Fournier/JEUNE AFRIQUE

Alain Atundu (Congo – RDC), porte parole de la Majorite presidentielle, ancien directeur « du renseignement sous la presidence de Mobutu. A paris, le 26.01.2018. Copyright : Vincent Fournier/JA © V. Fournier/JEUNE AFRIQUE

Publié le 13 août 2018 Lecture : 4 minutes.

Un électeur attend pour voter, le 30 novembre 2011, pour la présidentielle en RDC (archives). © JEROME DELAY/AP/SIPA
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RDC : grandeur nature

Les candidats à la présidentielle sont désormais connus. Quelle que soit l’issue du scrutin, prévu en décembre, les défis politiques, économiques et sociaux à relever sont aussi immenses que le sont le pays, ses démons et ses atouts.

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Jeune Afrique : Le candidat du Front commun pour le Congo (FCC) à la présidentielle a été désigné in extremis, le 8 août. Pourquoi avoir autant fait durer le suspense ?

André-Alain Atundu : Question de stratégie politique ! Certains désignent leur candidat très tôt, d’autres très tard. C’est un exercice délicat, qui doit à la fois conforter la cohésion interne et entraîner l’adhésion du reste de la population. Avant de faire son choix, le président Joseph Kabila a donc consulté les différents groupements politiques du FCC, qui lui ont fait part de leurs propositions. Le chef de l’État a ensuite désigné le candidat susceptible de défendre le mieux son bilan et les intérêts de la République.

Joseph Kabila entend continuer à exercer son leadership pour que son œuvre puisse se poursuivre

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Certains voient dans le choix d’Emmanuel Ramazani Shadary une manœuvre du président Kabila pour conserver le pouvoir en coulisses…

Nous sommes transparents. Il suffit de lire la charte de la Majorité présidentielle pour constater que ses signataires ont pour ambition d’accompagner Joseph Kabila dans la réalisation de sa vision pour le pays. Même chose pour le FCC, dont les membres se sont engagés à soutenir un seul candidat, sous l’autorité morale du président de la République. Joseph Kabila n’est pas au bout de son rouleau existentiel, si je puis le formuler ainsi, et il entend continuer à exercer son leadership pour que son œuvre puisse se poursuivre.

Jusqu’au 8 août, des doutes subsistaient quant à une possible candidature de Joseph Kabila à un troisième mandat. Pourquoi ne pas avoir levé cette ambiguïté plus tôt ?

L’opposition a tenu ce discours sur le troisième mandat avec un objectif bien précis : créer la confusion dans l’opinion pour installer une ambiance pré-insurrectionnelle et en profiter pour prendre le pouvoir. De notre côté, nous nous sommes toujours placés dans la perspective démocratique des élections.

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Le chef de l’État avait pris l’engagement devant la nation que la Constitution serait respectée, un engagement renouvelé dans l’accord du 31 décembre 2016, qui dispose que le président ne pourra solliciter un troisième mandat. J’estime que, pour des esprits normalement constitués, cela aurait dû suffire.

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Moïse Katumbi ? Il ne s’est jamais présenté au poste-frontière de Kasumbalesa, car il n’a pas eu le courage politique d’affronter le sort qui l’attendait

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Entre l’impossibilité dans laquelle s’est trouvé Moïse Katumbi de faire acte de candidature et l’éventuelle inéligibilité de Jean-Pierre Bemba, n’y a-t-il pas une volonté de la majorité de choisir ses adversaires ?

Si vous voulez être candidat, il ne faut pas avoir fait l’objet de telle ou telle condamnation. Ces conditions, nous ne les avons pas inventées. Elles figurent dans la Constitution et sont l’expression de la volonté du peuple.

Moïse Katumbi ? Il ne s’est jamais présenté au poste-frontière de Kasumbalesa, car il n’a pas eu le courage politique d’affronter le sort qui l’attendait. Quant à Jean-Pierre Bemba, je rappelle qu’il a été condamné pour subornation de témoins. Et qu’en vertu de l’article 10 de la loi électorale, il ne peut donc être candidat. Mais cela, ce sera à la Ceni, et éventuellement à la Cour constitutionnelle, d’en décider.

Les partis d’opposition se préparent à contester les résultats avant même que le scrutin ait lieu

À travers les critiques sur la machine à voter et le fichier électoral, n’y a-t-il pas déjà un risque de contestation des résultats ?

Plutôt que de lancer des polémiques destinées à alarmer l’opinion, les leaders de l’opposition devraient se préparer sérieusement à faire face à la vérité des urnes. Depuis 2015, le Parti populaire pour la reconstruction et la démocratie [PPRD], de même que les autres formations de la Majorité présidentielle, se déploie sur le terrain, va à la rencontre des électeurs.

Je pense que les élections ne sont pas la fin du monde. Nous, nous envisageons aussi bien l’hypothèse de la victoire que celle de la défaite. Les partis d’opposition, eux, semblent convaincus que s’ils ne gagnent pas en décembre, ce sera à cause de la fraude. Ils se préparent à contester les résultats avant même que le scrutin ait lieu. En réalité, ils sont en dehors du pouvoir depuis si longtemps qu’ils n’ont pas d’autres moyens de nous affronter.

Votre résumé du bilan de Joseph Kabila ?

D’abord la sécurité et l’intégrité du territoire. Aujourd’hui, la RDC est un pays unique, où l’autorité de l’État s’exerce partout, même s’il subsiste ici et là des troubles. Il n’y a plus de déplacements massifs de populations. Même chose au niveau de l’effort de cohésion nationale. Le président Kabila a rendu la convivance possible. C’est immatériel, mais c’est inestimable.

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