Maroc – Mohamed Derrabi : « Une école supérieure de commerce ne se résume pas à la formation »

L’ancien vice-président de l’université Mundiapolis met son expérience au service du groupe toulousain Toulouse business school. Objectif : capter les talents d’Afrique subsaharienne.

Mohamed Derrabi, directeur de Toulouse Business School Casablanca. © SP

Mohamed Derrabi, directeur de Toulouse Business School Casablanca. © SP

QUENTIN-VELLUET_2024

Publié le 23 novembre 2018 Lecture : 3 minutes.

Arrivé en 2016 pour dynamiser la présence du groupe Toulouse Business School (TBS) à Casablanca, Mohamed Derrabi a aussi été doyen de l’université Al-Akhawayn de 2006 à 2010 et vice-président de l’université Mundiapolis, à Casablanca. Il dirige l’une des rares écoles africaines triplement accréditées, par l’Europe (Equis), le Royaume-Uni (AMBA) et les États-Unis (AACSB).

Jeune Afrique : Quels chantiers avez-vous menés depuis votre arrivée ?

Mohamed Derrabi : TBS Casablanca ne fonctionnait que les week-ends pour la formation continue. Aujourd’hui, notre campus est dans ses propres murs, nous travaillons avec les autres filiales de TBS et le siège de Toulouse. Nous avons obtenu des accréditations du ministère marocain de l’Enseignement supérieur et mis en place, l’année dernière, le bachelor en formation initiale. La promotion comptait 150 étudiants, auxquels se sont joints 100 étudiants cette année. Toutes promotions confondues, ils sont aujourd’hui 400.

Les étudiants nous choisissent parce que les accréditations internationales sont un gage de qualité

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Est-il pertinent en Afrique d’être reconnu par les organismes internationaux d’accréditation ?

Absolument. Les étudiants nous choisissent parce que les accréditations internationales sont un gage de qualité. Elles parlent d’elles-mêmes, bien qu’elles ne soient pas encore bien identifiées par les Marocains. Et si la tendance n’est pas encore confirmée au Maroc, la récente création d’une accréditation nationale incitera les écoles à obtenir ensuite des accréditations internationales.

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Certaines écoles au Maroc ne s’y intéressent pas car les critères à remplir donnent trop d’importance à la recherche fondamentale…

Une école de commerce ne se résume pas à la formation. Elle doit aussi se consacrer à la recherche. On forme des étudiants pour les métiers d’aujourd’hui mais aussi pour l’avenir. Et tous les métiers d’avenir naissent dans les laboratoires de recherche. De plus, un enseignant-chercheur est au fait des nouveautés. Et les premiers bénéficiaires de ses recherches sont ses étudiants.

Les non-Marocains représentent entre 15 % et 20 % des étudiants, et ils sont en majorité subsahariens

Comment attirez-vous les talents de l’Afrique subsaharienne ?

Nous développons des conventions avec des écoles, par exemple avec l’université internationale de Grand-Bassam, en Côte d’Ivoire. Parallèlement, nous avons nos propres mécanismes de promotion sur place pour attirer des étudiants. Les non-Marocains représentent entre 15 % et 20 % d’entre eux, et ils sont en majorité subsahariens. C’était l’un de nos objectifs. Notre marketing sera plus agressif dans les deux ans.

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Le Maroc a tardé à prendre au sérieux le potentiel de l’Afrique subsaharienne en matière de talents. Comment l’expliquez-vous ?

En réintégrant l’UA, le Maroc a réaffirmé ses ambitions de travailler avec le continent. Le royaume y investit beaucoup, notamment en Côte d’Ivoire. Notre image a été redorée, et nous recevons de plus en plus d’étudiants ivoiriens.

Les entreprises participent à l’enseignement, accueillent des stagiaires et viennent présenter leurs activités et leurs métiers au cours d’un forum

Comment travaillez-vous avec les entreprises ?

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Nos accréditations internationales nous obligent à travailler avec les entreprises. Elles nous aident à concevoir nos programmes au travers de comités de perfectionnement académique. Pour chaque programme existe un comité, composé en partie d’entreprises. Ces dernières participent à l’enseignement, accueillent des stagiaires et viennent présenter leurs activités et leurs métiers au cours d’un forum des entreprises.

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Vous avez mis en place un master en ressources humaines avec le cabinet Diorh. Comment cette fonction est-elle perçue par vos étudiants ?

Le métier des RH est en plein développement au Maroc. Il se restreint généralement à la gestion sociale et à la paie. Nous voulons créer une rupture vis-à-vis de cette conception en favorisant plutôt l’aspect développement des compétences. Nous sommes donc associés à ce cabinet historiquement leader au Maroc. Les étudiants de notre première promotion apprécient cette collaboration avec des professionnels.

Au sein de l’université Al-Akhawayn, nous avons fait la première accréditation d’assurance qualité avec le Pnud

Vous avez travaillé dix ans à l’université Al-Akhawayn. Que vous a apporté cette expérience ?

L’université Al-­Akhawayn est très intéressante du point de vue de sa culture maroco-américaine anglophone et de sa structure d’une grande souplesse. J’y ai mené les projets d’accréditations internationales. Nous avons fait la première accréditation d’assurance qualité avec le Pnud. J’ai aussi mené l’accréditation Epas de l’European Foundation for Management Deve­lopment (EFMD) pour le bachelor, qui fut le premier accrédité en Afrique. Tout cela m’a permis d’être formé dans la gestion des processus d’accréditations internationales, mais aussi en gestion, management et promotion ­académique.

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