Afrique du Sud : Cyril Ramaphosa, le caméléon

Même divisé, l’ANC devrait remporter aisément les élections générales du 8 mai. Essentiellement grâce à Cyril Ramaphosa, un leader aussi doué qu’insaisissable.

Ramaphosa, le 23 juin 2017, à Johannesburg. © Moeletsi Mabe/Sunday Times/Gallo Images/Getty Images

Ramaphosa, le 23 juin 2017, à Johannesburg. © Moeletsi Mabe/Sunday Times/Gallo Images/Getty Images

Publié le 21 avril 2019 Lecture : 11 minutes.

Dans le township d’Alexandra, en Afrique du Sud, en 2013. © Markus Schreiber/AP/SIPA
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Afrique du Sud : l’héritage de Nelson Mandela, 25 ans après

Un quart de siècle après l’accession au pouvoir de Nelson Mandela, le 27 avril 1994, au terme des premières élections libres post-apartheid, l’Afrique du Sud présente un visage contrasté. À la veille des élections générales de 2019, dans lesquelles l’ANC part grand favori, le pays traverse une crise économique et les inégalités sociales se creusent. Les élites politiques et économiques, gangrenées par les affaires de corruption, sont au centre des critiques.

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Pendant quatre-vingt-dix minutes, le 7 février, Cyril Ramaphosa s’est adressé au Parlement. Costume anthracite et cravate grise, jouant à la perfection son rôle de « PDG de l’Afrique du Sud », le président a prononcé son discours sur l’état de la nation, largement consacré cette année à la relance de l’économie et à la lutte contre la corruption. L’Afrique du Sud, a-t-il assuré, est « sur la voie de la croissance et du renouveau ».

« C’était du 100 % Ramaphosa, a par la suite résumé un ancien cadre du Congrès national africain (ANC, au pouvoir). C’était réfléchi et bien fait. Tout le monde pouvait y trouver son compte. Mais peut-il tenir ses promesses ? Sa maison est divisée. Les voleurs ne sont pas en prison. La croissance stagne, et des emplois sont détruits. » Les applaudissements nourris qui ont salué la fin de son discours, alors que la gauche radicale lui avait promis l’esclandre ? « C’est parce que nous voulons tous croire en lui ! »

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De fait, Cyril Ramaphosa paraît avoir réussi à enrayer le déclin de l’ANC. Le parti a beau être éclaboussé par des scandales (le dernier en date touche son secrétaire général, Ace Magashule, accusé de corruption dans un livre au titre évocateur, Gangster State), les sondages lui prédisent encore une large victoire aux élections générales du 8 mai. Il faut dire que Cyril Ramaphosa n’a pas ménagé sa peine, sautant de tribunes en réunions pour convaincre les électeurs d’accorder une nouvelle fois leur confiance à l’ANC, vingt-cinq ans après sa victoire aux premières élections libres d’Afrique du Sud. Nul doute que diriger le parti dans le contexte actuel requiert des compétences extraordinaires et que le chef de l’État en possède de nombreuses. Depuis des mois, il négocie, organise, tempère, donne des gages et promet à tour bras. Mais beaucoup de ceux qui ont travaillé étroitement avec Cyril Ramaphosa admettent ne pas le connaître réellement.

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