Bionoor, précurseur du bio halal

À 27 ans, Hadj Khelil a quitté la City de Londres pour cultiver des dattes dans le sud algérien, avant de se lancer en pionnier dans la production de viande halal bio. Une dernière activité aujourd’hui menacée par une décision de justice en France.

Hadj Khelil sur un site de production de dattes fraîches biologiques, en Algérie, dans le désert du Sahara. © Raphael Demaret/REA

Hadj Khelil sur un site de production de dattes fraîches biologiques, en Algérie, dans le désert du Sahara. © Raphael Demaret/REA

Publié le 1 octobre 2019 Lecture : 2 minutes.

« On a quand même introduit l’agriculture biologique en Algérie ! » Hadj Khelil, le fondateur de Bionoor, n’est pas peu fier du chemin parcouru. Issu d’une « vieille famille saharienne », le jeune cadre dynamique français « bon en maths, qui bosse quinze heures par jour » vit une crise existentielle à 27 ans et décide de plaquer son boulot prestigieux de la City, à Londres, pour venir « planter des arbres dans le désert ».

« J’ai ressenti le besoin de rentrer au bled, à Ouargla, en Algérie, d’où est originaire ma famille », et où il y a depuis toujours une petite exploitation de dattes. « J’ai décidé d’appliquer au business de mes parents et de mes grands-parents ce que j’ai appris en école de commerce. Et de passer l’exploitation en bio », se souvient-il.

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Débuts difficiles

Les débuts ne sont pas très convaincants. Il se remémore avec horreur ses premiers temps sur l’exploitation, en short et chemisette, un peu touriste, pas très crédible… Pas grand monde d’ailleurs ne croit à son idée. « En 2002, le bio, c’est encore une histoire de fumeurs de pétards ! » glisse-t-il, gouailleur. Pas facile non plus de faire venir les organismes de certification dans un pays qui sort tout juste des années noires de la guerre civile…

Avec nos dattes, on était les bons élèves du bio, mais dès qu’on s’est intéressés au halal on a été vus comme des collaborateurs nazis !

S’il finit par décrocher son label AB, il n’est pas au bout de ses peines. La première année, Bionoor enchaîne les catastrophes. Une partie de la récolte est détruite à cause d’un emballage défectueux. Depuis, ses dattes sont vendues à Monoprix, au Bon Marché, mais aussi à Carrefour ou à Leader Price.

Il commence à réfléchir à la question du bio halal en 2009. Mais la démarche n’est pas bien perçue par tout le monde. « Avec nos dattes, on était les bons élèves du bio, mais dès qu’on s’est intéressés au halal on a été vus comme des collaborateurs nazis ! » raconte-t-il avec amertume. Lui défend le halal bio comme un « devoir ». « Ne pas manger bio, c’est prendre un énorme risque. Donner de la viande halal et bio aux musulmans, c’était un devoir républicain », insiste-t-il.

Coup de massue

Après un an et demi de bataille avec les avocats d’Ecocert, le label de certification AB en France, les premières viandes bio et halal sont commercialisées en octobre 2012. Bionoor est alors précurseur. Si le business commence très doucement, sept ans plus tard il contribue à 75 % au chiffre d’affaires de Bionoor.

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La décision de justice de la cour d’appel de Versailles d’interdire à la viande halal le label bio arrive comme un coup de massue sur l’entreprise Bionoor. Hadj Khelil est catégorique : « Ils nous ont assassinés, c’est clairement la fin du bio halal. »

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