Alexandre Kateb : « Revoir la gouvernance du monde arabe est essentiel pour sortir de la rente »

Et si le diagnostic des institutions internationales sur le Maghreb et le Machrek était erroné ? C’est la thèse de ce spécialiste de la finance qui a conseillé divers gouvernements.

Alexandre Kateb, consultant et auteur des « Economies arabes en Mouvement », à Paris, le 7 novembre. © Damien Grenon pour JA

Alexandre Kateb, consultant et auteur des « Economies arabes en Mouvement », à Paris, le 7 novembre. © Damien Grenon pour JA

neila_latrous

Publié le 29 novembre 2019 Lecture : 9 minutes.

Alexandre Kateb est consultant, auteur des Économies arabes en mouvement.

Jeune Afrique : Votre livre détonne par son optimisme. Il sonne presque comme un plaidoyer en faveur des ­économies arabes…

Alexandre Kateb : Le discours alarmiste prévaut pour la région. Et les thèses négatives, systématiquement relayées, finissent par s’imposer comme des dogmes. Elles ne décrivent pas ce que je constate. Dans mon livre, je fais preuve d’un optimisme raisonnable. La région est en train de se transformer, un certain nombre de signaux l’indiquent, pas suffisamment mis en évidence.

Ce qui manque au monde arabe, ce sont des catalyseurs pour accélérer cette transition. Mon essai, davantage qu’un plaidoyer, s’attache à émettre des recommandations pour accélérer le changement, en s’appuyant sur des leviers démographiques, sociaux, écologiques et technologiques.

Vous tordez le cou aux idées reçues, dont celle des lourdeurs institutionnelles qui étoufferaient la croissance.

Ce point passe souvent inaperçu dans les analyses sur la région. Qui a diagnostiqué ces rigidités comme le problème central des économies arabes ? Les instances internationales. La question fondamentale, c’est celle des politiques néolibérales recommandées par la Banque mondiale et le FMI, et les plans d’ajustements structurels (PAS) mis en place dans les années 1980 pour surmonter ces contraintes. Tout l’effort de réforme a été centré là-dessus, selon le présupposé qu’il faut démanteler le public pour faire croître le privé. Un diagnostic erroné !

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Le modèle libéral a depuis montré ses limites. Je prends l’exemple de la Chine, du Vietnam et d’autres économies postcommunistes dominées par l’État, avec des structures bureaucratiques très lourdes, et des taux de croissance exceptionnels. Je reste convaincu qu’il faut avoir un État fort pour avoir un privé fort.

Bien s’informer, mieux décider

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